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Notes d'Itinérances
17 mars 2017

Grèce antique (10/18). A Nauplie, de retour de Troie.

Touristes à Nauplie – De la restauration

 

 

« De tous ces abris, Nauplie continue d’être le plus profond, le plus pittoresque après avoir été le plus disputé par tous les conquérants venus d’Orient ou d’Occident » [1].

 

Il pleut sur Nauplie. Sur la petite place Latrou, la statue dédiée au Général Favier et aux Français tombés pendant la guerre d’Indépendance est submergée par les automobiles. Il fait froid et nous nous précipitons dans un café d’où l’on puisse admirer le golfe d’Argolide en prenant un thé et une pâtisserie. Dans la rade, la citadelle vénitienne de l’îlot Bourzi, aux tours massives, apparaît lointaine sous la pluie. Elle fut aussi prison puis hôtel !

 

Le lendemain, le port est encombré des vaisseaux de la flotte victorieuse des Grecs de retour de l’expédition de Troie. Ou du moins ce qui en reste, car sur les deux mille vaisseaux qui avaient pu être armés, il y a plus de dix ans maintenant, la plus grande partie de l’escadre, repartie dès la chute de Troie, avant Agamemnon, avait disparu sur les récifs de l’île d’Eubée, une autre partie commandée par Ménélas s’était dirigée sur l’Egypte, Ulysse enfin, avait été séparé de la flotte du Roi des Rois par une tempête.

 

Nous ne croiserons pas Agamemnon, descendu à quai ce matin et qui doit maintenant cheminer avec son escorte dans la plaine couverte d’oliviers et d’orangers qui entoure Nauplie. Peut-être s’arrêtera-t-il au pied des murailles de Tirynthe, à l’hôtel Amalia où il devrait y avoir de la place pour le loger avec toute son escorte. Hier, l’immense hôtel était presque vide et seules quelques tables étaient occupées dans la grande nef du restaurant, un autocar de retraités français, un vieux couple d’anglais et deux familles hollandaises avec leurs enfants.

 

Aujourd’hui, il fait beau et soldats et marins de l’escadre se répandent dans la petite cité. Ils s’étonnent des mosquées de la place Syntagma. Leur comportement n’est pas marqué par l’exaltation de la victoire, mais il souligne plutôt un sentiment mêlé, celui du soulagement que la guerre soit enfin terminée, du plaisir de retourner chez soi, mais aussi de la crainte de trouver son foyer occupé. Plutôt que de parader, gonflé de suffisance, c’est aussi à cela que devrait penser le Roi des Rois en route pour Mycènes. Sait-il ce qu’il va y trouver ?

 

Par petits groupes soldats et marins déchiffrent laborieusement les menus des restaurants des ruelles de la vieille ville ou du bord de mer.

 

 « Tarama, moussaka, dolmas... Il manque plus qu’un morceau de Theodorakis, ou une musique de Perigal sur des paroles de Seféris... » [2].

 

Quand ils se décideront, ils se verront très certainement proposer, en entrée, l'inévitable salade grecque, sans salade verte mais avec tomates, concombres, poivrons verts, oignons, olive, câpres et feta (Salata choriatiki), ou du caviar d’aubergine (melitzanosalata), ou encore une tranche de fromage de brebis à pâte dure poêlée et arrosée de citron (dolmadakia), ou enfin des feuilles de vigne farcies au riz servies avec du yaourt ou de fromage blanc (dolmadakia). En plat principal, ils auront le choix entre une friture de sardines étêtées et vidées (sardèlés), éventuellement cuites avec des tranches de tomates, des oignons et du citron (sardélès plaki), ou de la petite friture d’éperlans (atherina), des tomates et poivrons verts farcis au riz et aux herbes cuits au four (yemista) et enfin les incontournables brochettes de viande de bœuf, de porc, ou de poulet grillé (souvlaki).

 

Riches des monnaies d’or, d’argent ou d’électrum, pillées lors du sac de Troie, soldats et marins hésitent entre restaurants, taverna, Mezedopolio et psistaria du port et de la ville. Bien évidemment, ce n’est pas nécessairement dans les restaurants les plus touristiques du bord de mer qu’ils auront le meilleur accueil et la meilleure chère ! Notre petite expérience pratique prouverait même le contraire. Peut-être, sur cette base assez mince, puis-je néanmoins leur conseiller par exemple la « Vassii Taverna » rue Staikopoulou, ou la « Kastro Karima Taverna » rue Papanikolaou ?

 


[1] Paul Morand. « Méditerranée, mer des surprises ». 1938.

[2] Manuel Vasquez Montalban. « Le Labyrinthe grec ». 1991

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