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Notes d'Itinérances
23 mars 2017

Grèce antique (13/18). Epidaure - Asclépios et son sanctuaire.

La vie mouvementée d’Asclépios – Un sanctuaire en reconstruction

 

 

Mais qui était cet Asclépios qui faisait accourir les foules vers son sanctuaire ? On l’aura compris, il était le dieu de la médecine, fils de la mortelle Coronis, elle-même fille du roi Phlégias de Thessalie et d’Apollon quand même ! Cette branche prestigieuse de sa lignée ne fut pas pour autant une chance pour l’enfant. En effet sa mère, enceinte des œuvres d’Apollon, s’éprit d’un autre mortel ! Apollon, bien que fort peu fidèle lui-même ne le supporta pas ; soupe au lait et vindicatif, sa colère se déchaina quand il l’apprit, non seulement sur le messager qui lui avait transmis la nouvelle [1] mais aussi sur Coronis et son amant qu’il fit assassiner par sa sœur jumelle Artémis.

 

Est-ce par repentance d’avoir commandité le meurtre ? Toujours est-il qu’Apollon recueillit l’enfant dans le sein de sa mère et, ne souhaitant manifestement pas s’encombrer d’un marmot à éduquer, langer et biberonner, il le confia au centaure Chiron. A première vue, c’était un choix étrange de la part d’Apollon, un centaure ! Une créature mi-homme, mi-cheval, était-elle la plus à même de s’occuper d’un enfant ? Quelle drôle d’idée l’enfant allait-il avoir de l’humanité à la vue de celui qui s’occupait de lui ? Mais, au sein de l’Olympe, Chiron était une nounou expérimentée et même agréée ayant également éduqué Achille et Héraclès ! Et puis, par son histoire particulière, peut-être, il avait une grande réputation de sagesse. Cronos, son père, avait trompé son épouse Rhéa avec la nymphe Philyra. Surpris par Rhéa, Cronos sauta du lit et partit au galop sous la forme d’un cheval. Philyra s’enfuit elle-aussi et donna naissance à un être monstrueux, Chiron.

 

Chiron reçut d’Artémis et d’Apollon l’enseignement de la chasse, la médecine, la musique et la divination. Il enseigna ses connaissances au petit Asclépios qui très vite surpassa le maître, tellement bien qu’il savait même ressusciter les morts faisant revenir à la vie Hyppolite, le fils de Thésée voire, selon certaines sources, beaucoup d’autres. Faute professionnelle gravissime pour un médecin ! Echaudé par l’exemple de Sisyphe qui, ayant enchaîné le génie de la mort Thanatos, avait arrêté la mort sur terre et entraîné un bazar économique impossible, Zeus fit une grosse colère et foudroya l’imprudent. En termes de gestion des ressources divines c’était un peu brutal et pas très consensuel dans la conduite du projet olympien ce qui déplut fortement à certains associés, notamment Apollon pour ne pas le nommer. La crise menaçait le projet d’entreprise, aussi Zeus se résolut-il à rechercher une base de compromis en faisant accéder Asclépios à l’Olympe sous la forme d’un serpent. Asclépios divinisé, guérisseur des maladies des hommes et soulageant leurs souffrances, est dès lors devenu l’objet d’un culte développé dans toute la Grèce antique au sein de multiples sanctuaires, notamment Trekna en Thessalie, Pergame en Asie Mineure, et bien sûr Epidaure, lieu de sa naissance.

 

Du fait de son intense activité, le sanctuaire d’Epidaure comprenait de nombreux bâtiments, le théâtre bien sûr, mais aussi une hôtellerie, un gymnase, un stade, des bains, des thermes, un portique d'incubation où les malades attendaient leur guérison et des temples, d’Asclépios, d’Apollon, d’Artémis, d’Aphrodite. Le sanctuaire est pillé en 267 par les Hérules, en 395 par les Goths, et détruit systématiquement à la fin du IVe siècle, par l'empereur romain Théodose, par suite de la persistance du culte d'Asclépios face à la nouvelle religion, le christianisme. Au XIXe siècle, à l’exception du théâtre, le site est un champ de ruines ! Dégagés progressivement, quelques éléments sont remontés comme l’angle du portique de Cotys, des gradins du stade ou le Tholos en incluant les pierres anciennes dans la nouvelle structure, avec d’ailleurs très peu d’éléments anciens ! Dans le musée, des photographies permettent de suivre la restauration du Tholos, un temple rond. En 1900, les ruines sont dégagées faisant apparaître le labyrinthe inclus dans ses fondations ; en 1960, le sol du temple est reconstitué masquant le labyrinthe ; en 2016 cinq colonnes extérieures et deux intérieures sont remontées. A cette allure, le temple sera entièrement remonté dans deux siècles ! Mais l’objectif n’est pas là, il est plutôt de donner à voir au public les volumes des monuments, leurs éléments architecturaux, leurs décorations.

 

« L’objectif à long terme est d’offrir au public un ensemble de monuments lisibles et compréhensibles qui révèlera le fonctionnement du sanctuaire lors des temps anciens » [2].

 


[1] Le messager était une corneille blanche. C’est depuis cette époque que les corneilles arborent une livrée de deuil.

[2] UNESCO. « Liste du patrimoine mondial – Sanctuaire d’Asclépios en Epidaure ».

 

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