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Notes d'Itinérances
29 mars 2018

Trevi Quirinal - Un quartier de perles baroques (14/17). L’église Santi Domenico e Sisto.

Une église dominicaine - Une histoire sinistre !

 

 

L’église Santi Domenico e Sisto a été construite à partir de 1569 à la demande du pape Pie V Ghislieri (1566 / 1572). Elle remplaçait une église plus ancienne, Santa Maria in Balneanapoli (Bains de Paul ?), datant du Xe ou du XIe siècle. La nouvelle église, établie sur un plan de Giacomo della Porta, ne sera achevée qu’un siècle plus tard, en 1663, plusieurs architectes s’étant évidemment succédés pour réaliser sa construction. Sa partie inférieure est assurée par Nicola Torriani et la partie supérieure soit par Torriani, soit par Vincenzo della Greca qui construit la façade de style baroque, elle-même commencée par Giovanni Battista Soria ! L'imposant escalier double, de 1654, est d’Orazio Torriani. La façade en travertin est séparée en trois niveaux horizontaux, un rez-de-chaussée aussi haut que large, séparé du second niveau, rectangulaire, par une corniche, un fronton enfin surmonté de pots à feu. Verticalement, trois parties également séparées par des pilastres doubles d’ordre corinthien. Au centre, une porte encadrée de colonnes, surmontée d’un fronton courbe brisé dans lequel s’insère une niche ovale abritant le buste de la Vierge. De chaque côté, des niches dans lesquelles des statues de Maderno représentent l’une saint-Thomas-d‘Aquin, l’autre saint-Pierre-de-Vérone. Au second niveau, une fenêtre en arc à plein cintre, avec une balustrade à colonnettes et surmontée d’un fronton triangulaire, encadrée également de statues dans des niches, saint-Dominique et saint-Sixte II. Ajoutez des guirlandes de fleurs, des cartouches, des volutes… L’ensemble ne manque pas d’être agréable. 

 

L’intérieur est remarquable par la hauteur de sa voûte alors que la nef est très étroite. Elle comprend trois arches aveugles de chaque côté abritant autant de chapelles latérales. Les arcs sont séparés par des doubles pilastres corinthiens de marbre rouge et blanc, coiffés de chapiteaux dorés. La fresque du plafond représente « L’apothéose de saint Dominique », et a été peinte en 1674 par Domenico Maria Canuti (1625 / 1684), le cadrage en trompe-l’œil de la fresque a été réalisé par Enrico Haffner (1640 / 1702). Le Bernin a conçu (mais où n’est-il pas intervenu dans les églises de Rome ?) le maître-autel. La première chapelle en entrant, à droite (côté Sud), a également été conçue par Le Bernin mais c’est Antonio Raggi, un de ses élèves, qui a réalisé la sculpture entre 1649 et 1652. Elle se nomme « Noli me tangere » (« Ne me touche pas »), en référence au moment où Jésus, après la résurrection dans le jardin de Gethsémani, rencontre Marie Madeleine [1]. La toile de fond représente une tombe vide dans un jardin.

 

La commande aurait été faite par Sœur Maria Eleonora Alaleona [2] comme un acte de pénitence pour expier un comportement d'un des proches de la famille (ou elle-même) : une religieuse aurait essayé de faire introduire son amant dans le couvent ! Les faits remonteraient à 1635. Une jeune fille de la famille Alaleona aurait été obligée d’entrer au monastère dominicain de Santa Croce à Montecitorio par ses parents. Comme la jeune fille ne désirait pas prendre le voile, elle aurait demandé à son amoureux de s’introduire dans le couvent pour venir la délivrer. Les deux amants auraient ensuite effectué une « fuga d’amore », pour obliger leurs parents à les marier. Le jeune homme aurait imaginé de s’introduire dans le monastère dans une caisse de café, d’autres chroniques suggérant que ce serait dans un cercueil neuf livré au couvent. Mais le transfert se serait mal passé, la caisse (ou le cercueil) aurait été bloquée et serait restée trop longtemps dans un magasin et l’amant serait mort étouffé. C’était un terrible discrédit pour la famille de la jeune fille et celle-ci se devait de racheter cette faute par un don important. La donation aurait été de 3000 écus romains. Quant à la jeune fille, pour avoir violé les règles de la congrégation, elle aurait été emmurée dans sa cellule avec juste une ouverture pour lui passer les aliments. En 1640, elle aurait été accueillie dans le couvent de Sancti Domenico et Sisto. 

 


[1] Évangile selon Saint-Jean, 20,17.

[2] Les sources sont parfois légèrement différentes. Voir :

Mauro Fioravanti. « La monaca di Roma ». In « Fiamme d’oro – Organo d’informazione dell’associazione nazionale della polizia di stato ». N° 2, mars, avril, mai 2009. 

Alex Gerondino. « San Domenico et la monaca Eleonora ». Roma City Rumors. 16 mai 2018.

L’histoire aurait été racontée par Giacinto Gigli (1594 / 1671) dans ses mémoires connues comme « Le Journal romain ».

 

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