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Notes d'Itinérances
19 janvier 2019

Iran - Histoire et architecture (9/19). Les Mongols et les Ilkhânides (1221 / 1355) - La Mosquée du vendredi (Yazd).

Epoque sanguinaire et explosion de la couleur dans la décoration

 

 

Les tribus turco-mongoles, originaires de Sibérie, se réunirent sous Gengis Khan au XIIIe siècle. Ses successeurs bâtirent l'un des plus grands empires ayant jamais existé, s’étendant de la Chine, au Moyen et au Proche-Orient et à la Russie. 

 

La conquête mongole de la Perse a débuté en 1219 et s’est prolongée jusqu’en 1221. Quarante ans après la prise de la Perse par Gengis Khân et ses fils, Houlagou Khân, petit-fils de Gengis Khân et frère de Kubilai Khân, entre en Iran en 1255 et fonde la dynastie des Ilkhânides au XIVe siècle [1]. 

 

La période mongole évoque encore aujourd’hui les destructions et les génocides commis par les hordes mongoles. 

 

« La Perse est une grandissime province laquelle anciennement fut très noble et de hauts faits, mais à présent les Tartares en ont détruit et dévasté la plupart et elle est bien plus petite que jadis » [2].

 

Néanmoins, après la période sanguinaire de la conquête, Ghâzân Khân (1271 / 1304), septième souverain de la lignée ilkhânide, fut intronisé à Tabriz, en 1295. Après s’être officiellement converti à l’islam, il se fit appeler Mahmoud et il convertit également tous les soldats et commandants de son armée à cette religion, ce qui aboutit à l’établissement d’une relation de confiance entre le peuple iranien et les Khâns mongols [3].

 

L’avènement de la dynastie ilkhânide a permis de retrouver une période de stabilité politique, la constitution d’un gouvernement central, qui ont favorisé le développement du commerce, l’érection d’écoles et de des centres scientifiques, dans une grande tolérance religieuse. Enfin, les Ilkhânides assurèrent la restauration des édifices détruits lors de la conquête mongole mais aussi la construction de nouveaux monuments.

 

Au cours de la période seldjoukide, les décorations murales étaient encore essentiellement composées par la disposition géométrique des briques. Progressivement, ces décorations murales de briques ont incorporé, ponctuellement, des céramiques turquoise ainsi que des décors de stuc sculpté et peint. Au XIe siècle, les potiers iraniens utilisent une pâte enrichie en silice qui a la propriété de devenir très dure à la cuisson ; au XIIe ils développent la technique du « lustre métallique » grâce à des composés d’oxydes de cuivre et d’argent. Ces techniques, outre qu’elles assurent la réalisation de pièces fines de poterie, permettent également d’obtenir des carreaux de céramiques de couleurs, résistants, aux reflets chatoyants. A l’époque mongole, les céramiques sont désormais utilisées dans l’architecture avec une palette de couleurs plus large, bleu, blanc, noir et jaune, et vont progressivement occuper des espaces de plus en plus important dans les monuments et les mosquées. Dans le dessin, les Mongols apportèrent des influences chinoises lesquelles firent évoluer les décors qui deviennent moins géométriques, moins angulaires, plus souples, plus réalistes, avec l’introduction des motifs de fleurs de lotus, de phénix, de dragons. La mosaïque de céramique est une technique née sous les Ilkhânides, longue et coûteuse, elle consiste à découper dans des carreaux de céramique colorée des motifs et à les assembler entre eux pour effectuer des décorations géométriques ou florales.

 

L’Iran Ilkhânide utilisera le plan-type de la mosquée seldjoukide à quatre iwans et salle de prière sous coupole. Toutefois, les mosquées mongoles se caractérisent par une tendance plus affirmée à la verticalité. D’une part, elles sont dotées de très grands dômes à double coupole (la coupole extérieure pouvant être beaucoup plus haute que la coupole intérieure), d’autre part, l’Iwan servant de portail à la mosquée est surmonté par deux minarets hauts et fins comme c’est le cas pour la mosquée du Vendredi à Yazd (1325 / 1334). Enfin, les murs des mosquées sont ornés de briques glacées ou de céramiques bleues à motifs floraux ainsi que par des inscriptions en écriture coufique [4].

 


[1] Afsaneh Pourmazaheri. « La conquête mongole en Perse, ses causes et ses conséquences ». La Revue de Téhéran. N°99. Février 2014.

[2] Marco Polo. « Le devisement du monde ». 1298 ?

[3] Hamideh Haghighatmanesh. « La dynastie ilkhanide en Iran : une renaissance après les invasions mongoles ? ». La Revue de Téhéran. N° 100. Mars 2014.

[4] Yâsaman Borhani. « Aperçu sur les développements architecturaux des mosquées en Iran ». La Revue de Téhéran. N° 137, avril 2017.

 

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