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Notes d'Itinérances
14 avril 2019

Campo Marzio / Pincio : Vue plongeante sur Rome (6/9). Les jardins de la Villa Médicis.

Un jardin de la Renaissance italienne - Le carré des Niobide

 

Rome Campo Marzio Pincio Villa Medicis 4

Sur les hauteurs du Pincio, le cardinal Giovanni Ricci da Montepulciano acquiert un terrain en 1564. Les architectes Nanni di Baccio Bigio et Annibale Lippi, construisent une villa sur le terrain entre 1564 et 1576. Après la mort du cardinal, la villa est rachetée par un autre cardinal, Ferdinand de Médicis, dans l’intention d’y installer sa collection d’art et d’antiquités. L’architecte Bartolomeo Ammannati complète la villa par une loggia et un grand salon. Un jardin est créé après avoir arasé le sommet de la colline, comblé les parties basses et érigé de hauts murs tout autour.

A Rome, c’est certainement le seul jardin de la Renaissance qui n’a pas subi de transformation profonde dans sa structure comme dans sa destination. S’il a conservé sa composition générale, il est toujours consacré aux mêmes objectifs grâce à l’installation de l’Académie de France dans les locaux de la villa en 1806 : accueil d’artistes, production artistique et échanges culturels [1]. Si Balthus, directeur de la Villa Médicis de 1961 à 1977, s’est efforcé de restaurer le jardin tel qu’il était au temps de Ferdinand de Médicis, il a néanmoins conservé les grands pins parasols, plantés par Ingres, lesquels font aussi sa renommée [2].

Par sa composition, lieu clos mais ouvert sur l’horizon, géométrique, aux essences persistantes, le jardin rend compte des idéaux de la Renaissance italienne. Il est composé de trois parties, le piazzale, les carrés et le bosco. 

Le piazzale est une grande surface dégagée pour mettre en valeur la façade orientale de la villa et accueillir les invités. Il est lui-même composé de deux parties, une cour ornée en son centre d’une fontaine, puis deux séries de trois parterres engazonnés (autrefois fleuris), aux coins coupés, séparés par des allées ornées d’une haie basse. Dans l’alignement de la fontaine est érigé un obélisque égyptien, de granite rouge, qui ornait le temple d’Isis sur le Champ de Mars [3].

Les carrés, ou « quadri », sont situés au nord-ouest. Ils sont composés d’allées qui se coupent à angle droit, bordées de haies hautes (2 mètres environ) qui délimitent 16 rectangles égaux, occupés par des arbres fruitiers, le tout agrémenté de bustes, d’hermès et d’antiques [4]. Au fond du parc, dans un des carrés, Balthus, directeur de la Villa Médicis de 1961 à 1977, a rassemblé et disposé des copies des statues antiques des Niobides comme l’avait fait Ferdinand de Médicis en son temps. Selon la mythologie grecque, les douze enfants de Niobé, furent massacrés par Apollon et Artémis afin de punir Niobé d’avoir offensé leur mère, Léto, en se vantant auprès d’elle de sa fécondité alors que Léto n’avait que deux enfants. Les jeunes enfants et adolescents sont groupés autour de leur mère dans des geste exprimant, la peur, le refus et la défense. Cette composition peut apparaître étrange car les statues sont d’origines différentes et n’ont pas toutes la même taille, mais elles montrent les différentes attitudes face à une menace et celles-ci ont souvent servi de modèles aux artistes, sculpteurs ou peintres.

Le bosco, enfin, situé au sud-est, est arboré. Ferdinand de Médicis y a fait édifier une petite colline artificielle en ensevelissant les ruines du temple antique de la Fortune. 

« Tantôt interprété comme un Parnasse, tantôt comme un tombeau étrusque, cet édifice semble vouloir placer le nouveau propriétaire des lieux sous la protection d’Apollon ». 

Le bosco est un lieu destiné à la chasse aux oiseaux, et donc à l’expression de la force. Il est en opposition avec le piazzale et les carrés destinés au contraire à la sociabilité, à l’art, à la beauté. On raconte que, parfois, le fantôme de Messaline hante le bosco où elle fut assassinée ; des vols de lucioles seraient le manteau de lumière avec lequel Messaline entraînerait dans la mort ses amants !


[1] Krista Leuck. « Visite de la Villa Médicis – L’Académie de France à Rome ». Canal Académie. 31/05/2009.

[2] Visites guidées du lundi au dimanche (sauf le mardi) à horaires fixés selon les langues.

[3] A l'extinction de la lignée des Médicis, le grand-duc Pierre-Léopold de Habsbourg-Lorraine a fait transférer les œuvres d’art de la villa Médicis à Florence, ainsi que l’obélisque dans le jardin de Boboli. Balthus (1908 / 2001), a fait installer dans le jardin, en 1961, une copie en poudre de marbre et résine synthétique.

[4] Cécile Beuzelin. « Villa Médicis ». Programme de l’exposition « Villa Medici - Villa Aperta ». 2009. Et site de la Villa Médicis.

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Champ de Mars et Pincio

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