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Notes d'Itinérances
11 mai 2019

Chronique burkinabée - 1990 / 2005 (6/32). Hôtels de Ouagadougou.

Des situations les plus diverses…

 

 

« L’Indépendance », dans lequel descendent généralement les experts des missions d’étude ou commerciale, est l’hôtel le plus connu de la ville. Ce n’est pas le plus luxueux qui est le Sofitel « Silmandé », mais ce dernier est situé en périphérie et est plutôt utilisé par les touristes ou les experts de la Banque mondiale ! 

 

L’Indépendance est bâti au cœur du quartier des ministères, des ambassades, de la Présidence et de l’Assemblée des députés. C’est là que les coopérants étrangers et les experts internationaux se donnent rendez-vous ; c’est là que les épouses des mêmes coopérants et experts accompagnent leurs enfants à la piscine ; c’est là aussi que des prostituées de luxe recherchent leur client du soir. Mais le décor extérieur est trompeur, les chambres sont médiocres, petites, pas toujours très nettes, moquettes et peintures sont fatiguées, la salle de bain est sommaire comprenant une douche sans bac inondant toute la salle d’eau, ajoutez à cela une robinetterie particulièrement bruyante. 

 

Déjeunant un jour au restaurant de l’Indépendance avec un collègue, celui-ci est pris brutalement d’une crise de tétanie. Il lui faut s’étendre au plus vite et je lui propose donc d’aller dans ma chambre. Mais il n’a pas le temps de l’atteindre avant la crise et il s’allonge  au pied de l’escalier de l’hôtel en précisant qu’il ne faut pas s’inquiéter, la crise passera toute seule. Mais nous faisons néanmoins sensation tous les deux, lui couché sur le sol en plein milieu du passage et moi ne sachant que faire. L’infirmière de l’hôtel, alertée, vient se joindre à notre petit groupe, mais elle est aussi démunie que nous ! Pour faire quelque chose, je lui demande de prendre la tension de mon collègue, mais elle me répond l’air désolé : « Le stéthoscope, il est gâté ». S’il y a bien une infirmière dans l’hôtel, celle-ci n’a aucun matériel à sa disposition ! Heureusement, la crise est passée et mon collègue n’aura pas eu besoin d’une aide que l’infirmière ne pouvait pas lui apporter.

 

Le « Nazemse » [1] est l’illustration de la manière dont sont gérés les capitaux dans les pays en développement. A la fin des années 80, c’était un hôtel récent, « moderne », salle d’eau dans toutes les chambres, eau chaude et froide, climatisation, moquette. Il pouvait rivaliser par son confort avec « L’indépendance » même s’il ne bénéficiait pas du même environnement avec jardin et piscine. Mais, petit à petit, les chambres se sont dégradées, mal entretenues, mal nettoyées et pas réparées. Lors d’un précédent passage, les chambres étaient même assez déprimantes, moquette sale, appliques cassées, climatiseur bruyant et peu efficace, robinetterie dégradée la salle d’eau, alors que le propriétaire faisait construire une nouvelle aile et installait une piscine dans la cour en prévision du sommet franco-africain. A notre dernier passage, les nouvelles chambres sont impeccables, les anciennes n’ont pas changé, elles sont seulement un peu plus dégradées et donc un peu moins chères ! 

 

Au Nazemse, au début des années 90, d’accortes jeunes femmes venaient frapper à votre huis, le soir. Etonné, car n’imaginant pas qui pouvait venir le rencontrer à l’hôtel après le dîner, un collègue demanda : « Qui c’est ? ». Réponse d’une voix féminine : « C’est l’amour qui passe ». 

 

Le « Relax » est un hôtel récent, situé avenue Nelson Mandela, face à l’étonnante Maison du Peuple hérissée d’étranges puits de lumière en forme de hautes cheminées. Le hall et la salle à manger commencent à fatiguer, mais les chambres sont encore correctes. Comme dans les autres hôtels de Ouagadougou, il est tout à fait possible d’y négocier les prix si vous restez plusieurs jours ou si vous êtes plusieurs personnes. C’est « à la tête du client ». En janvier, j’avais obtenu une baisse de 10% au motif que nous étions quatre personnes pendant quinze jours ; en octobre, une collègue a obtenu 20% alors qu’ils n’étaient que trois pendant une durée de dix jours ! Ma collègue est, sans conteste, bien meilleure négociatrice que moi !

 

Le restaurant offre une carte alléchante, mais la plus grande partie des plats n’est jamais disponible, aussi faut-il se rabattre sur un nombre assez restreint de « spécialités » : brochette ou filet de capitaine ou de bœuf, omelette au fromage, au jambon ou aux champignons, avocat aux crevettes, salade de tomate, crème caramel, papaye ou mangue. On apprend rapidement à maîtriser toutes les ressources de la carte !

 


[1] En moré, « nazemsee » voudrait dire « ça va aller » !

 

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