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Notes d'Itinérances
4 juin 2019

Chronique burkinabée - 1990 / 2005 (18/32). Pouytenga et Koupéla.

 Un grand marché aux bestiaux - Entre deux maux, on ne peut même pas choisir le moindre

 

Burkina-Faso Pouytenga

 

Koupéla est une petite ville située à 140 kilomètres de Ouagadougou, dans la province du Centre-Est, sur la route de Niamey [1].

 

« Les Pères Blancs ont installé à Koupéla, chef-lieu du royaume de Ouagadougou, une mission catholique prospère et qui jouit auprès des indigènes d’une grande vénération » [2].

 

Près de Koupéla, Pouytenga abrite le plus grand marché au bétail du Burkina lequel se tient tous les trois jours. Aux yeux d’un observateur étranger, le marché est particulièrement pittoresque, les animaux sont stockés sur une immense surface plane, dégagée, poussiéreuse, dans ce qui apparait être le plus grand désordre, sans que l’on arrive à identifier comment s’effectuent les transactions, sans comprendre non plus comment se fixent les prix, ni comment circule l’information sur les achats, les ventes et les tarifs pratiqués. La majeure partie des animaux est ensuite exportée vers la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria. 

 

Le Guide du routard » décrit ainsi un des deux hôtels de Koupéla : « A 200 m du carrefour. Bar et resto. Prix raisonnables. Le choix du repas est limité » [3]. Pour le second hôtel, le guide comporte la mise en garde suivante « ...on a toutes les chances de se battre la nuit avec quelque beau spécimen de rat » ! L’hésitation entre les deux n’a donc pas duré longtemps. Mais nous ne sommes pas dans la même catégorie que « L’Indépendance » : les chambres sont installées dans des cabanons de parpaings, couverts d’un toit de tôle, sans carreaux aux fenêtres mais avec des persiennes en fer, sol et murs de ciments brut, petit coin douche en ciment, sommier de lattes de bois sur lequel est posé un matelas mousse. Seuls « luxes » : l’eau courante, l’électricité et un ventilateur. Les chambres sont disposées en « L » autour d’un boukarou où sont installées les tables du restaurant. Bref, cela ne m’enchante guère, mais nous n’avons qu’une nuit à y passer. Le dîner s’avère simple, viande plus riz mais, comme toujours dans le Sahel, avec de succulentes brochettes de bœuf. Nous allons faire quelques pas dans la rue principale de Koupéla, de rares lampadaires permettent de s’orienter à défaut d’éclairer le chemin. De chaque côté de la rue, des étals sont dressés, faits de bric et de broc, éclairés par des lampes tempêtes. On peut y acheter de modestes produits de ménage, savon, dentifrice, spirales anti-moustiques, ou un peu de quincaillerie, chaînes et cadenas notamment.

 

Au retour, à l’intérieur des chambres, la chaleur est torride ; les tôles du toit, exposées en plein soleil toute la journée, ont généreusement accumulé les calories dans la pièce. La tôle d’aluminium, c’est peut-être plus durable que les toits de chaume, plus efficace contre la pluie, mais ce n’est pas un très bon régulateur thermique ! Une seule solution, se doucher puis s’allonger encore mouillé dans l’axe du ventilateur, et recommencer dès que vous êtes sec. Problème : si côté face vous bénéficiez du courant d’air du ventilateur pour vous rafraîchir, côté pile, vous transpirez abondamment au contact du matelas de mousse. Ce problème est doublé d’un second : le restaurant est aussi une boîte de nuit et l’on a donc droit à une sono tonitruante. Soit il faut aller danser, soit il faut patienter jusqu’à la fermeture de la boite de nuit en faisant des aller et retour entre le lit et la douche. Miracle ! Peu avant minuit, la sono s’arrête, la boite de nuit ferme. Décidément les habitants de Koupéla sont gens très sages et bien raisonnables ! Mais quelques minutes plus tard, à minuit pile, c’est toute l’électricité qui est coupée. C’est que Koupéla est alimentée en électricité par une petite centrale thermique qui ne fonctionne pas en continu. Il n’y a plus de sono certes, mais plus de ventilateur non plus ! Et je ne sais plus ce qui est préférable du ventilateur avec la musique, ou du silence avec la chaleur !

 

Le lendemain, pas très frais, nous allons prendre un petit déjeuner au « Bar de l’Evêché ». Le bar de l’évêché est un comptoir de bois bancal, planté dans la poussière au bord de la route, couvert d’un toit de tôle et décoré de petits drapeaux de publicités de bière. Quelques tabourets permettent de s’asseoir devant le comptoir. Pas d’eau courante, mais un baquet dans lequel sont lavés tous les verres. Le café au lait, composé de Nescafé et de lait en boîte dilués dans de l’eau chaude, est servi dans un verre « Duralex » mais, luxe suprême, il est accompagné d’une baguette fraiche de pain blanc !

 


[1] En 2018, Pouytenga et Koupéla sont situées en limite des zones où se rendre est déconseillé par l’ambassade de France du fait de la situation sécuritaire dans le Sahel (2018).

[2] Ministère de la Guerre. « Manuel à l'usage des troupes employées outre-mer ». 1927.

[3] Le Guide du Routard. « Afrique noire ». 1989/90.

 

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