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Notes d'Itinérances
18 juin 2019

Chronique burkinabée - 1990 / 2005 (25/32). Retour à Ouaga.

Péripéties diverses de voyage

 

 

Retour sur Ouagadougou dans le taxi d’Athanase pour y prendre mon vol pour Paris. Athanase est venu à Bobo-Dioulasso avec son patron, propriétaire du taxi, pour accompagner un de nos collègues. Compte-tenu qu’ils ont dû rester deux nuits à Bobo-Dioulasso, le prix du voyage a encore grimpé : 90 000 CFA pour l’aller et le retour. 

 

A la sortie de la ville, un petit groupe composé d’une jeune femme et de deux adolescents fait signe aux voitures dans l’espoir que l’une d’entre elles les prenne en charge. Le patron du taxi s’arrête et me demande si cela me dérange s’il charge d’autres voyageurs dans la voiture me proposant, en échange, de m’installer à l’avant. Bon prince, j’accepte. Même si le dialogue entre le patron et la jeune femme s’effectue en moré, je comprends bien qu’ils négocient le prix du transport, « trois mille, trois mille » reviennent comme un leitmotiv au cours de la discussion. Le patron arrondit ses bénéfices avec ces trois mille francs supplémentaires. Finalement, les trois personnes s’entassent sur la banquette arrière, avec Athanase en sus, son patron gardant le volant comme de bien entendu. 

 

A mi-parcours, nous faisons la halte traditionnelle à Boromo avec son marché du bord de la route nationale 1. Outre les multiples petites vendeuses de galettes de sésame présentées dans un sachet de plastique, il y a là quelques étals où l’on peut casse-croûter, consommer de l’eau, du coca ou une bière.

 

Pendant qu’Athanase soulève le capot pour faire refroidir le moteur et que je vais prendre tranquillement, sous un auvent de tôle, une bière bien tiède pour me désaltérer, car la chaleur grimpe terriblement depuis deux jours. Je constate qu’une altercation éclate entre le patron du taxi et ses nouveaux passagers. J’observe les choses de loin en évitant soigneusement de jouer les « monsieur bons offices » ; cela ne servirait d'ailleurs à rien, les échanges verbaux très vifs s’effectuant en moré. Les passagers sont expulsés manu militari du véhicule et le coffre arrière ouvert pour qu'ils récupèrent leurs maigres bagages composés de sacs plastiques et de baluchons. Je retourne à la voiture et comprends qu’ils n’avaient pas pu payer les premiers 3 000 francs qu’ils devaient verser à mi-parcours. Le patron du taxi est Grosjean par-devant qui pensait faire une bonne affaire en améliorant ses gains avec des passagers supplémentaires. 

 

Je me réinstalle donc tout seul sur la banquette arrière. Pas pour longtemps d’ailleurs, quelques dizaines de kilomètres plus loin, le propriétaire du taxi trouve le moyen de charger un autre groupe de personnes et je repasse à l’avant. Cette fois, pour éviter toute contestation à l’avenir, il fait payer les passagers avant même de monter dans le véhicule.

 

Et le voyage reprend jusqu’à la crevaison d’un pneu arrière ! Arriverons-nous jamais à Ouagadougou ? Pendant que patron et chauffeur changent la roue, je vais me mettre à l’ombre d’un maigre arbuste sur les conseils avisés et bienveillants d’un des passagers. Il est midi, le soleil tape dur et la température monte, monte. Au moment de partir, plus moyen de faire démarrer le moteur ! Allons bon. Nous n’avons plus qu’à courir en poussant la Mercedes. Bien entendu je participe au sauvetage alors que, là encore, un des passagers me propose de rester assis pendant qu’ils vont pousser. Les Blancs, d’accord, c’est fragile sous le soleil africain mais, quand même, je tiens à montrer ma solidarité active avec les masses laborieuses burkinabées ! Heureusement, nous ne courons pas trop longtemps, car la mécanique daigne repartir après quelques hoquets. 

 

Il nous reste encore cent kilomètres à faire, sans roue de secours, et quasiment sans essence si j’en crois l’indicateur de niveau. A ma remarque, un peu inquiète, le patron m’assure que sa jauge est pessimiste. N’empêche, je suis soulagé quand nous entrons dans les faubourgs de Ouagadougou n’ayant pas très envie de pousser à nouveau le véhicule en panne d’essence sous le soleil ; c’est lourd une Mercedes. On me dépose à mon hôtel, je règle à toute vitesse la course, en laissant un pourboire, reprends mes bagages et me précipite au restaurant climatisé en commandant une petite bière bien fraîche cette fois-ci.

 

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