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Notes d'Itinérances
5 septembre 2019

Chine - Les surprises d'un touriste (3/25). A comme Autoroutes.

Des autoroutes aux normes internationales – Des projets ambitieux

 

 

Entre Shanghai et Canton, outre des déplacements en train, nous avons également fait quelques déplacements sur autoroutes. Sur ces autoroutes, hors grande conurbation urbaine (Shanghai, Canton), la circulation était plutôt fluide, beaucoup moins chargée qu’elle ne l’est généralement en Europe. Le réseau d’autoroutes semble neuf, bien entretenu, aux normes internationales : terre-plein central (souvent arboré), glissières de sécurité, bande d’arrêt d’urgence, longues voies d’insertion, signalisation bien visible, clôtures. Les bas-côtés sont entretenus, tondus, fleuris et arborés et les ponts sont décorés de jardinières systématiquement fleuries ! Si les aires de repos apparaissent plus rares qu’en France, elles sont très organisées : parkings arborés, station d’essence, restaurants et snacks, libre-service, dans des bâtiments qui apparaissent moins comme des hangars. L’ensemble est d’une propreté toute suisse bien que les automobilistes semblent avoir tendance à vider sur le parking le contenu de leurs restes de grignotages dans le véhicule. Ici, comme dans les villes, des personnels d’entretien présents partout, ramassent, balayent, astiquent, nettoient, taillent, arrosent.

 

Alors que la mise en service de la première autoroute date seulement de 30 ans (1988), ce sont aujourd’hui 150 000 km d’autoroutes qui sont en service en Chine [1], 8 000 km supplémentaires ont été ajoutés en 2017 et 5 000 le seront en 2018. Les autoroutes sont propriétés de l’Etat, mais 80% d’entre elles sont payantes quand elles sont généralement gratuites dans les grandes agglomérations. La Chine dispose donc du premier réseau au monde en termes de quantité linéaire de voies autoroutières.

 

La dernière grande réalisation dans ce domaine est l’inauguration, en octobre 2018, d’un autoroute entre Hong Kong et Macao lequel doit permettre d’intégrer deux régions administratives spéciales (Hong Kong et Macao) dans une gigantesque conurbation de plus de 75 millions d'habitants incluant neuf villes de la région du Guangdong, la plus dynamique des provinces chinoises, parmi lesquelles Canton et Shenzhen. L’infrastructure longue de 55 kilomètres est spectaculaire. Elle fait alterner un très long pont autoroutier serpentant au-dessus des eaux de l'estuaire de la Rivière des Perles avec un tunnel sous-marin pour assurer le passage des navires. Un autre projet est celui d’une autoroute sur le trajet de l’antique route de la soie. Les routes de la soie allaient de la Chine jusqu’à la Méditerranée en empruntant plusieurs corridors. Elles servaient au transfert des matières premières, des denrées alimentaires et des produits de luxe. Certaines zones jouissaient d’un monopole sur des matériaux ou marchandises spécifiques : notamment la Chine qui fournissait en soie l’Asie centrale et de l’Ouest et le monde méditerranéen. De nombreuses marchandises de grande valeur étaient transportées sur de très longues distances – par des bêtes de somme ou des embarcations fluviales – et, probablement, avec la collaboration d’une chaîne de marchands différents [2]. La nouvelle autoroute de la soie pourrait rejoindre l'Europe en passant par le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Iran et la Turquie. Côté chinois, on achève le Xinsilu, une quatre-voies de 5 000 km qui relie la Mer Jaune (Pékin) aux Monts Tian. En Chine, cette autoroute s’accompagne de la création de zones d’activités spéciales dans le centre et l’Ouest afin de réduire les inégalités entre ces régions jusqu’ici enclavées et la bande côtière qui s’est développée plus rapidement.

 

A l’étranger, la Chine construit une autoroute au Monténégro (165 km comportant 42 tunnels et 92 ponts et viaducs), mais elle participe aussi à la réalisation d’autoroutes au Sénégal (106 km), en Algérie d’Est en Ouest, et au Cameroun entre Douala et Kribi. Ces réalisations sont intégrées peu ou prou dans le vaste projet chinois « Une ceinture, une route » (One Belt, One Road) qui vise à développer les routes commerciales d’échange avec la Chine par voies ferrées, maritimes et routières grâce à des prêts consentis généreusement aux Etats par la Chine. Ce projet participe bien évidemment à développer la sphère d’influence chinoise dans le monde, à la fois par l’extension de son réseau commercial mais également par celui de son réseau financier. Les grands Etats occidentaux, mais également les commentateurs économiques, jouent généralement les Cassandre [3] sur ce sujet : mais, les Etats occidentaux ne pratiquent-ils pas ainsi depuis fort longtemps ?

 


[1] Europe : 80 000 km d’autoroutes dont les 3/5 sont payants.

[2] UNESCO. Liste du patrimoine mondial de l’Humanité. « Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Tian-shan (Chine, Kazakhstan, République kirghize) ». 2014.

[3] Cassandre était la fille de Priam, le roi de Troie. Elle avait reçu d'Apollon le don de prédire l'avenir... Un avenir parfois sombre !

 

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