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Notes d'Itinérances
13 septembre 2019

Chine - Les surprises d'un touriste (7/25). E comme Exotisme.

L’Europe c’est aussi terriblement exotique !

 

 

L’exotisme n’est plus ce qu’il était ! 

La curiosité pour ce qui est étranger a été fortement marquée par le goût des Européens pour les sociétés lointaines et les zones tropicales, au point que nous avons développé une vision très européo-centrée dans laquelle est devenu « exotique » tout ce qui ne relevait pas de notre société occidentale.

 

Un petit tour dans l’enclave des concessions européennes de l’île de Gulangyu (ou Kulangsu), dans l’estuaire du fleuve Chiu-lung, à proximité de Xiamen, nous rappelle fort justement combien nous pouvons nous même être terriblement exotiques aux yeux d’un Chinois et que, finalement, l’exotisme c’est toujours l’autre, le différent, quel qu’il soit !

 

Pour un Européen, déambuler dans les petites rues de l’île n’est pas particulièrement « exotique ». L’architecture des bâtiments ressemble à celle d’un beau quartier de la fin du XIXe siècle dans une ville de l’Europe du Nord, un temps où, en Occident, le style architectural était pompeux, imitant et mélangeant les styles des siècles antérieurs ou de différents pays avec beaucoup de surcharges et de lourdeurs ; bref, souvent plus crème Chantilly qu’imaginatif et novateur. Seulement voilà, à contrario, ce petit bout d’Europe en terre chinoise est particulièrement étrange pour les autochtones et, la dernière mode, le fin du fin, c’est pour les jeunes mariés de venir s’y faire tirer le portrait devant une église néo-gothique qui ressemble comme une sœur à celles de Nouvion-en-Thiérache ou de Saint-Marcel-les-Annonay ! C’est d’autant plus exotique pour les Chinois que, non seulement c’est un décor européen fin de siècle (le XIXe bien sûr) mais, en plus, un décor de petite ville bourgeoise, très provinciale, quand ils doivent vivre dans des villes immenses, tentaculaires, couvertes de hautes tours d’habitation entrelacées d’autoroutes. Le dépaysement est garanti !

 

A seulement six minutes en ferry du grand port de Xiamen, le centre économique et culturel de la région du Fujian, l’île Gulangyu a une superficie d'environ deux kilomètres carrés et abrite quelques milliers habitants. Dès le XVIIIe siècle, des marchands étrangers avaient été attirés par l’île, un fait attesté par l’existence de la tombe d’un marchand espagnol dénommé Manuel (1729 / 1759). Après la guerre de l’opium et le traité de Nankin de 1842, et avec l’ouverture de Xiamen comme port de commerce en 1843, Gulangyu devint un établissement administrativement indépendant relevant de la colonie britannique installée à Xiamen. Elle est devenue un établissement international en 1903 et un important lieu d’échanges entre la Chine et l’Europe.

 

 Ancienne concession internationale, l'île se distingue par ses treize consulats, ses églises, ses hôpitaux, ses écoles, ses commissariats de police et ses maisons, construits par les occidentaux, anglais, français, américains ou allemands, entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe. L'île a alors attiré des élites chinoises qui s’étaient enrichies outre-mer et qui, de retour dans leur patrie, s’y s’ont fait construire des résidences privées, mêlant à la fois les styles architecturaux d'Orient et d'Occident. Le patrimoine bâti illustre cette diversité de styles, notamment avec les styles traditionnel du Sud du Fujian, colonial à véranda, néo-classique ou Art déco. Le plus étonnant étant une fusion de ces différentes influences dans un style original dit « Amoy déco ». Aujourd’hui Gulangyu compte 931 bâtiments historiques de différents styles architecturaux internationaux et locaux, faisant de l'île une des concessions internationales les mieux préservées de Chine et c’est à ce titre qu’elle a été inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité en 2017 [1].

 

C’est peu dire que la visite de l’île est très appréciée des Chinois qui viennent en masse s’y promener, n’hésitant pas à faire longuement la queue pour prendre le ferry alors même qu’une gare portuaire moderne a été construite et que les bateaux se pressent pour accoster les uns derrière les autres. Mais, à la suite d’un rapport en 2017 sur le calcul de la capacité maximale d’accueil sur l’île afin d’éviter les menaces de dégradation du site, le nombre optimal de personnes sur l’île a été limité à 25 000 par jour tandis que le chiffre maximum absolu est de 50 000 [2].

 


[1] UNESCO. Liste du patrimoine mondial de l’Humanité. « Kulangsu, un établissement historique international ». 2017.

[2] Ce dernier chiffre comprenant les habitants et les personnes venant travailler sur l’île, le nombre maximum de visiteurs est donc limité à 35 000 par jour… ce qui fait malgré tout encore beaucoup de monde dans les petites rues de l’ancienne concession !

 

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