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Notes d'Itinérances
15 septembre 2019

Chine - Les surprises d'un touriste (8/25). F comme France à Shanghai.

La concession française, toujours identifiable dans le paysage urbain

 

 

L’ancienne concession française de Shanghai est aujourd’hui l’un des quartiers les plus prisés de la ville. Elle offre le calme de ses petites rues bordées « d’arbres français » (des platanes), ses longtangs [1] bruyants et animés devenus des zones branchées pour flâner, grignoter et faire des achats, mais aussi ses grandes avenues commerçantes. De nombreux étrangers et artistes y résident. On y trouve des boutiques, des cafés, des marchés, des galeries d’art, des villas coloniales aux styles les plus divers et composites, du style normand à colombage au style britanniques à bow-windows, en passant par le style banlieue parisienne des années 20 ! 

 

« La section spéciale de la police de Chang-Kaï-Shek était installée dans une simple villa construite vers 1920 : style Bécon-les-Bruyères mais fenêtres encadrées d’extravagants ornements portugais, jaunes et bleuâtres » [2].

 

L’ancienne concession est située en partie dans les quartiers actuels de Xuhui et Luwan ; elle est  délimitée par les rues Yan’An au Nord, Huashan à l’Ouest, Zhaojiabang au Sud et l’ancienne ville chinoise à l’Est, soit un total de 66 hectares, bien loin des 199 hectares de la concession britannique située sur sa limite Nord. Entre le Bund, le boulevard de la concession britannique qui longe la rivière Huangpu, et la ville chinoise, la concession française contrôlait également une partie des quais. 

 

Dans le périmètre de l’ancienne concession est situé le parc Fuxing, une dizaine d’hectares agencée dans un style composite, un jardin anglais à la mode parisienne, avec ses aménagements tirés au cordeau, un lac, des fontaines, des pavillons, et des parterres de fleurs. Tôt le matin, le parc se remplit de danseurs de tango ou de valses, de chanteurs d’opéra chinois ou de chants maoïstes, de personnes faisant du tai-chi-chuan ou des calligraphies, de joueurs de badminton, de masseurs bénévoles, de personnes âgées qui discutent et de curieux ! 

 

Les trois guerres de l’opium et la signature de traités avec des puissances étrangères (Nankin de 1842, Bogue de 1843 et Tien-Tsin en 1858) sont à l’origine du système des concessions. Ils contraignirent la Chine à autoriser le commerce de l’opium produit par les Britanniques en Inde et à ouvrir plusieurs de ses ports au commerce occidental. 23 concessions furent attribuées à huit puissances étrangères dans dix villes portuaires. Une concession était un territoire concédé par la Chine à un pays souverain, avec un bail de durée indéterminée, le sol restant de propriété chinoise. C’étaient des territoires auto-administrés, avec un statut d’extraterritorialité. En 1937 seuls 4 pays avaient encore des concessions en Chine, celles de la France étaient situées à Shanghai, Canton, Hankéou et Tianjin [3]. 

 

La concession française de Shanghai a duré près d’un siècle, de 1849 à 1946. Constituée à l’origine de marécages humides [4], elles’organisa comme une ville avec ses églises, ses écoles, ses hôpitaux, ses banques, sa prison, son cimetière et... même ses maisons closes [5]. En 1912, les murailles de la ville chinoise sont abattues et laissent la place à un boulevard, le « boulevard des Deux Républiques », en référence aux républiques française et chinoise, symbolisant ainsi l’ouverture du monde chinois au monde occidental. 

 

Les différentes concessions n’étaient pas étanches entre elles, le passage entre les concessions étant libre sauf pendant les périodes de troubles. Les bornes qui les délimitaient marquaient seulement des zones à compétences administratives différentes. Si, à l’origine, les concessions étaient réservées à la résidence des ressortissants de la puissance occupante, dès 1853, avec l’arrivée de migrants, les populations d’origines différentes se sont trouvées mêlées et, en 1934, la concession française comptait plus d’habitants que la ville de Lyon [6] !

 


[1] Longtang : quartier d’habitation typique de Shanghai constitué de maisons mitoyennes sur deux niveaux, alignées le long de petites allées perpendiculaires.

[2] André Malraux. « La condition humaine ». 1933. Le seul élément de décor cité par Malraux !

[3] Association franc-comtoise des amitiés franco-chinoises. « La concession française de Shanghai ». 2004.

[4] Bernard Brizay. « Shanghai – Le Paris de l’Orient ». 2010.

[5] Site de l’ambassade de France en Chine. « La concession française à Shanghai ».

[6] Lire le roman de Xiao Bai « La concession française » (2011) lequel est situé en 1934.

 

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