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Notes d'Itinérances
22 novembre 2019

Campo Marzio - Entre Corso et Tibre (13/20). Le palais Borghese.

Une forme étrange de clavecin – Un palais vide de ses trésors

 

 

L’histoire du palais commence en 1560 quand le cardinal Giovanni se fit construire un palazzetto par Vignola. Racheté en 1590 par le cardinal Dezza, celui-ci le fit agrandir sur des dessins de Martin Longhi l’ainé. Racheté en 1596 par Camilio  Borghese (le futur pape Paul V 1550 / 1621) avec d’autres parcelles proches, le palais fut encore agrandi par Flamine Ponzio. Petit à petit, c’est tout un ilôt urbain qu’occupera le palais lequel sera surnommé il cembalo (le clavecin) à cause de sa forme caractéristique en trapèze déterminée par les rues qui bordaient le terrain, et se terminant par une façade étroite sur le Tibre.

 

La façade principale comprend trois niveaux, composés eux-mêmes chacun d’un étage haut et d’un étage mezzanine plus bas. Les fenêtres du piano nobile sont à tympans triangulaires et courbes alternés. La façade présente un majestueux portail entouré de deux colonnes sur lesquelles est posé un vaste balcon avec une fenêtre surmontée d'un grand tympan triangulaire. Côté gauche, sur la place Borghèse, la façade secondaire du palais, beaucoup plus longue et légèrement incurvée, est composée de 24 fenêtres qui répètent les lignes architecturales de la façade principale. Sur la petite place Borghèse, elle présente également un majestueux portail surmonté d'un balcon autrefois décoré des armes de la famille. 

 

Du portail principal on accède à une première cour intérieure, entourée de portiques soutenus par 96 colonnes de granite, doriques au rez-de-chaussée et corinthiennes à l’étage supérieur. En 1672, le prince Giovani Battista Borghese, après avoir obtenu du pape l’autorisation de disposer d’une grande quantité d'eau, fit réaliser dans la seconde partie de la cour intérieure un « jardin secret », un grand nymphée décoré de statues et de fontaines. 

 

Au rez-de-chaussée de l'aile Ripetta (côté Tibre), est située une série de pièces qui ont été richement décorées pour accueillir la magnifique collection d’objets d'art du cardinal Scipion Borghese, notamment par des plafonds peints à la fresque commandés aux meilleurs artistes de l’époque. C’est là que l’on accueillait tous les personnages étrangers qui exécutaient le « Grand Tour ».

 

« Au reste, tous ces grands appartements, si vastes, si superbes, ne sont là que pour les étrangers : ils ne sont pas logeables pour les maîtres de la maison, n’ayant ni cabinets, ni commodités, ni meubles de service » [1]

 

Suite à d’importants revers financiers, les Borghese durent se séparer de leur magnifique palais et de son contenu. La célèbre collection d’œuvres d’art de la famille fut acquise par l'État Italien en 1902 et transférée à la Villa Borghese [2]. La Galleria del Cembalo, a été ouverte afin de rendre accessible les splendides salles du rez-de-chaussée grâce à la réalisation d’expositions photographiques d’artistes [3].

 

Le prince Camillo Borghese (1775 / 1832) commanda en 1804 une statue de sa femme Pauline (1780 / 1825), sœur de Napoléon Bonaparte, au sculpteur Antonio Canova pour célébrer sa beauté. Celui-ci l’a immortalisée en une Vénus victorieuse, la pomme de Pâris à la main.  En marbre, elle est demi-allongée sur un divan, s'appuyant sur l'un de ses coudes et simplement vêtue d'un drap recouvrant ses jambes. On raconte que Pauline posa nue pour le sculpteur ce qui fit scandale ! Terminée en 1808, la statue fut transportée dans la résidence turinoise de Camillo Borghese, le palais Chiablese, et ne revint qu’ensuite au Palais Borghese puis en 1938 à la Villa Borghese où on peut aujourd’hui l’admirer.

 


[1] Président De Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

[2] En 1807 déjà, par suite d'ennuis financiers mais surtout du fait de fortes pressions exercées par son beau-frère, Napoléon Bonaparte, le prince Camille Borghèse avait vendu 695 pièces de sa collection d’antiques (dont 180 statues, 158 bustes, 155 bas-reliefs, 85 objets divers) à l'État français à un prix qui semble être celui du marché. Voir Marie-Louise Fabréga-Dubert. « La collection Borghèse au musée Napoléon : économie d’une acquisition impériale ». In « Journal des savants ». n°1, 2011.

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