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Notes d'Itinérances
7 juillet 2020

San Saba - Entre parcs et jardins (4/12). Les Thermes de Caracalla.

Les thermes les mieux conservés – Un décor remarquable pour des opéras

 

 

Aurelius Antoninus (188 / 217), autrement dit Caracalla, entreprit la construction des thermes à partir de 212 apr. J.-C. Ce sont les empereurs Elagabal et Sévère Alexandre qui achevèrent la construction de cet immense complexe de 11 hectares, un des plus grands de la Rome antique et celui qui est le mieux conservé même si ses richesses furent systématiquement pillées. Les thermes n’étaient pas simplement un établissement de bain mais ils étaient aussi un complexe sportif (palestres), culturel (bibliothèque, œuvres d’art), médical (médecins), voire cultuel (espace souterrain dédié au dieu Mithra) et un espace vert. C’était un lieu de détente, de rencontres et, bien sûr, d'affaires. 

 

Les Thermes de Caracalla pouvaient accueillir 1 600 personnes. En général, les Romains commençaient par une sudation dans le laconicum (étuve), ils passaient ensuite au caldarium (bains chauds) dans une grande salle circulaire de 34 m de diamètre, située plein Sud, au centre du bâtiment et surmontée d’une coupole, puis ils gagnaient le tepidarium (bains tièdes) dans une salle plus petite, située derrière le caldarium. De là, il rejoignait enfin la salle la plus vaste, 58 m sur 24 m, située au Nord, le frigidarium (salle froide) : la piscine y était sans doute à l’air libre. Pour alimenter en eau les 64 citernes de 80 000 litres chacune qui stockaient l’eau nécessaire au fonctionnement des thermes, on construisit, en 212, l’aqueduc de l’Acqua Antoniniana lequel traversait la via Appia grâce à l'arc dit de Drusus. A l’origine, les bains publics séparaient les hommes et les femmes qui se baignaient nus, ou à défaut de séparation dans les salles, il leur était attribué des horaires différents : avant 13h pour les femmes, tout le reste de l’après-midi et la soirée pour les hommes ! Il semblerait que, par la suite, la discipline de séparation des sexes se soit relâchée ce qui aurait amené les empereurs, d’Hadrien (76 / 138) à Alexandre Sévère (208 / 235), à interdire la baignade commune des femmes et des hommes. Après avoir été en service durant plus de trois cents ans, les thermes ont cessé d’être utilisés en 537 quand les aqueducs qui approvisionnaient la ville en eau ont été détruits par les Goths.

 

Les simples murs de briques que nous voyons aujourd'hui étaient autrefois recouverts de marbres, les sols de mosaïques et des statues étaient disposées dans les niches [1]. En 1143, les 22 colonnes de la bibliothèque servirent à l’érection de Santa Maria in Trastevere, Paul III Farnèse (1468 / 1549) puisa largement dans cette réserve de matériaux pour la construction de l'actuelle basilique Saint-Pierre et deux grandes vasques sont allées orner la place du Palais Farnèse, enfin plusieurs des statues sont exposées au Musée archéologique national de Naples. 

 

« Ces choses-là sont bonnes à voir pour servir de signe à un souvenir ; autrement rien de moins curieux. Les grands pans de mur dont j’ai parlé forment quatre salles ; la barbarie des siècles les a dépouillés de tout ce qu’il a été possible d’emporter » [2].

 

En 1901 et en 1912 les souterrains des thermes furent dégagés et, en 1938, a été découvert un mitreo, un sanctuaire dédié au culte de Mithra, le plus grand connu à Rome. En 1938, eurent lieu les premières représentations d’opéras dans les thermes de Caracalla mais, en 1940, l’initiative sera arrêtée par suite de la déclaration de guerre et parce que les thermes furent utilisés pour y implanter des potagers ! En 1945, les représentations d’opéras reprirent dans les thermes avec notamment l’Aïda de Verdi. L’afflux de spectateurs s’est toutefois avéré incompatible avec la conservation du site et les spectacles furent à nouveau interrompus en 1993. L’érection d’une nouvelle scène, temporaire et mobile dans les jardins, éloignée des ruines, permit aux spectacles de reprendre à partir de 2002. Par exemple, en 2022, de début juin à début août, plusieurs soirées de spectacle sont au programme, du théâtre musical (Mass de Leonard Bernstein), des concerts lyriques (Claudio Baglioni), de la danse (le ballet Notre-Dame de Paris de Roland Petit, Roberto Bolle et ses danseurs), des opéras (Georges Bizet avec Carmen, Gioacchino Rossini avec Le Barbier de Séville) [3].

 


[1] Ouverture des thermes du mardi au dimanche de 9h à 18h30, et le lundi de 9h à 14h. Ils peuvent se visiter avec des lunettes 3D de réalité virtuelle qui restituent les lieu dans leur composition originale.

[2] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[3] Voir programme et achat de places sur le site de l’opéra de Rome. A partir de 2020, les spectacles ont eu lieu dans le cirque Maxime.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans le rione de Celio

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