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Notes d'Itinérances
17 juillet 2020

San Saba - Entre parcs et jardins (9/12). Les Casa Populari (maisons populaires) de San Saba.

Une volonté d’un urbanisme maîtrisé et social

 

 

En 1900, l'église et le monastère de San Saba étaient isolés sur leur petite colline boisée, dénommée affectueusement le « petit Aventin », située à l’intérieur du mur d’Aurélien. Entre 1907 et 1913, la commune de Rome, alors dirigée par le Bloc du Peuple (alliance des groupes radicaux, républicains et socialistes) et son maire Ernesto Nathan [1], décidèrent de bâtir dans la zone des habitations destinées aux classes moyennes et populaires. Avec la transformation de Rome en capitale, en 1870, il fallait pouvoir héberger tous les services du nouvel État. Un premier plan d’expansion est élaboré en 1870, confirmé par le plan régulateur de 1883. Celui-ci prévoyait notamment que la zone voisine du Testaccio, située le long du Tibre, devienne un quartier à usage industriel et commercial avec des résidences ouvrières. 

 

Sous le mandat d’Ernesto Nathan, un nouveau plan régulateur de Rome est imaginé. Ce plan prévoit la création de nouvelles zones d’expansion, comprenant des centres urbains autonomes, situés le long de grands axes de circulation, et composées de divers types de constructions. Trois types d’édifices sont prévus [2]. Première catégorie, la construction « intensive » composée d’immeubles de plusieurs étages puis, seconde catégorie, les « villini », de petits pavillons de deux ou trois niveaux entourés de jardinets et, troisième catégorie, des villas disposées dans des espaces verts. Ces trois types de construction correspondent à trois niveaux sociaux distincts, ouvriers / employés et cadres / bourgeoisie, faisant de chaque nouveau quartier de Rome des quartiers socialement homogènes. Le plus intéressant dans ce plan, c’est que chaque nouveau quartier était conçu avec une certaine autonomie d’un point de vue urbanistique (réseau routier et places) comme d’un point de vue social (écoles et services municipaux).

 

Le quartier de San Saba était destiné à une population mixte d’ouvriers, d’employés et de cadres et il a été conçu, à l'instar de celui voisin du Testaccio qui était consacré lui au logement populaire et ouvrier, par le jeune architecte Quadrio Pirani. Pour souligner la volonté d'aménagement rationnel et de qualité du quartier, les rues portent toutes des noms de grands architectes : Borromini, Piranèse, Palladio, Bramante, Zuccari, autour de la place Bernini située au sommet de la colline. Le quartier est traversé par des rues et des escaliers qui descendent vers le Testaccio voisin. Au sommet de la colline sont situées les villini, de petites maisons jumelées, dotées chacune d'un jardinet puis, plus bas, en descendant la colline vers la Porta Paola, de modestes immeubles de quatre étages maximums sont érigés, avec des appartements lumineux et de vastes cours intérieures. 

 

La finition en brique des maisons et des immeubles, fait référence aux matériaux qui composent le mur d’Aurélien lequel ceinture le quartier, et de l'église San Saba située au sommet. La brique est associée à d'autres matériaux traditionnels, le travertin, le tuf, le plâtre brut, le stuc, qui permettent la réalisation de motifs décoratifs tout en donnant une grande homogénéité d’aspect aux constructions. Les maisons offraient des conditions de logement tout à fait exceptionnelles pour l’époque, faible densité, double exposition, aérés et lumineux, séparation des zones sanitaire et de cuisine. Les différents édifices ont été réalisés avec l’intervention de l’Istituto per le Case Popolari (ICP – l’Institut des Maisons Populaires), créé en 1903, qui en devint le principal propriétaire. Le quartier, calme, comprenant de nombreux espaces verts, sans grandes voies de circulation tout en étant proche du centre de Rome, est très recherché par les personnels étrangers de la FAO voisine. Il semblerait que les loyers payés par les « concessionnaires » de ces logements étaient modestes causant parfois des campagnes dans la presse, mais aussi des tentatives de l’Agence foncière, désormais propriétaire de ces logements, de les revendre aux prix d’un marché particulièrement juteux [3].

 


[1] Ernesto Nathan (1845 / 1921), né à Londres d’un père anglais et d’une mère italienne, radical, laïc, de confession d’origine juive, franc-maçon, premier maire de Rome qui ne soit pas issu des propriétaires fonciers, mènera une politique de grands travaux notamment dans les domaines de la mise en valeur archéologique et de l’éducation.

Lucio Caracciolo. « Nathan, l’Utopista ». La Repubblica. 02/12/2004.

[2] Catherine Brice. « Les quartiers de Rome, 1870-1970 ». In Annie Fourcaut, Florence Bourillon. « Agrandir Paris (1860-1970) ». 2012.

[3] Rete Comune Inquilini ATER San Saba. « Le Aste della vergogna ». 25/07/2021.

Veronica Andrea Sauchell. « San Saba : chi paga il prezzo delle case popolari in vendita ». RomaToDay. 26/09/2023.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans le rione de Celio

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