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Notes d'Itinérances
19 juillet 2020

San Saba - Entre parcs et jardins (9/12). L'église San Saba.

Une église médiévale – Dont l’attribution rend compte de l’histoire de la Chrétienté

 

Le quartier de San Saba tire son nom de l'église et du monastère, qui étaient les seuls lieux habités après la chute de l'Empire. Vers le VIIe siècle, des moines orientaux, venant d'une communauté fondée à Jérusalem et fuyant la Palestine troublée par les guerres, les massacres et l'expansion des Perses sassanides, occupèrent ce qui était auparavant une caserne située entre Porta San Paolo et Porta San Sebastiano et fondèrent une petite église de rite byzantin. Celle-ci a été dédiée à Saint-Saba (439 / 532), moine et fondateur de monastères chrétiens byzantins, notamment celui de Mar Saba ou Grande Laure. Entre le VIIIe et le IXe siècles, San Saba était considéré comme le monastère le plus important de Rome. Les papes développaient une grande activité diplomatique en direction de l’Empire Byzantin en s’appuyant sur le clergé d'expression grecque ; c’est que l'Empire traversait alors une période troublée avec la « querelle des images » (période iconoclaste). De 726 à 843, les empereurs byzantins interdirent en effet le culte des images représentant le Christ et les Saints et ordonnèrent leur destruction.

 

Autour du Xe siècle, la communauté byzantine sabaitique était de plus en plus réduite et, pour occuper le monastère, elle fut remplacée par des moines bénédictins du Mont-Cassin et, en 1144, par des moines de Cluny. Cette nouvelle attribution du lieu à des ordres monastiques différents est peut-être aussi la conséquence de l’hostilité entre les églises d’Orient (représentées par Constantinople) et celle d’Occident (représentées par Rome). En effet, le 16 juillet 1054, le cardinal Humbert de Moyenmoutier avait déposé sur le maître-autel de la basilique Sainte-Sophie une bulle excommuniant le patriarche Michel Ier Cérulaire de Constantinople et ses proches collaborateurs à propos d’une sombre histoire de relation entre le Père, le Fils et le saint Esprit. La question était de savoir si le saint Esprit procède seulement du Père (église chrétienne d’Orient) ou du Père et du Fils (église chrétienne d’Occident). En retour, cette excommunication fut suivie de celle du cardinal et de ses assistants par le patriarche. De fil en aiguille, cette question (laquelle, personnellement, me semble relever du sexe des anges) se transforma en aigreurs, impolitesses, insultes, recherche de la suprématie, voire guerre ouverte, notamment avec la quatrième croisade et le siège de Constantinople par les Croisés (1204).

 

En 1573, le monastère devint le siège du collège hongrois germanique, un séminaire germanophone pour prêtres catholiques de Rome fondé en 1552 ; puis il servit comme retraite d’été et endroit calme pour les étudiants et le personnel. Cette institution en a gardé la possession jusqu'au XXe siècle, bien qu'en général sans activité. En 1931, les jésuites ont repris possession des bâtiments, l’église étant devenue une paroisse du fait de l’expansion urbaine.

 

La façade de l'église d’origine est cachée par un portique du XVe siècle, lui-même profondément modifié au XVIIIe. Les six colonnes antiques qui soutenaient l’étage supérieur fermé ont été pillées par le pape Pie VII et remplacées par cinq massifs pilastres en briques ; des fenêtres modernes rectangulaires ont été ouvertes dans l’étage supérieur, à la place des anciennes fenêtres à meneaux du XVe siècle ; le tout est dominé par la loggia supérieure Renaissance à arcades, avec douze colonnes aux chapiteaux ioniques.

 

La basilique de San Saba [1] est un exemple d'architecture romane médiévale. La structure reprend le plan des premières églises chrétiennes avec trois nefs, chacune comprenant une abside mais plus grande au centre. Les trois nefs sont séparées par quatorze colonnes provenant de différents monuments antiques, colonnes surmontées d’arcs en plein cintre. La nef centrale est éclairée par une série de huit fenêtres s'ouvrant de chacun des deux côtés. Une partie du plancher de la nef est d’origine cosmatesque, datant peut-être de 1205, avec cinq grands disques, quatre en porphyre et un en granit gris, disposés en quinconce. Les fresques de l’abside centrale sont datées de 1575 mais elles sont du XIVe sur les murs latéraux. Sur le côté gauche se trouve une quatrième nef (peut-être un ancien portique ?) dans laquelle sont encore visibles des fresques datées de 1296 ; elles sont considérées comme l'œuvre de Jacopo Torriti, surnommé le « maestro di San Saba ». Le clocher est un exemple de tour médiévale.

 

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