Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
21 juillet 2020

San Saba - Entre parcs et jardins (11/12). La porte Saint-Paul et la pyramide de Caïus Cestius.

La Porte des invasions barbares – L’égyptomanie frappait déjà aux temps antiques

 

 

La porte Saint-Paul s’appelait autrefois « Porta Ostiensis » car elle est située sur la via Ostiense qui relie Rome à son port, Ostie. Elle a ensuite été rebaptisée Saint-Paul parce que la via Ostiense conduit également à la Basilique San Paolo Fuori le Mura. Elle est intéressante pour son système défensif qui est demeuré quasiment intact. La porte est flanquée de deux tours cylindriques, reliées par une galerie au-dessus de la porte. Sous Maxence, la porte fortifiée fut renforcée par une contre-porte, comprenant deux arcs de travertin pour le passage, reliée à la porte par des murs latéraux. Entre les deux portes fut rajouté, au XVIIIe siècle, un gracieux petit édifice pour le bureau des douanes.

 

C’est par la Porta Paola qu’Hitler pénétra dans Rome le 6 mai 1938 pour rejoindre la piazza Venezia par la nouvelle voie triomphale voulue par Mussolini, la voie des Forums impériaux. Mais, Mussolini avait-il bien réfléchi quand il choisit ce parcours ? En effet, c’est aussi par cette porte que Totila, le chef d’une des hordes barbares, les Ostrogoths, entra dans Rome en 549 ! C’était vraiment tenter le diable. Mais revenons à Totila. Les Wisigoths puis les Vandales s’étaient précipités sur l’Italie comme la misère sur le pauvre monde mettant à sac Rome en 410 et 455. L’empereur byzantin Justinien avait décidé de récupérer ses positions italiennes en envoyant des troupes commandées par le fameux général Bélisaire. Après, une série de victoires, Bélisaire s’était retrouvé assiégé dans Rome en 537 / 538. Puis, Justinien l’envoie combattre les Perses, mais le rappelle en Italie pour reprendre Rome en 547 tombée finalement aux mains des Goths un an avant, puis le renvoie contre les Bulgares, ce qui permet à Totila de reprendre la ville en 549… qu’il reperdit en 551 ! 

 

C’est à côté de la porte San Paolo que se trouve « LA » pyramide de Rome, en fait le monument funéraire de Caïus Cestius. Il était préteur, tribun du peuple et « Septemvir epulonum », c'est-à-dire membre d'un collège de prêtres qui organisait les festins dans le cadre du culte. La pyramide a été construite en 12 av J.C, dans une période où l’Egypte était « très mode » à Rome avec érection d’obélisques et de sphinx, par suite de sa conquête en 30 av J.C. Le frère de Caïus Cestius était un édile de Rome. Il a notamment fait relier l'île Tiberine à la rive droite du fleuve par un pont qui porte toujours son nom, le « Ponte Cestio ». La pyramide, 36,4 mètres de haut pour une base de 29,5 mètres de côté, peut toujours se visiter, sur réservation, pour y admirer la salle mortuaire de 4 mètres sur 6 avec une voûte en berceau. Au moyen-âge, les pilleurs y creusèrent des galeries pour chercher des trésors et par la suite, les visiteurs de Rome apposèrent leurs graffitis en signe de leur passage. Il resterait néanmoins quelques peintures à fresque intéressantes.

 

« Nous nous faisions une fête d’examiner ces fameuses petites peintures antiques du salon, connues sous le nom de figurine de Cestius. Mais, ma foi ! tout est effacé, on n’y discerne presque plus rien ; vous aurez plus de satisfaction à les voir dans les estampes qui ont été gravées avant que l’humidité du lieu, l’air extérieur qui s’y est introduit, la fumée des torches et autres accidents eussent achevé d’altérer l’ouvrage » [1].

 

Un riche homme d’affaire d’Osaka dans le domaine de la mode, a financé la restauration de la pyramide pour deux millions d’euros en 2015 ce qui lui a permis d’attacher son nom à la pyramide laquelle a retrouvé la « blancheur persil » du marbre de Carrare dont elle est revêtue [2].

 

A proximité, Piazzale dei Partigiani (place des Partisans), se trouve la gare d’Ostiense, construite en 1940, reproduisant la gare provisoire, édifiée en toc, pour l’accueil de Hitler. A droite, un bas-relief de Francesco Nagni représente Bellérophon [3] avec le cheval Pégase. Devinette : pourquoi placer cette représentation d’un mythe antique en frontispice d’une gare mussolinienne ?

 


[1] Président de Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

[2] La Repubblica. « Restyling da 2 milioni, la Piramide Cestia torna bianca come due mila anni fa ». 20/04/2015.

La pyramide peut être visitée pour des visites individuelles et pour des groupes, sur réservation. 

[3] Bellérophon, petit-fils de Sisyphe, réussit à tuer la Chimère, lion par devant, dragon par derrière, et chèvre sur le milieu du corps, en l’attaquant par-dessus grâce au cheval ailé Pégase.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans le rione de Celio

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 988 537