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Notes d'Itinérances
1 janvier 2024

Ripa - Jours tranquilles sur l'Aventin (7/18) .Le jardin des orangers (Parco Savello - Giardino degli Aranci).

Le château-fort des Savelli – Des orangers d’Espagne

 

 

Le Jardin des Orangers est le nom généralement usité à Rome pour désigner le Parc Savello compte-tenu des nombreux bigaradiers (oranges amères, melangolo) qui y poussent. D’une surface de 8 000 m2, il est situé au sommet de la Colline de l'Aventin, sur l’emplacement d’une forteresse construite entre 1285 et 1287 par le pape Honorius IV Savelli (1285 / 1287), à proximité de la basilique Santa Sabina. La forteresse est elle-même érigée sur une construction plus ancienne, du Xe siècle, acquise ensuite par la riche famille des Savelli. Un des derniers descendants des Savelli sera le marquis Massimiliano Savelli Palombara, poète, alchimiste et ami de la reine Christine de Suède, créateur de la Porta Magica [1].

 

Le jardin est bordé par le mur d’enceinte qui entourait le château Savelli dont d'autres vestiges sont encore visibles. La zone a ensuite été utilisée comme potager par les moines dominicains de Santa Sabina, église conventuelle de l’ordre des Frères Prêcheurs depuis le XIIIe siècle. Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si une légende raconte que saint Dominique (1170 / 1221) aurait offert au jardin du couvent, en 1220, des pépins de bigaradiers qu’il aurait ramenés d’Espagne. La plante aurait ensuite été cultivée par les pères dominicains pour ses nombreuses propriétés digestives, amincissantes, aromatiques et antispasmodiques, sans parler des nombreuses utilisations alimentaires de ses fruits. Par la suite, Catherine de Sienne (1347 / 1380), elle-même sœur dominicaine, serait venue dans le couvent, aurait cueilli des oranges de l’arbre de saint Dominique, en aurait fait des fruits confits pour les offrir au pape Grégoire XI De Beaufort (1370 / 1378) afin de le convaincre de réinstaller la papauté d’Avignon à Rome… Ce qui fut fait !

 

En 1932, la municipalité de Rome projette la réalisation d’un jardin dont elle confie la conception et la réalisation à Raffaele De Vico (1881 / 1969), un architecte paysagiste italien renommé, lequel est intervenu dans tous les grands projets de parcs et jardins publics de Rome [2]. Le parc permet d’avoir un magnifique panorama sur la ville de Rome, le Tibre, l’île Tibérine, les anciens temples du forum Boarium, l’église Santa Maria in Cosmedin, l'imposant dôme de Saint-Pierre au loin, le Trastevere et le Janicule. Le jardin est planté des célèbres bigaradiers odorants qui lui donnent son nom, ainsi que de nombreux pins parasols. Il est organisé de façon très symétrique, sur une base quadrangulaire, avec une avenue centrale alignée sur le panorama de la ville de Rome [3]. L’avenue centrale porte le nom de l'acteur Nino Manfredi qui aimait venir dans ce jardin. La place centrale du parc porte le nom d’un autre acteur romain, Fiorenzo Fiorentini, qui pendant plusieurs années a dirigé la saison théâtrale estivale dans le parc. Pendant la saison, le parc accueille (accueillait ?) en effet les événements les plus variés, concerts, représentations théâtrales, du programme des « Étés romains » de la ville. A l’entrée du parc, côté Sainte-Sabine, une fontaine a été construite en 1936 en combinant deux éléments d’origines différentes. Une baignoire en granite décorée de poignée en bas-relief, qui appartenait aux anciens thermes romains, sert de vasque. Un masque grandiose, posé sur la valve d’une coquille de marbre, représente probablement Neptune, moustachu et aux sourcils épais. Ce masque a été sculpté en 1593 par Bartolomeo Bassi, d’après un dessin de Giacomo della Porta, afin d'embellir un réservoir de granit gris utilisé pour abreuver les bœufs près du temple des Dioscures sur le Campo Vaccino (le champ des vaches, l’antique forum romain !). Il a été ensuite utilisé au pied du Janicule, près du Tibre, dans la fontaine Lancisiana qui avait la réputation de distribuer une eau légère et pure, mais qui fut détruite lors de l’érection du pont en fer des Florentins et des quais du Tibre (lungotevere Gianicolense). Le masque a-t-il trouvé enfin sa place ou voyagera-t-il encore dans Rome ?

 

Le réaménagement des pentes de Sainte Sabine a rendu à l'usage public le sentier piétonnier qui relie la terrasse du Giardino degli Aranci, du côté de la Torre dei Savelli, au trottoir du Lungotevere Aventino situé en contre-bas, en traversant la falaise abrupte de l’Aventin.

 


[1] La Porta Magica, située dans le jardin central de la piazza Vittorio Emanuele II (rione de Esquilino) est le reste de la villa du marquis Massimiliano Savelli Palombara, détruite à la fin du XIXe siècle lors de l’expansion de Rome. Couverte de signes ésotériques, elle est le symbole du passage qu’il faut emprunter pour transmuter le vil plomb en or, pour passer d’un monde dans un autre.

[2] Sovrintendenza capitolina ai Beni Culturali. « Parco Savello ».

[3] Entrées : Piazza Pietro d’Illiria, Via di Santa Sabina, Clivio di Rocca Savella et par le chemin piétonnier d’accès à partir du Lungotevere Aventino (spectaculaire mais fort peu entretenu !).

 

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