Ripa - Jours tranquilles sur l'Aventin (8/18). La Roseraie communale (Roseto comunale).

Un ancien cimetière de la communauté juive

La roseraie municipale de Rome est située sur les pentes de l'Aventin, face à la colline du Palatin, juste à côté du cirque Maxime. De taille modeste, elle offre une vue imprenable sur le cirque Maxime, le Palatin, le clocher de Santa Maria in Cosmedin, le dôme de la synagogue. Déjà au IIIe siècle, cette zone était consacrée aux fleurs. Tacite, dans les Annales, citerait l’existence, à cet endroit, d'un temple dédié à la déesse Flore dont les célébrations avaient lieu, au printemps, dans le cirque Maxime. La zone était couverte de jardins et de vignes jusqu'à la fin du XVIe siècle. 

En 1645, le jardin est acquis par la « Compagnie hébraïque de la Charité et de la Mort » pour en faire le cimetière de la communauté juive. En 1775, Pie VI Braschi (1775 / 1799) renouvelle l’interdiction faite aux juifs, en 1625, par Urbain VIII Barberini (1623 / 1644) de placer des pierres tombales ou des inscriptions à la mémoire de leurs défunts dans les cimetières ! L’interdiction ne sera levée qu’en 1846 par Pie IX Feretti (1848 / 1878). Le cimetière est fermé en 1895 suite à la création du carré juif du grand cimetière romain du Campo Verano.

Comme il se doit, en 1934, le régime fasciste décide de supprimer le cimetière et de transformer le lieu… pour y implanter une roseraie ! Mais, compte-tenu de la participation de l’Italie à la seconde guerre mondiale, de fait la zone restera inculte jusqu’en 1950. Le projet de roseraie communale ressurgit alors. En remerciement à la communauté juive qui permet de créer la roseraie dans un lieu sacré, une stèle a été placée à l'entrée du jardin en mémoire de sa destination précédente, et les chemins qui séparent les parterres de fleurs dans la zone principale du jardin ont pris la forme de la menora, le chandelier à sept branches, symbole du judaïsme [1].

La roseraie abrite environ 1 200 espèces de roses du monde entier. Parmi les plus curieuses, la Rosa Chinensis Virdiflora, aux pétales verts, la Rosa Chinensis Mutabilis, qui change de couleur au fil des jours et la Rosa Foetida, une rose puante (d’un intérêt très anecdotique !). Y sont également conservées les roses qui prospéraient déjà à Paestum et Pompéi, lesquelles sont encore utilisées comme base pour la production d’essences de parfums, ou les célèbres « roses gauloises », les seules dans l’Antiquité de couleur rouge et considérées comme sacrées par les Perses. Il existe également une rose dédiée à la fin de la « Guerre des deux Roses ». Quand elle fleurit, celle-ci est rouge comme la Rose du clan Lancaster mais, quand elle s’ouvre, elle est blanche comme la Rose du clan York, les deux familles alors en guerre pour le trône d’Angleterre. La rose appelée « Paix » a été obtenue en France par Francis Meilland, au début de la Seconde Guerre mondiale. Avant la fermeture des frontières, elles avaient été envoyées aux pépinières qui avaient acheté les droits de reproduction en Italie, en Allemagne et aux États-Unis. A la fin de la guerre, cette variété ornait les tables de négociation lors de la Conférence de San Francisco qui a jeté les bases de la création de l’ONU.

Chaque année, le troisième samedi de mai, le concours international de variétés de roses, baptisé « Premio Roma » (Prix de Rome), est organisé dans la roseraie. Il récompense des variétés de roses inédites. Le Jury International est composé de personnes d’origines diverses : directeurs des parcs et jardins botaniques les plus prestigieux du monde, mais aussi représentants du monde de la culture et de l’engagement social.

La Via di Valle Murcia divise la roseraie en deux sections. Dans la partie supérieure est située la collection de roses anciennes et modernes, tandis que la partie basse, plus petite et de forme ovale, accueille le secteur où les roses participent au « Prix de Rome », ainsi que la collection de toutes les roses qui ont remporté cet événement prestigieux depuis 1933, l’année de la première édition tenue alors sur la colline d’Oppio.

La roseraie est ouverte aux visiteurs pendant la période de floraison [2].

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[1] Site de la commune de Rome.

[2] Via di Valle Murcia. Chaque année, la roseraie de Rome ouvre ses portes au public entre avril et mi-juin. 

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