Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
13 avril 2021

Les obélisques de Rome (7/28). 1588 – « Lateranense » (n°4).

Piazza San Giovani in Laterano - Rione Monti

 

 

La basilique de San Giovanni in Laterano est le premier édifice monumental chrétien construit en Occident. Première église à être publiquement consacrée, en 327, elle est « « mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde ». Elle est aussi une encyclopédie des différents styles architecturaux. Fondée par Constantin en 324, détruite par les Visigoths (410) puis les Vandales (455), restaurée aux Ve et VIIe siècles, détruite par un tremblement de terre en 896, reconstruite en 904, incendiée en 1308 et une nouvelle fois en 1361, rebâtie, re-liftée en 1650 par Borromini, décorée d’une façade monumentale et théâtrale en 1736, allongée en 1885… 

 

Le baptistère, indépendant, est situé à l’arrière de la basilique. Sa forme octogonale remonterait à 432 et serait due à l’existence antérieure d’un nymphée romain. La tradition religieuse veut que Constantin (272 / 337) y ait été baptisé alors que, plus vraisemblablement, il l’aurait été à sa mort. A l'intérieur, huit colonnes de porphyre rouge soutiennent un entablement de huit colonnes de marbre blanc. Dans le dôme est représentée la victoire de Constantin contre les armées de Maxence, au ponte Milvio en 312, une de ces terribles guerres de succession entre prétendants au trône de César. Avant la bataille, Constantin aurait eu la vision des lettres XP, soit les deux premières lettres du mot « Christ » en grec, et il aurait entendu une voix lui disant « In hoc signo uinces » (« Par ce signe, tu vaincras »). Il fit alors apposer les lettres XP sur les boucliers de ses légionnaires. Ayant mis sa victoire sur le compte du dieu des Chrétiens, il interdit désormais leur persécution.

 

Sur le côté droit de la basilique, face au baptistère, et dans le prolongement de la via Merulana qui conduit à la basilique Santa Maria Maggiore, le centre de la place est occupé par un obélisque, le plus haut (32 mètres, 46 avec son socle) et le plus ancien de Rome (voir photo). L'obélisque, de granite rouge, est décoré de hiéroglyphes ; il a été taillé lors du règne de Thoutmosis III (1504 / 1450 av J.C). Son petit-fils, Thoutmosis IV, fait descendre le Nil aux 510 tonnes du monolithe pour l’ériger, vers 1490 av. J.-C, dans la partie Est de la « cour des fêtes » à Karnak. C’est un obélisque unique, sans jumeau.

 

A son tour, Constantin (272 / 337) le fait transporter de Karnak à Alexandrie d’où il devait ensuite rejoindre Constantinople pour y être dressé. Mais, après la mort de l'empereur, en 337, il reste à quai pendant vingt ans avant que son fils et successeur, Constance II, le fasse transporter à Rome. Son transport exigea la construction d’un navire spécial, aux dimensions exceptionnelles pour l’époque, avec trois cent rameurs, afin de l’amener jusqu’au port de la porte d’Ostie à Rome. De la porte d’Ostie jusqu’au cirque Maxime, il restait 4,5 kilomètres à parcourir sur des glissières et des rondins de bois grâce à des cabestans. Enfin, une rampe immense de 330 mètres et un portique gigantesque ont dû être construits pour pouvoir redresser l’obélisque avec l’aide d’un millier d’hommes aux cabestans [1]. Après son érection, en 358, l’obélisque a été surmonté d’un globe métallique couvert de feuilles d’or ; frappé par la foudre il a été remplacé par une flamme dorée de métal. C’est le dernier obélisque égyptien importé dans la Rome antique.

 

Après les grandes invasions, les monuments romains disparaissent peu à peu, ruinés par les tremblements de terre (1349), les inondations, les incendies, la récupération des pierres pour la construction d’habitations et de forteresses. L’obélisque est finalement retrouvé en 1587, à une profondeur de 7 m, lors de fouilles menées au Cirque Maxime. Brisé en trois morceaux, Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) le fait restaurer et ériger l’année suivante par son architecte, Domenico Fontana, sur la place de San Giovanni in Laterano. L’obélisque refait donc, en sens inverse, une partie du trajet qu’il avait effectué mille deux cent ans plus tôt ! Le dispositif mis en œuvre est semblable à celui qu’avaient utilisé les Romains de l’antiquité avec une rampe, un portique et des palans dont les cordes sont actionnées par des cabestans. Pour dresser l’obélisque, il faudra treize heures de travail et cinquante-deux arrêts pour changer les lieux de fixation des cordes.

 

Le pyramidion de l'obélisque est surmonté des armoiries de Sixte Quint (des monts et une étoile à huit branches), le tout surmonté d'une croix. 

 


[1] Université de Caen. « Un exploit technique sous le règne de Constance II : l’installation d’un deuxième obélisque dans le Grand Cirque ». 2020. Site Web.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur les obélisques de Rome

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 585