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Notes d'Itinérances
21 avril 2021

Les obélisques de Rome (11/28). 1711– « Macuteo » (n°8).

Piazza della Rotonda - Rione Colonna

 

 

La piazza della Rotonda est une place située devant le temple romain circulaire du Panthéon. Elle tire son nom de cet édifice qui est devenu une église sous le nom de Santa Maria della Rotonda. La richesse de la décoration du Panthéon a pâti de la convoitise et de l’ambition des papes qui utilisèrent ses marbres pour leurs palais, ainsi que les ornements de bronze du fronton, vraisemblablement un grand aigle aux aigles déployés, et les étoiles qui décoraient le dôme. Le bronze fut fondu pour réaliser le baldaquin de Saint-Pierre. Pire, en 1634, le Panthéon fut affublé de deux « mauvais clochers » [1] suite à une commande du pape Urbain VIII Barberini (1623 / 1644) au Bernin. 

 

« Mais le plus barbare de tous, sans contredit, fut Urbain VIII, qui déshonora par deux ignobles clochers la base de la coupole »[2]

 

Ces ajouts ne contribuèrent pas à la gloire du Chevalier, bien au contraire, puisque les Romains les surnommèrent « les oreilles d’âne du Bernin ». Les deux clochetons furent finalement détruits en 1882, mais on peut assez facilement en trouver des illustrations sur des reproductions de gravures ou des photos anciennes chez les libraires, bouquinistes et marchands de souvenirs.

 

En 1570, Giacomo della Porta (1532 / 1602) fut chargé par le pape Grégoire XIII Boncompagni (1502 / 1585) de superviser un grand projet d’extension de la distribution de l'eau de l’aqueduc de l’Acqua Vergine à dix-huit nouvelles fontaines publiques. En 1575, la fontaine conçue par Giacomo Della Porta pour la piazza della Rotonda consistait en une grande vasque de marbre, à structure carrées et quatre lobes en forme de trèfle à quatre feuilles avec, au centre, un jet d’eau et une décoration de quatre masquerons. 

 

En 1711, l’architecte Filippo Barigioni, à la demande du pape Clément XI Albani (1649 / 1721), plaça au centre de la vasque l’obélisque Macuteo sur un piédestal orné de sculptures de dauphins et de masquerons (voir photo). Sur une base aux formes géométriques et rigoureuses, encore marquée par l’esprit de la Renaissance, se développe le piédestal aux formes capricieuses, incurvées, décoré de rochers, de dauphins aux corps enroulés d’anguilles, de style baroque.

 

« Clément XI a fait placer devant le portique du Panthéon un petit obélisque chargé d’hiéroglyphes ; cet ornement est on ne peut plus mal entendu. (…) En 1711, on croyait qu’il fallait orner l’antique, et on mettait un obélisque vis-à-vis du Panthéon » [3].

 

Quand Stendhal, amoureux de l’antiquité romaine, liste les obélisques de Rome, il note pour celui du Panthéon : « Bon à transporter ailleurs, il enterre le Panthéon » !

 

L'obélisque du Panthéon est en granite rouge. Il mesure 6,34 m de haut et, avec la base, il atteint près de 15 mètres. L'inscription en hiéroglyphes sur ses faces indique que l'obélisque avait été érigé à Héliopolis par Ramsès II (1 304 / 1 213 avant JC). C'est probablement sous Domitien (1er siècle) qu’il fut transporté à Rome pour orner les propylées du temple d'Isis et de Sérapis du Champ de Mars (Iseum Campense) avec les obélisques de Dogali, du Pulcino della Minerva et de la Villa Médici (depuis transféré dans le jardin Boboli à Florence). Il a été trouvé en 1373 sur la place de San Macuto, d'où dérive son nom « Macuteo ». 

 

La place du Panthéon accueillait autrefois un marché de quartier, de fruits, de légumes et de poissons. Les étals occupaient toute la place et atteignaient la colonnade du Panthéon et le bassin de la fontaine servait aux poissonniers pour conserver commodément les poissons. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que le pape Pie VII Chiaramonti (1742 / 1823) parvint à faire transférer le marché sur une autre place, la Piazza delle Coppelle où sont toujours présents, du lundi au samedi, des marchands de fruits et légumes.

 


[1] L’appréciation est de Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[2] Norvins, Charles Nodier, Alexandre Dumas. « Italie pittoresque, tableau historique et descriptif de l'Italie, du Piémont, de la Sardaigne, de la Sicile, de Malte et de la Corse ». 1836.

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