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Notes d'Itinérances
27 avril 2021

Les obélisques de Rome (14/28). 1792 – « Montecitorio » (n°11).

Piazza Montecitorio - Rione Colonna

 

 

Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) fit redresser quatre obélisques à une période qui marquait la fin de la Renaissance. Pie VI Braschi (1775 / 1799) le fit à son tour pour tous les obélisques encore « disponibles » à Rome (Quirinale, Sallustiano et Montecitorio), à une période qui marquait le début du néo-classicisme.

 

L’obélisque du Montecitorio est en granite rouge et, selon les écrits hiéroglyphiques, il date de Psammétique II (594 / 589 av. J.-C.). Il provient du temple d’Amon-Rê d'Héliopolis et fut transféré à Rome en 10 av. J.-C. sur l’ordre d'Auguste. Le monument aurait été érigé entre 10 et 9 av. J.-C., soit en même temps que la consécration de l'Ara Pacis.

 

L’obélisque servait alors de gnomon à un gigantesque cadran solaire, l’horlogium Augusti, situé sur le Champs de Mars, à proximité de l’Ara Pacis. Le gnomon est une tige verticale projetant l'ombre faite par le soleil sur un écran horizontal permettant de mesurer sa hauteur au-dessus de l'horizon et donc d’indiquer les solstices mais aussi l’heure diurne. Il était surmonté d’une sphère de bronze percée d’une fenêtre qui permettait aux rayons du soleil, au zénith, de la traverser et donc de définir le milieu de la journée mais aussi la période de l’année sur des lignes méridiennes tracées au sol, avec des lignes et des lettres. Le cadran, un espace de 150 m sur 70, se composait d'une vaste esplanade dallée de marbre, parcourue par des lignes méridiennes en forme de « selle de cheval », des inscriptions calendaires et, au centre de la concavité méridionale, se dressait l'obélisque. Les éléments gravés dans le pavement de marbre étaient enchâssés de bandes de bronze doré afin de refléter la lumière du soleil et d'être plus visibles. Des éléments du cadran ont été récemment mis à jour dans la cave du n°48 de la via di Campo Marzio (derrière le palais de Montecitorio). 

 

L'obélisque finit par s'écrouler au Xe ou au XIe siècle. On retrouva sa trace au début du XVIe siècle lors de travaux d’urbanisme. En 1587, le pape Sixte-Quint projeta de le restaurer mais il y renonça compte-tenu qu’il était brisé en de multiples fragments. Il fut alors remblayé puis redécouvert en 1748 sous les fondations d’une maison. Restauré avec du granite rouge prélevé sur des fragments de la colonne de Marc-Aurèle puis érigé, entre 1789 et 1792, sur la Piazza di Montecitorio, à l’initiative de Pie VI Braschi (1775 / 1799). Il mesure 22 mètres de haut, 34 avec sa base, et pèse 230 tonnes.

 

Le palais de Montecitorio a été dessiné par Le Bernin pour le cardinal Ludovico Ludovisi. Les travaux furent arrêtés à la mort du cardinal et ils ne reprirent que trente ans plus tard, sous la direction de Carlo Fontana (1634 / 1714), à la demande d’Innocent XII Pignatelli (1691 / 1700). Le pape y installa l'ensemble des organismes du Saint-Siège (la Curie) ainsi que le gouvernorat de Rome. C’est Fontana qui aurait ajouté sur la façade le « campenard » [1], cette espèce de clocheton disgracieux, avec une horloge et trois cloches dont la plus grande donnait l’heure, à midi, pour les écoles et les administrations publiques de la ville. Le palais et la place étant ainsi devenus le centre de la vie administrative de Rome, l’obélisque y fut installé (voir photo). Sa fonction d’origine fut même restaurée en le coiffant d’une boule de bronze, copie de l’originale, et en traçant une méridienne au sol. Toutefois son approximation est proverbiale car la réalisation d’une méridienne précise exige à la fois une hauteur beaucoup plus grande du gnomon, mais aussi, de préférence, un espace fermé afin de pouvoir bien observer la trace sur le sol du pinceau lumineux qui traverse le trou sommital du gnomon, comme c’est le cas à Santa Maria degli Angeli. Le palais est devenu depuis le siège du parlement de la République italienne.

 

Un théâtre très important de Rome, le théâtre Capranica, était également installé à proximité de cette place. Construit pour le Cardinal Domenico Capranica, au XVe siècle, dans sa résidence principale, il a été ouvert au public en 1679. Les œuvres des plus célèbres compositeurs italiens y furent présentées, Scarlatti, Vivaldi, Albinoni, et les plus grands chanteurs s’y donnèrent en représentation, Farinelli, Caffarelli, Carestini. De Brosses garde le plus mauvais souvenir de la représentation de « Mérope » qu’il y a vu, sans que l’on sache s’il s’agit de l’œuvre de Giacomelli ou du premier opéra de Scarlatti donné à Rome en 1740.

 


[1] Campenard : mur vertical et généralement plat, placé en haut ou à l'avant d'un édifice pour recevoir des cloches.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur les obélisques de Rome

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