Les obélisques de Rome (24/28). 1938 ? / 1959 – Piazza Marconi (n°21).

Quartiere EUR

Au centre de la Piazza Guglielmo Marconi (anciennement Piazza Imperiale) du quartier de l’EUR, au croisement de deux grands axes proposés par l’architecte Luigi Moretti, l’avenue Cristoforo Colombo et la viale della Civiltà Romana, se dresse un obélisque dédié au physicien italien Guglielmo Marconi (1874 / 1937). Marconi est un des inventeurs de la radio et de la télégraphie sans fil, prix Nobel de physique en 1909. Président de l'Académie royale d'Italie sous Mussolini, membre du Grand Conseil fasciste, c’est un fidèle soutien du régime. L'œuvre a été commandée en 1936 par le ministre de la Culture populaire de l'époque dans le cadre du projet EUR.

Le projet E42 d’un nouveau quartier à Rome a été lancé par Benito Mussolini, il devait être réalisé dans le cadre de l’Esposizione Universale di Roma (E.U.R) prévue en 1942, date qui coïncidait avec le 20e anniversaire du début de la dictature fasciste. L’Italie mussolinienne n’était pas avare de grands projet internationaux : après des jeux olympiques en 1940, l’exposition universelle en 1942 !

Le projet prévoyait la construction d’une vaste zone urbaine, monumentale, avec des centres administratifs, de nombreux musées et de vastes espaces verts, bref une vitrine imposante de l'Italie fasciste offerte aux yeux admiratifs des pays du monde. Selon l’idéologie du fascisme, le projet est inspiré par l’architecture romaine antique croisée avec celle du rationalisme moderne italien : ce qui se traduit par des bâtiments grandioses, massifs, carrés, aux lignes simples, recouverts de travertin à l’image des temples et des bâtiments de la Rome impériale, le tout agrémenté de statues colossales de jeunes hommes musclés et nerveux. Le symbole de ce modèle architectural, c’est le Palais de la Civilisation Italienne, surnommé par les Romains, le Colisée carré. Il était prévu une douzaine de « palais », Palais de la civilisation du travail, Musée de la Civilisation romaine, Palais des Congrès, Palais des Offices, Palais de la science universelle… mais l’exposition universelle n’a jamais eu lieu en raison du retard pris par les constructions, de la mort soudaine du gouverneur de Rome responsable du projet, Piero Colonna, et des préparatifs de la Seconde Guerre mondiale. Les travaux ont été interrompus en 1942. 

A partir de 1951, le projet est relancé afin de terminer les bâtiments restés en chantier. Une photographie aérienne de 1953 montre que sont alors construits les bâtiments qui entourent la place Marconi (palais des expositions, bâtiments des musées), le Palais de la civilisation du travail et la basilique Saints-Pierre-et-Paul. Progressivement le projet est redéfini, notamment dans le cadre des jeux Olympiques de 1960 pour lesquels sont réalisés des installations sportives (palais des sports, vélodrome, piscine olympique), enfin avec la création d’un centre d’affaire, l’installation de sièges sociaux d’entreprises (ENI) et l’implantation de bâtiments d’habitation [1]. Le quartier est relié au centre-ville par la via Cristoforo Colombo.

Le monument dédié à Marconi n’est pas véritablement un obélisque même s’il en a la forme extérieure car ce n’est pas un monolithe ! Sa structure est formée d’une armature de béton armé recouverte de 92 dalles de marbre de Carrare sculptées en haut relief (voir photo). Il atteint une hauteur de 45 m. Commandé en 1936, le cœur en béton armé est coulé avant la guerre (1938 ?) et le sculpteur choisi, Arturo Dazzi, réalise les sculptures des dalles des deux premiers registres. En 1951 le ministère des Travaux Publics, présidé par Salvatore Aldisio, à l’intention de démolir la structure. En 1953, à l’occasion de l'Exposition agricole tenue à l’EUR, Arturo Dazzi refuse de recouvrir l'armature en béton armé du monument de panneaux de plâtre temporaires puis, dans le cadre de la préparation des jeux Olympiques, décision est prise de terminer le monument. Arturo Dazzi effectue la sculpture des autres panneaux de marbre et l’obélisque est finalement inauguré le 12 décembre 1959. Les 92 panneaux composant le revêtement extérieur représentent « la danse, le chant, la prière et les animaux : une sorte d'action de grâces de l'homme et de la nature pour les découvertes extraordinaires de Guglielmo Marconi » [2].

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[1] L’entreprise publique EUR Spa gère la plus grande partie du patrimoine immobilier constitué par les monuments, palais et espaces verts du quartier et vient de créer en 2008 un nouveau palais des Congrès, la Nuvola, dessiné par Massimiliano Fuksas. Voir « EUR Spa – Patrimonio ».

[2] EUR Spa. « Obelisco a Guglielmo Marconi ».

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