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Notes d'Itinérances
20 juillet 2021

Algérie au coeur (1/42). Le sommeil de la raison engendre des monstres.

« Le sommeil de la raison engendre des monstres » [1]

  

 

En 1979 et 82, nous sommes allés en Algérie. Ce n’était pas alors très simple pour des Français de se rendre dans ce pays car la guerre d’Indépendance avait laissé des traces dans les consciences et, vingt ans après une guerre qui avait donné lieu à de nombreuses exactions de part et d’autre mais notamment de l’armée française comme des ultras de l’OAS, nous ne savions pas très bien comment nous serions accueillis. D’autant moins simple que mon épouse était née en Algérie ainsi que ses parents, qu’ils en étaient partis au dernier moment, en juillet 1962, en abandonnant les biens modestes qu’ils avaient pu se constituer comme ouvriers aux chemins de fer.

 

De plus les orientations  économiques et politiques des deux pays étaient alors divergentes : le gouvernement algérien avait nationalisé les secteurs minier et bancaire (1966), la distribution des produits pétroliers (1967), l’amont des hydrocarbures (1971) et une réforme agraire avait été promulguée en 1971. Par ailleurs, alliée de l’URSS, l’Algérie soutenait les luttes d’Indépendance et la résistance palestinienne. Après le décès de Houari Boumediene en 1979 et l’arrivée au pouvoir de Chadli Bendjedid en Algérie puis celle de François Mitterrand en France, les relations entre les deux Etats s’amélioreront légèrement. Enfin, le tourisme n’était pas une priorité économique de l’Algérie et le parc hôtelier, nationalisé, n’avait pas été développé ni même rénové depuis l’Indépendance à l’exception de quelques réalisations spectaculaires comme les villages de vacances de Tipaza et de Zéralda.

 

En 1979, nous avons choisi de résider dans le village de vacances de Tipaza, dans une formule tout compris, voyage + hébergement, afin de s’assurer des possibilités de séjour en Algérie, ajoutant des déplacements à Alger, Cherchell et Oran. La seconde fois, en 1982, nous y sommes allés en automobile en passant par Madrid, Malaga, l’enclave espagnole de Melilla sur la côte du Maroc et Nador au Maroc. Ce furent ensuite Oran, Mostaganem, Mohammadia, Miliana, Blida, Chréa, Alger, Tikjda en Kabylie, Sétif, Médéa, Tlemcen, Oujda, Melilla et le retour par l’Espagne.

 

Les textes suivants comprennent plusieurs strates : d’abord des notes de voyages de 79 et 82 reprises et complétées en 97 / 98. Ces années-là, la guerre civile algérienne a donné lieu à de nombreux attentats notamment dans des lieux que nous avions parcourus et visités vingt ans auparavant. Des encarts ont alors été ajoutés dans le texte de base, encarts qui sont des reproductions de dépêches de l’AFP parues dans la presse française au cours de ces deux années. Enfin, le texte a été complété par des notes de bas de page pour tenir compte de l’actualité, notamment après trois missions professionnelles en Algérie en 2011 et 2012.

 

Par delà une l’expérience particulière de voyage, ce texte s’efforce de rendre compte des liens importants qui existent entre nos deux pays, de l’accueil amical et chaleureux que nous y avions toujours reçu, des potentialités de visites et de tourisme en Algérie, mais aussi de notre incompréhension face à la terreur aveugle de la guerre civile algérienne des années 90.

 

Senlis, juin 2021

 


[1] L'eau-forte « El sueño de la razón produce monstruos » (Le sommeil de la raison engendre des monstres) est une gravure de la série « Los caprichos » de Francisco de Goya (1746 / 1828).

 

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