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Notes d'Itinérances
25 août 2021

Algérie au coeur (19/42). La Kabylie et Tikjda.

Une terre accidentée, résistante aux conquérants

 

 

« (Les villages kabyles) sont bâtis sur le flanc des montagnes, à des hauteurs suffisantes pour éviter l’atteinte des fièvres assez fréquentes dans les vallées, ou au sommet des pitons presque inaccessibles, si le caractère de ceux qui les ont construit était belliqueux » [1].

 

La Kabylie est une terre accidentée, avec de profondes vallées à l’aspect sauvage et au fond desquelles coulent de petites rivières. Les routes et chemins courent sur les sommets, allant de villages en villages situés sur les lignes de crête. Les maisons sont sagement alignées tout au long de l’unique rue, de chaque côté c’est le précipice. Aux flancs des massifs, les oliviers bien qu’agrippés de toutes leurs racines noueuses dégringolent vers la vallée.

 

« Les Arabes de toutes ces montagnes, depuis le Collo jusqu’auprès d’Alger, sont différents des autres. Ceux-ci n’ont ni chefs, ni nation, ni commandants. Chacun est maître et libre dans ses volontés. Ils sont, la plupart, des voleurs, ou plutôt des bêtes féroces qui habitent ces montagnes. Les Turcs ni personne n’ont pu les soumettre ; ils vivent misérablement et à leur gré » [2].

 

La Kabylie, de population berbère, est de tradition un pôle de résistance aux conquérants successifs, Romains, Byzantins, Arabes, Espagnols et Français. En 1980, la population de la Kabylie et les Berbérophones (35% de la population algérienne) en général, ont manifesté en réclamant l'officialisation de la langue berbère, le tamazight, et la reconnaissance de l'identité berbère enAlgérie [3].

 

Tikjda est une petite station de montagne, à 1500 mètres d’altitude, située au milieu du parc naturel de la chaîne du Djurdjura. La création du parc avait notamment pour objectif de protéger les magnifiques forêts de cèdres qui couvrent les flancs des massifs. Malheureusement, une grande partie de ces forêts de cèdres est partie en fumée, brûlée au napalm par l’aviation française pendant la guerre de Libération Nationale parce que ces montagnes servaient alors de repère aux « rebelles ».

 

La station est très modeste. Elle comporte quelques chalets, résidences secondaires de kabyles algérois, et un magnifique hôtel tout neuf, dans lequel malheureusement l’eau n’est distribuée qu’au rez-de-chaussée faute de pression !

 

Au crépuscule, dans la vallée de Tikjda, rôde une bande de grands chiens, à la silhouette un peu étrange, la croupe forte, nettement plus haute que le bassin, ce sont des hyènes. Avec cette bande d’hyènes traînant parmi les chalets de Tikjda, brusquement c’est l’Afrique sauvage qui réapparaît. « Au lion, au lion ! » [4] vous dis-je.

 

TIZI OUZOU. 26 Juin 1998. 
Lounès Matoub  a  été assassiné
hier à la sortie de Tizi Ouzou,
(Kabylie) vers 13h40. Le
chanteur se rendait chez lui à
Beni Douala dans la montagne
kabyle ; avec des membres  de sa
famille, lorsque  leur voiture est
tombée dans  une  embuscade  dressée
par le GIA.
 

[1] A.Prignet. « A travers l’Algérie - provinces de Constantine et Kabylie ». 1914.

[2] Jean-André Peyssonnel. « Voyage dans les régences de Tunis et d’Alger ». 1724-1725.

[3] Après de nouvelles manifestations en 2002, le tamazight a été reconnu en tant que langue nationale (2017).

[4] Alphonse Daudet. « Tartarin de Tarascon ». 1872.

 

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