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Notes d'Itinérances
12 septembre 2021

Algérie au coeur (28/42). Entre Alger et la frontière marocaine.

El Asnam – Relizane – Mascara 

 

 

A 200 km d’Alger, El Asnam [1], l’ex Orléansville, détruite une première fois le 9 septembre 1954 par un tremblement de terre, vient de l’être une seconde fois le 10 octobre 1980. Ce nouveau séisme a provoqué près de 3 500 morts, 4 500 blessés et des milliers de sans-abris suite à la destruction de 80% des bâtiments de la ville. Près de deux ans plus tard, seuls le chemin de fer et la route sont totalement rétablis. La majorité des habitants de la ville est relogée dans d’immenses camps de maisonnettes préfabriquées, alignées au cordeau dans un paysage de poussière et de pierre, sans l’ombre d’un arbre et sous un soleil impitoyable. Les machines de chantiers s’activent certes pour abattre les ruines, déblayer les gravats, tracer des routes, mais les pauvres gens vont devoir habiter encore longtemps dans leurs baraquements surchauffés [2].

 

Une centaine de kilomètres plus loin, c’est Relizane. La ville avait été fondée en 1853 dans une plaine aride, parsemée de marais pestilentiels, avec une végétation rare de tamarins, lauriers roses et jujubiers, par des colons français principalement venus de l’arrondissement du Vigan, dans le Gard. C’est aujourd’hui une petite ville dont la particularité réside dans ses dizaines de cafés-restaurants alignés comme à la parade. Alors qu’il est assez difficile de trouver en Algérie un café ou un restaurant propret et mignon, ici tous les cafés, situés les uns à côté des autres, au touche à touche, le long de l’avenue principale, arborent d’agréables terrasses avec des tables recouvertes de fraîches nappes de vichy rose ou bleu, les couverts sont mis et les serviettes en papier sont enroulées dans les verres. Ces terrasses de restaurant semblent vous dire : « Mais arrêtez-vous donc un peu ! Voyez comme nous sommes agréables et tranquilles ! Venez donc vous reposer et vous rafraîchir alors qu’il fait si chaud dans votre automobile ! ». Relizane est en effet une halte traditionnelle des chauffeurs routiers au croisement des routes d’Oran à El Asnam et de Tiaret à Mostaganem.

 

Le plus grand quotidien francophone privé du pays rapportait,
samedi 3 janvier, qu’un carnage a été commis dans trois
villages de l’ouest de l’Algérie, dans la région de Relizane,
mardi 30 décembre, premier jour du jeûne du Ramadan, écrit
le journal. En moins d’une dizaine de jours, plus de 750 civils
ont été assassinés dans des attaques similaires et autres
embuscades attribuées par la presse aux islamistes du GIA [3].
 
 
De Relizane, par Mascara, on peut atteindre Sidi Bel-Abbès (150 km) puis Tlemcen (100 km).  La plaine d’Eghris, autour de Mascara, est couverte de vignes, à perte de vue. Mais ces vignes sont assez mal entretenues, les ceps sont âgés, noueux, de nombreux pieds sont morts et laissent des espaces vides dans les alignements. Manifestement, la vigne ne reçoit plus ici les soins dont elle a besoin. Il faut dire que les débouchés sont désormais restreints pour le vin : la France limite ses importations dans le cadre de la politique agricole de la Communauté Economique Européenne (CEE) et la consommation des Algériens est anecdotique.
 
 
MASCARA. 10 janvier 1998.
 Sur une route traversant une
forêt, entre Sidi Bel-Abbès et
Mascara, un car de voyageurs
force  un  faux barrage de
police dressé par un groupe du
GIA. Bilan : deux morts et
onze blessés.
 

[1] Depuis 1982, El Asnam, ex-Orléansville, s’appelle désormais Chlef.

[2] En 2008, 18 000 sinistrés étaient encore logés dans des chalets préfabriqués (2017).

[3] Lire le très beau roman d’Olivia Elkaim. « Le tailleur de Relizane ». 2020 (2021).

 

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