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Notes d'Itinérances
20 septembre 2021

Algérie au coeur (32/42). Oran qui tourne le dos à la mer.

Un équipement hôtelier sommaire – Quartier de la Marine

 

 

Premier souci en arrivant après un voyage en train éprouvant : se loger, notamment pour pouvoir prendre une bonne douche ! L’inévitable Guide Bleu nous a déjà indiqué que les deux meilleurs hôtels de la ville, quatre et trois étoiles, mais ils sont tous les deux en réfection. Rabattons-nous sur les deux étoiles ; le premier sur la liste est le « Grand hôtel » parfaitement situé en centre ville, place du Maghreb. 

 

Nous nous y précipitons, mais il semble qu’il soit assez difficile d’obtenir une chambre à Oran, car nous sommes en plein mois d’août et les touristes, essentiellement algériens, sont nombreux. Nous finissons par obtenir une chambre et le réceptionniste nous envoie la visiter. Le « Grand hôtel » a manifestement connu son heure de gloire, mais cela fait déjà pas mal de temps : la chambre n’est pas faite, les draps pas changés, la température élevée et la propreté générale douteuse.

 

Nous rendons la clef au réceptionniste et partons à la recherche d’un hypothétique autre hébergement, en traînant nos bagages sous la chaleur. Rendus prudents par cette première expérience, et rêvant d’une chambre propre et fraîche, avec des sanitaires et une douche qui fonctionnent, nous nous résignons à aller dans le meilleur hôtel de la ville, non signalé par le Guide Bleu, le « Timgad ». Ex Grand Café Riche, c’est un hôtel récent, à la façade constituée de bandes de carreaux bleus et de peinture blanche, situé dans une des plus grandes artères de la ville, le boulevard Emir Abd-El-Kader, ex boulevard Clemenceau. L’addition est salée, mais nous pouvons nous reposer d’un voyage particulièrement pénible, nous décrasser et attendre dans une chambre climatisée que les ardeurs du soleil s’estompent pour aller visiter la ville.

 

 « A première vue, Oran est, en effet, une ville ordinaire et rien de plus qu’une préfecture française de la côte algérienne.

La cité elle-même, on doit l’avouer est laide » [1].

 

Les Oranais reprochent encore à Camus d’avoir été si dur dans son appréciation sur leur ville. Pouvaient-ils s’attendre à autre chose de la part d’un « algérois », les deux villes s’étant toujours mises en concurrence ? Si toute la ville d’Alger est tournée sur la baie et si ses rues descendent naturellement vers la mer, l’urbanisme moderne d’Oran semble au contraire ignorer la mer. C’est que la situation géographique est bien différente : Alger est située dans un vaste amphithéâtre de collines, Oran s’étale sur un plateau qui tombe dans la mer par des falaises abruptes.

 

 « (Oran) s’est greffée sur un paysage sans égal, au milieu d’un plateau nu, entouré de collines lumineuses, devant une baie au dessin parfait. On peut seulement regretter qu’elle se soit construite en tournant le dos à cette baie et que, partant, il soit impossible d’apercevoir la mer qu’il faut toujours aller chercher » [2].

 

Si le centre ville d’Oran, construit au début du siècle, est éloigné de la mer et n’ouvre pas sur une perspective maritime comme Alger, le quartier de « la Marine » d’Oran est toutefois un amphithéâtre, mais exigu, ouvert dans une brèche des falaises du plateau. Il débouche sur le vieux port, transformé en port de pêche après la construction de la grande jetée. C’est le quartier le plus ancien d’Oran, où vivaient les populations d’origine espagnole. C’était un quartier pauvre et il est aujourd’hui plus dégradé encore, le petit kiosque à musique de la place de la République n’a conservé que ses arcades de fonte, sa toiture de bois est partie en lambeau. Coincé entre le ravin de l’oued Rehi et le massif du Mudjardo, l’espace était étroit et, pour s’agrandir, Oran devait coloniser le plateau où elle pouvait alors étaler ses nouveaux quartiers.

 


[1] Albert Camus. « La peste ». 1947.

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