Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
24 octobre 2021

La traversée de Rome par le Corso (7/26). Le Corso et la maison de Goethe - Rione Campo Marzio.

Quand Rome était l’université de Goethe et du monde

 

 

Stendhal jugeait la rue du Corso étroite, humide et sentant le chou pourri, mais néanmoins « la plus belle de l’univers » par la qualité de ses monuments ! On n’y voit plus désormais de population misérable, en haillons, encore moins de galériens enchaînés nettoyant la rue, mais une suite ininterrompue de boutiques de luxe, ce luxe romain qui se montre sans ostentation où la pureté de la ligne, de la coupe, est toujours remarquable. La via Lata sera rebaptisée « Corso » du fait des courses de chevaux qui s’y déroulaient pour le carnaval [1]. En dehors des temps de Carnaval, le Corso était envahi, chaque fin d’après-midi, par les voitures des puissants, des ambitieux ou des aigrefins divers, pour se montrer, saluer ses connaissances et protecteurs, apprécier les jolies femmes et faire sa cour aux uns comme aux autres.

 

« Le plus commun exercice des Romains, c’est se proumener par les rues ; et ordinairement l’entreprise de sortir du logis se fait pour aller seulement de rue en rue sans avois où s’arrester ; et y a des rues plus particulièrement destinées à ce service » [2]

 

Au n°18 de la via del Corso, la résidence de Goethe est transformée en musée (photo). Le poète y séjourna de 1786 à 1788 et il y écrivit une partie de son livre « Voyage en Italie ». A Rome, il visite sites et musées, cornaqué par Johan Joachim Winckelmann, fondateur de l'histoire des arts et auteur d'un traité pour l'imitation de l'Antique. Il se promène dans la campagne romaine, suit des leçons d'anatomie et fréquente les ateliers des peintres allemands.

 

« En Italie ! En Italie ! Paris sera mon école, Rome mon université. Car c'est vraiment une université ; qui l'a vue a tout vu ».

 

Outre des souvenirs du voyage de l’écrivain à Rome, le petit musée présente une exposition sur le voyage en Italie ainsi que des expositions temporaires [3]. L'exposition permanente de la maison de Goethe est dédiée au voyage du poète en Italie, à sa vie et son écriture à Rome. Le visiteur peut découvrir de nombreux aspects de la vie quotidienne des artistes dans le fameux appartement du Corso. Avec des lettres et des journaux intimes de Goethe, des dessins et des croquis de Tischbein - où apparaît un Goethe détendu et heureux, bien loin de la vie d'un ministre des Finances à Weimar qu’il avait fini par fuir en catimini et en se cachant !

 

En face du musée Goethe est situé, au numéro 518, un bâtiment de la fin du XVIIIe siècle, le Palazzo Rondanini. Ce palais intègre le bâtiment qu’avait fait ériger à cet emplacement, à la fin du XVIe siècle, le Cavalier d’Arpin (ou Guiseppe Cesari, 1568 / 1640), peintre maniériste. Le palais a été acheté par les Rondanini en 1744 qui l’ont fait agrandir par Gabriele Valvassori en incorporant d’autres bâtiments afin d’abriter une importante collection d’art et d’antiquités, dont une Pietà inachevée de Michel-Ange. La façade se particularise par l’existence de portails jumeaux, encadrés chacun de colonnes, et surmontés d’un grand balcon. Les fenêtres du premier étage sont décorées de frontons courbes. Une grande corniche couronne le bâtiment. La cour du palais présente un nymphée, construit en 1764, composé d'une grande perspective avec trois niches, nymphée avec des statues anciennes d’origines diverses. Dans la niche centrale se dresse la statue de Dionysos soutenant un grand thyrse (sceptre) de bronze. À ses pieds, une panthère verse de l'eau de sa bouche dans un bassin. La niche de droite est occupée par la statue de Vénus qui apparaît devant une valve ouverte posée sur des rochers sur lesquels est assis un putto. Aux pieds de Vénus, apparait la tête d’un dauphin. Dans la niche de gauche est située une statue d'Apollon avec, à ses pieds, une lyre d'un côté et un serpent de l'autre. Le Palazzo Rondanini appartient désormais à la Banca Monte dei Paschi di Siena [4].

 


[1] Voir le récit qu’en fait Goethe dans « Le carnaval romain » (1789) et Alexandre Dumas dans « Le Comte de Monte-Cristo ». 1844 / 1846.

[2] Michel de Montaigne. « Journal de voyage – 1580 / 1581 ».

[3] Voir Casa di Goethe. Visites de 10h à 17h30. Fermé le lundi.

[4] Le Palazzo Rondinini est ouvert les premiers dimanches d'octobre, dans une initiative appelée « Invito a Palazzo » qui permet la visite des bâtiments historiques hébergeant des banques ou des fondations d’origine bancaire.

 

Liste des promenades dans Rome - liste des articles sur la traversée de Rome par le Corso

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 314