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Notes d'Itinérances
7 février 2022

Emilie - Romagne (4/28). Bologne - La cathédrale San Petronio.

La ligne méridienne - Les fresques de la chapelle Bolognoni

 

 

L’église est dédiée à saint Pétrone, évêque au Ve siècle et saint patron de la ville. C’est la plus grande église gothique de brique, la quinzième plus grande église au monde avec ses 132 m de longueur, 60 m de largeur et 45 m de hauteur (la cathédrale d’Amiens ne fait « que » 42,3 m). La prétention des édiles et architectes était de dépasser par sa taille la basilique Saint-Pierre de Rome. Bien que la construction de la basilique ait débuté en 1390, la façade, commencée dans la première moitié du XVIe siècle, reste inachevée.

 

« On y avait commencé un portail gothique, qu’on a eu le bon esprit de ne pas continuer. (…) Mais ce qu’il y a de principal est la fameuse ligne méridienne tracée sur le pavé par Cassini laquelle, tant qu’elle existera, servira de règle aux astronomes à venir pour mesurer l’obliquité de l’écliptique » [1].

 

Une ligne méridienne est déterminée en enregistrant, chaque jour à midi, la position d’un rayon de soleil sur le sol de l’église à partir d'un petit trou placé haut dans le mur. La hauteur du soleil étant différente chaque jour de l'année, la position au sol du rayon de soleil est légèrement différente ce qui permet de déterminer avec précision la durée de l’année. Au solstice d’été, le soleil est au zénith et ses rayons frappent la ligne méridienne au plus près du mur, et inversement au solstice d’hiver. En 1650, il est décidé d’agrandir l’église et la première méridienne est détruite. Gian Dominico Cassini, professeur de mathématiques à Bologne, est chargé d’établir la nouvelle méridienne qui est placée à gauche dans la nef et se termine près du mur de façade. Cette méridienne a permis de démontrer que l’obliquité de l’axe de rotation de la terre diminue, que la vitesse de la terre augmente quand elle s’approche du soleil. Une nouvelle restauration, en 1776, a remplacé les marbres, la ligne méridienne par du laiton et les signes du zodiaque. 

 

Entre 1408 et 1415, Giovanni di Pietro Falloppi, dit Giovanni da Modena, a peint les fresques de la seconde chapelle à gauche de la nef, la chapelle Bolognini. Il a représenté des épisodes de l'histoire des Rois mages, des scènes de la vie de San Petronio et le Paradis et l’Enfer selon Dante. A droite, dans une série de huit images, sont dessinés les Rois mages qui découvrent l'étoile du berger et se mettent en route. Guidés par l'étoile, ils arrivent en terre sainte où ils rencontrent le roi Hérode à Jérusalem. Celui-ci consulte ses sages et les Mages quittent Jérusalem. A Bethléem, les mages se prosternent devant l'enfant Jésus et sa mère Marie, puis retournent dans leurs pays en bateau. Sur le mur de face sont figurées des scènes de la vie de San Petronio. En haut, la rencontre avec le pape Célestin à qui il délivre le message de l'empereur Théodose Ier. En dessous, son entrée dans Bologne depuis Constantinople. Au-dessous, quatre miracles accomplis par le saint. Les deux épisodes du bas décrivent le voyage en terre sainte pour chercher le corps de saint Florian et son retour à Bologne. 

 

A gauche, deux images superposées décrivent le paradis et l'enfer. En haut, la sainte Trinité et le couronnement de la Vierge et, en-dessous, les saints qui chantent la gloire de Dieu. L'archange Michel assure la transition entre paradis et enfer. Dans l'enfer (photo), qui occupe la partie basse, les damnés sont punis tel que Dante le décrit dans La divine comédie [2]. Les sept péchés capitaux commis par les damnés sont signalés chacun par un petit drapeau : les luxurieux sont embrochés, les envieux traversés de flèches, les gourmands forcés à avaler un flux d'or en fusion… Un Lucifer poilu, à deux têtes, dévore les damnés. Cette gigantesque fresque, organisée selon le même schéma qu’au Campo Santo de Pise, avec un enfer compartimenté en sept zones correspondant aux sept péchés capitaux et, au centre, un énorme Satan dessiné plus grand que la Vierge et la sainte Trinité, est représentative de la façon dont on se représentait alors l’enfer comme un lieu de supplices physiques extrêmes [3].

 

A Bologne, le président de Brosse néglige le Moyen-âge, comme plus tard Stendhal et Goethe qui ne s’intéresseront qu’aux tableaux du Guide et des Carrache. Autres temps, autres centres d’intérêt.

 


[1] Président De Brosse. « Lettres d’Italie ». 1740.

[2] Dans la fresque représentant l’enfer, à droite, au-dessus de Satan, Mahomet y serait allongé et torturé. Deux tentatives d’attentats contre cette fresque ont été déjouées en 2002 et 2006.

[3] Yves Christe, Jérôme Baschet. « Les justices de l'au-delà. Les représentations de l'enfer en France et en Italie (XIIe-XVe s.) ». In « Cahiers de civilisation médiévale ». 1995.

 

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