Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
15 mars 2022

Emilie - Romagne (22/28). Parme - Baptistère et images religieuses.

L’image au service de l’église catholique

 

 

Le baptistère de Parme est un magnifique édifice à plan centré, de forme octogonale, dont la construction a commencé en 1196 mais ne s’est terminée qu’en 1270 par suite de conflits armés entre Guelfes et Gibelins (1229 / 1259), conflits qui n’ont pas permis d’obtenir les marbres blanc et rose de Vérone dont il est constitué en bandes alternées. Le rez-de-chaussée, comportant trois grands portails en arcs en plein cintre évasés, est dominé par quatre couronnes de loggias-ouvertes à fines colonnettes. Au début du XIVe siècle, le baptistère sera surmonté d’une cinquième galerie aveugle. Les tympans des trois portails sont sculptés, évoquant la Vierge, le Jugement dernier et la Vie. Ce dernier illustre un épisode de la légende de la vie de Barlaam et Josaphat, une légende qui serait d’origine bouddhique et largement diffusée au Moyen-Âge par laquelle le fils d’un roi, Josaphat, se convertira à la religion chrétienne malgré les tentatives de son père pour l’en détourner.

 

En entrant dans le bâtiment, le visiteur passe d’une structure octogonale, à une structure hexadécagonale, à seize côtés délimités par de fines colonnettes murales se poursuivant par des saillants dans la coupole. Si l’extérieur porte plutôt la marque du roman, l’intérieur présente plutôt celui du style gothique. 

 

« Sachez que trois raisons ont présidé à l'institution des images dans les églises. En premier lieu, pour l'instruction des gens simples, car ceux-ci sont enseignés par elles comme par des livres. En second lieu, pour que le mystère de l'Incarnation et l'exemple des Saints puissent mieux agir dans notre mémoire en étant exposés quotidiennement à notre regard. En troisième lieu, pour susciter un sentiment de dévotion, qui est plus efficacement excité au moyen de choses vues que de choses entendues » [1].

 

À l’exception de deux niveaux de galeries internes, la totalité des parois du baptistère est recouverte de fresques du XIIIe au XVe siècles. Au bas des murs sont situées seize niches dont trois sont occupées par des portes. Les autres sont décorées de fresques votives des XIVe et XVe siècles, un baptême du Christ, une Vierge à l’enfant, sainte Catherine, saint Georges… Les tympans des différentes niches sont ornés de statues représentant un Christ en gloire, une présentation au temple, le roi David jouant de la musique, une Annonciation, la fuite en Égypte, mais généralement un ange dans différentes actions. Enfin, au-dessus des tympans sont sculptés les signes du zodiaque en bas-reliefs. Au-dessus courent deux étages de galeries intérieures. Les fresques de la coupole, du XIIIe siècle sont disposées sur quatre niveaux, le premier consacré au cycle d’Abraham, le second à la vie de saint Jean-Baptiste, le troisième au Christ, à la Vierge et aux prophètes, le dernier aux apôtres.

 

Si la Bible interdit toute représentation humaine ou divine, le christianisme justifie le recours aux images religieuses. Elles doivent permettre aux illettrés de connaitre les éléments des Saintes écritures. Le Concile de Nicée, en 787, confirme le rôle des images religieuses et affirme qu’elles ne peuvent être assimilées à des idoles, mettant ainsi fin à la crise iconoclaste [2]. Pendant le Moyen Age les peintures et dessins sont presque exclusivement religieux, l’Église étant le principal, sinon le seul, commanditaire des artistes, ce qui explique la prédominance des images pieuses. Les images profanes ne se multiplient qu’à partir du XVe siècle avec le développement d’une classe aisée et cultivée.

 

En 1517, Martin Luther condamne les images religieuses dans ses 95 Thèses. Il prendra ensuite position pour leur maintien, à condition qu’elles ne soient pas adorées ; ni bonnes, ni mauvaises, elles peuvent être utiles. Le concile de Trente (1545 / 1563), convoqué dans le cadre de la Contre-Réforme, réaffirme dans sa dernière séance, l’importance des images pour instruire les fidèles dans le respect du dogme, proposer des modèles pour la méditation et émouvoir [3]. Les images religieuses serviront massivement à la propagande de l’Église catholique contre la montée du protestantisme en Europe. 

 


[1] Giovanni Balbi, dit Jean de Gênes. « Catholicon ». 1286. Cité par Michael Baxandall. « L'œil du Quattrocento ». In « Actes de la recherche en sciences sociales ». Vol. 40, novembre 1981.

[2]  La destruction des images religieuses figuratives avait été ordonnée par des empereurs byzantins au motif qu’elles favorisaient l’idolâtrie.

[3] Marie Viallon. « Le concile de Trente et l’art ». HAL. 2009. 

 

Liste des articles sur l'Emilie-Romagne

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 988 537