Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
9 mai 2022

Borgo - Au pied du Vatican (11/16). Le Vatican - La basilique Saint-Pierre.

Un chantier aux choix évolutifs

 

 

C’est bien sûr la basilique Saint-Pierre qui est le joyau du lieu, joyau auquel tous les grands noms de l’architecture de la Renaissance participèrent de 1506 à 1626, de Bramante à Carlo Maderno, en passant successivement par Sangallo l’ancien, Raphaël, Baldassare Peruzzi, Sangallo le jeune, Michel-Ange, Giacomo Barozzi Vignola, Giorgio Vasari, Domenico Fontana et Giacomo Della Porta ! Leurs interventions successives permirent finalement de finaliser et d’inaugurer la basilique qui devenait le plus vaste monument couvert au monde : 23 000 mètres carrés (Notre-Dame de Paris en compte 6 000 et Sainte-Sophie d’Istanbul 10 000). 

 

Dévastée par les incendies, les tremblements de terre, les pillages et l’absence d’entretien, la basilique de Constantin menaçait ruine et Jules II della Rovere (1503 / 1513) décida de la construction d’un nouvel édifice. En croix grecque (croix dont les quatre branches ont la même longueur et se croisent en leur milieu) ou en croix latine (croix dont la branche inférieure est plus longue que les autres) ? Outre le fait que les architectes de la Renaissance recherchaient la symétrie dans des plans carrés ou ronds, la croix grecque symbolise l’église universelle et la perfection divine. La croix latine symbolise, elle, le sacrifice du Christ. Le projet de Bramante avait un plan à croix grecque, modifié par Raphaël qui préférait une basilique à croix latine, contredit par Peruzzi qui était retourné à la croix grecque ! Finalement Maderno réalisa une basilique en croix latine afin que le sol de l’ancienne basilique, qui avait été sanctifié, soit intégré dans l’emprise du bâtiment. 

 

Les choix furent aussi difficiles pour la réalisation du dôme. Bramante et Sangallo avaient choisis une forme ronde semblable à celle du Panthéon, construit en béton de tuf pour en alléger le poids, et dont les poussées étaient contrecarrées par une base renforcée avec un court tambour. Quand Michel-Ange se voit confier la réalisation du projet, les piliers seuls étaient montés. Il transforma le projet en s’inspirant de Santa Maria del Fiore, de Florence, en choisissant de monter une coupole à deux coques, de forme ovoïde pour mieux maîtrisées les poussées, confortées par seize arrêtes de pierre. A la différence du dôme de Florence, la coupole sera montée traditionnellement sur un cintre lequel comprenait pas moins de 1 100 poutres !

 

Avant d’entrer dans la basilique, il faut encore dire un mot d’une autre œuvre du Bernin laquelle a heureusement disparu : son campanile. Aussi curieux que cela puisse nous paraître aujourd’hui, Carlo Maderno, qui avait été chargé par Paul V de prolonger la nef en croix latine, avait prévu de terminer l’édifice par deux campaniles au-dessus du vestibule de la basilique, de part et d’autre de la façade, pour en casser l’horizontalité. Pour des raisons d’économie un seul des deux campaniles, une tour de deux étages ornée de colonnes et surmontée d’une pyramide, fut réalisé par Le Bernin de 1637 à 1642 [1]. Il fut détruit très peu de temps après (en 1645) sous plusieurs prétextes : sa construction aurait comporté des défauts, la façade de la basilique aurait présenté des fissures suite à son érection et les comptes du Bernin auraient été embrouillés ! Précisons que son grand concurrent, Borromini, alors revenu en « odeur de sainteté », faisait partie de la commission papale chargée d’étudier la situation et de faire des propositions de solutions auprès d’Innocent X Pamphili (1644 / 1655). La solution préconisée par la commission était simple et radicale : démolir ! On démolit donc. 

 

Il est vrai que l’idée de clochers pour la basilique Saint-Pierre peut nous apparaître assez étrange, modifiant les équilibres des différents volumes auxquels nous nous sommes habitués : masse arrondie du dôme et horizontalité de la façade. Je n’ai trouvé qu’une seule illustration de la façade avec le campanile du Bernin [2], alors même que l’on trouve assez facilement des dessins du Panthéon affublé lui aussi de ses campaniles berniniens (les fameuses « oreilles d’âne du Bernin »). Il faut dire que ces derniers sont restés en place beaucoup plus longtemps, 248 ans (1634 / 1882, contre 3 ans, de 1642 à 1645 pour Saint-Pierre) ; les peintres et même les photographes avaient eu le temps d’en fixer les lignes.

 


[1] Antoine Chrysostôme Quatremère de Quincy. « Histoire de la vie et des ouvrages des plus célèbres ». 1830.

[2] Gravure de J.Silvestre. Le campanile en construction. Giovanni Morello. « La Città del Vaticano », In « I Rioni et I Quartieri di Roma ». 1990.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans le rione de Borgo.

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 395