Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
15 mai 2022

Borgo - Au pied du Vatican (14/16). Santo Spiroto in Sassia et la Porta San Spirito.

Le Borgo San Spirito, le quartier des Saxons

 

 

Côté Rome, les ailes des deux bâtiments qui encadrent la via della Conciliazione voulaient apparaître comme une porte monumentale, façon propylées, encadrant le vaste espace ouvert de la place Saint-Pierre. Après la destruction de la spina du Borgo par le gouvernement fasciste de Mussolini, elles devaient permettre de conserver partiellement l’effet théâtral de la découverte par les visiteurs empruntant la majestueuse Via della Conciliazione, du large espace ouvert, lumineux et ordonné de la place Saint-Pierre et de la basilique. Elles marquent également la limite symbolique de la Cité du Vatican.

 

« Pour soutenir la grandeur du régime il faut donc dégager la ville de la gangue architecturale qui rappelle les heures sombres de l’histoire italienne. Cela se concrétise, dans la capitale, par la démolition des bâtisses médiévales témoins du repli politique et économique de la ville. Si les projets titanesques n’ont pas tous été réalisés pour que Rome apparaisse « à tout le monde, merveilleuse, vaste, ordonnée, puissante comme au temps d’Auguste », des quartiers entiers ont disparu entre 1924 et 1938 » [1].

 

En sortant de la place Saint-Pierre, à droite, le borgo San Spirito conduit à l’église et à l’hôpital du même nom car les ambitions mussoliniennes de remodelage du quartier ont brusquement été limitées avec la guerre.

 

Le roi des Saxons, Ina, construisit au VIIIe siècle la « schola Saxorum », un établissement accueillant les pèlerins saxons sur la tombe de saint Pierre. L’établissement fut complété au XIIe siècle d’une nouvelle église, « Sassia dalla schola ». Le sac de Rome, en 1527, endommagea l'église qui fut reconstruite (1545) par Antonio da Sangallo le Jeune ou par Baldassarre Peruzzi. La façade, peut-être d’Ottaviano Mascherino d'après un dessin de Sangallo, est très sobre, découpée en deux niveaux horizontaux avec des pilastres à chapiteaux corinthiens divisant le niveau inférieur en cinq parties et le niveau supérieur en trois. Entre les pilastres s’intercalent des niches vides, avec une coquille Saint-Jacques dans sa conque. Une grande fenêtre circulaire s'ouvre au centre du second niveau et des niches sont disposées entre les différents pilastres.

 

L'intérieur de l’église est constitué d'une simple travée centrale avec cinq chapelles de chaque côté. Les murs sont couverts de fresques de plusieurs peintres des XVIe et XVIIe siècles. Un clocher élégant est juxtaposé à l’arrière de la nef. Il a été achevé en 1477 sur un projet de Baccio Pontelli. C’est une tour de briques, carrée, comprenant quatre niveaux de fenêtres, couplées deux par deux. Chaque fenêtre, surmontée d’un arc en plein cintre, est composée d’une double ouverture avec une colonnette centrale de marbre blanc à chapiteau ionique. 

 

A droite de l’église San Spirito in Sassia, la via dei Penitenzieri conduit à la Porta Santo Spirito (photo), une des portes du mur d’enceinte de la cité vaticane construit par le pape Léon IV (847 / 855). Elle est située derrière l'hôpital du même nom. C’est l'une des plus anciennes portes du mur d'enceinte étant contemporaine de la construction des murs, autour de l’an 850.

 

La structure de la porte a subi plusieurs restaurations et agrandissements notamment au début du XVIe siècle à la demande du pape Alexandre VI Borgia (1492 / 1503) mais surtout, quarante ans plus tard, du pape Paul III Farnèse (1534 / 1549). Souhaitant se prémunir d’éventuelles attaques sarrasines, Paul III voulut moderniser les fortifications en tenant compte de l’utilisation désormais générale de l’artillerie en s’appuyant sur les conseils de Michel-Ange et d’Antonio da Sangallo le Jeune. Da Sangallo élabora une grande porte destinée à servir d'entrée monumentale au Vatican à partir du Trastevere, par la Porta Settimania et la Via della Lungara. Côté extérieur, la porte devait comprendre, de chaque côté, deux colonnes encadrant des niches afin d’accueillir des statues de saints (photo). Mais Antonio da Sangallo décède en 1546 et c’est Michel-Ange qui a été chargé de terminer le projet de son rival. Faute de pouvoir le démolir, il aurait délibérément laissé le projet inachevé ! 

 


[1] Colette Vallat. « Villes neuves de l'Italie fasciste : usage et limites d'un outil de propagande ». In «  Histoire urbaine ». vol. 4, n° 2, 2001.

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 314