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Notes d'Itinérances
22 juin 2022

Parione - Entre Campo dei Fiori et Place Navone (17/21). Via del Governo Vecchio.

Ou Via Papalis - Une des plus vieilles rues de Rome

 

 

Le nom de la rue (rue de l'ancien gouvernement), est issu de l’existence du siège du gouvernement papal dans le Palazzo Nardini. Quand, en 1741, le gouvernement a été transféré au Palazzo Madama, les habitants du quartier ont continué à désigner le palais par son ancienne fonction. Avant, le nom de la rue était « via Parionis », ou « di Parione » (à ne pas confondre avec la rue qui longe le palais sur sa gauche), mais cette voie était aussi appelée « via Papalis » à cause des processions qui y étaient organisées de Saint-Pierre à San Giovanni in Laterano lors de la « prise de possession » de cette basilique par le pape nouvellement élu et dont il est l’évêque.

 

Au n°39 de la via del Governo Vecchio, Stefano Nardini, archevêque de Milan, a donc fait construire, sur la recommandation du pape Sixte IV della Rovere (1471 / 1484), un bâtiment pour les fonctions qu'il occupait, le Gouvernorat de Rome, en incorporant des bâtiments préexistants. Le noyau le plus ancien est situé Via della Fossa, près de trois tours médiévales, puis incorporé vers 1748 dans la nouvelle aile du bâtiment (n°39) [1]. Le palais se développe autour d'une grande cour à arcades avec une loggia sur trois côtés avec un imposant portail en marbre sur la rue. Le bâtiment a connu de très nombreuses attributions, couvent, hospice, gouvernorat de Rome, tribunal, avec des modifications successives notamment au XIXe siècle sur les via del Corallo et via di Parione rendant difficile sa lecture historique. Dans les années 1970 enfin, comme Casa delle Donne (Maison des Femmes) il a joué un rôle dans le débat national sur les droits des femmes. Les 5 000 mètres carrés de salles, halls, escaliers, galeries ont ensuite été abandonnés.  Acheté en 2003 par la Région du Latium, le palais est soumis, en 2018, à une contrainte de protection par la Surintendance de l'archéologie, des Beaux-Arts et du Paysage de Rome ; il bénéficie désormais d’interventions conservatoires et de restaurations[2].

 

A gauche, le premier étage de la maison du n°57 aurait été le théâtre de phénomènes fantastiques en 1861 : des assiettes qui volent, des chaises qui bougent, des bouteilles qui s'écrasent sur les murs, des bruits de chaînes ou de chats noirs aux yeux de feu descendant de la cheminée ! Le soufre, utilisé par un prêtre pour chasser le démon, l’aurait au contraire contrarié, accentuant ses manifestations. La famille, effrayée, aurait quitté la maison après en avoir fermé portes et fenêtres [3].

 

Au n°48 le palais Sassi-Fornari, a été construit au XVe siècle. Le portail porte encore les armes des Sassi formées d’une tête de lion et par les bandes dans la partie inférieure. En dessous, deux tables d'appoint portent encore les mots " DOM " et " SAX ". La propriété passa aux Fornari et le bâtiment fut restauré au XIXe siècle. Dans le hall d'entrée une plaque indique " RAPHAELI SANCTIO QUAE CLARUIT DILECTA HIC FERTUR INCOLUISSE » (« Ici vivait celle qui est devenue célèbre parce qu'elle était aimée de Raffaello Sanzio »). Il ne s’agit vraisemblablement pas de La Fornarina, rendue célèbre par un tableau de Raphaël, car celle-ci habitait plus vraisemblablement le Trastevere.

 

A droite, la façade du n°104, du XVe siècle, est décorée de médaillons contenant des portraits de juristes, et des décors de feuillages et de masques aux linteaux des fenêtres. Le bâtiment appartenait à l'avocat de la curie Bartolomeo de'Dossi. Un oculus entouré de festons surplombe la porte, sur l'architrave de laquelle se trouve un tableau de l'Archiconfrérie des Sacrés Stigmates de Rome. La corniche est également très belle, décorée de têtes, de coquilles et de rosaces. 

 

Au numéro 66 se trouve la maison considérée comme la plus petite de Rome, composée d'un seul étage et d'une seule fenêtre dominée par une terrasse. Aujourd'hui, la porte est constituée d'un magasin car elle a ensuite été intégrée au bâtiment adjacent.

 


[1] Ministero della Cultura. Segretariato Regionale per il Lazio. « Palazzo Nardini : un edificio storico nel cuore di Roma ». 2018.

[2] Suite au projet d’une entreprise privée de transformer le bâtiment en complexe d’habitation de luxe, le Conseil d’État a jugé, en juillet 2020, que le bien était aliénable ! A suivre…

Vittorio Emiliani. « Palazzo Nardini la perla del '400 si può vendere ». La Repubblica. 03/07/2020.

[3] Il se raconte que la maison ne serait pas inscrite au bureau d'enregistrement foncier de la ville et que le propriétaire n’aurait donc pas à payer d’impôts… Mais volets et fenêtres de l’étage sont désormais ouverts !

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Parione

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