Esquilino et Monti sud - Sur le chemin des processions (4/14). Le palais du Latran.

Le premier palais des papes - Un nouveau palais Renaissance

Le palais du Latran (Palazzo Laterano) était un ancien palais de l'Empire romain, construit sur la propriété d'une famille romaine, les Laterani. Il fut, pendant plus de dix siècles, la résidence principale des papes ce qui signifie un millénaire de constructions, de modifications, de dégradations, de restaurations et de remaniements divers. De fait, nous en connaissons mal la structure faute de sources d’information : plans et descriptions datent d’après sa démolition totale [1] ! En 1305, les conflits entre familles romaines dissuadent le nouveau pape, Clément V de Got (1305 / 1314), de s’installer à Rome et il établit la papauté en Avignon (1309 / 1377). Le XIVe siècle est alors une période noire pour le palais et deux incendies, en 1307 et 1361, y font des dégâts majeurs. En 1377, Grégoire XI de Beaufort (1371 / 1378), retourne s’installer à Rome, mais le palais du Latran est dans un tel état de délabrement qu'il s'établit d’abord à la basilique Sainte-Marie-Majeure avant de se fixer au Vatican. En 1586, Sixte V Peretti (1585 / 1590) fait détruire les restes des bâtiments antiques et médiévaux, à l’exception de la Sancta Sanctorum, pour faire construire un nouveau palais comme résidence d'été de la cour papale.

Le palais, érigé par Domenico Fontana, s’inspire du palais Farnèse. De plan rectangulaire, avec une cour intérieure entourée de loggias à trois ordres superposés, il possède trois façades extérieures, la quatrième étant adossée au côté droit de la basilique. Construites dans des formes plus sobres, typiques de la période de la Contre-Réforme, chacune de ses façades possède un grand portail surmonté d'un balcon. Deux de ces balcons portent les armoiries du pape Sixte V Peretti et le troisième celles de Clément XII Corsini (1730 / 1740). Le rez-de-chaussée présente de grandes fenêtres architravées et des petites fenêtres en dessous ; aux premier et second étages, les fenêtres sont à pignons courbes et triangulaires alternés. Au sommet se trouve un belvédère rectangulaire à colonnes. Un escalier monumental mène aux salles du palais de l’étage noble lesquelles sont illustrées de peintures de facture maniériste et de tapisseries des Gobelins représentant des épisodes de l'histoire de la Rome impériale et chrétienne (Constantin…) et de l'Ancien et du Nouveau Testament (Les Prophètes, David et Goliath, les rois David et Salomon, Judith et Holopherne…) [2].

Plutôt qu’au nouveau palais du Latran, les papes ont préféré s’installer au Vatican (d’où il était possible, en cas de conflit, d’aller se réfugier au château Saint-Ange) et, en été, au palais du Quirinal (dont l’air était jugé plus frais et sain). Si les Pontifes n’y vivent plus, le palais reste néanmoins le siège du patriarcat : dès leur élection, chaque pape va « prendre possession » du Latran, siège de l’évêché de Rome. Le palais a eu différentes utilisations au cours des siècles : il a servi d'hôpital, d'hospice, d'archives de l'État pontifical et de siège du Musée grégorien. En 1960, le pape Jean XXIII fait transférer le musée au Vatican, attribuant le palais du Latran au siège du Vicariat après d'importants travaux de restauration. Depuis 1987, l'étage noble est le siège du Musée historique du Vatican. C’est au palais du Latran qu’ont été signés, le 11 février 1929, dans la Sala della Conciliazione (photo), les Accords du Latran entre le Saint-Siège, représenté par le secrétaire d'État du pape Pie XI Ratti (1922 / 1939), et l'État italien, représenté par le président du Conseil des ministres, Benito Mussolini. Ces accords mettaient fin au problème de l’annexion de Rome, en 1870, par la monarchie italienne, annexion qui était toujours refusée par la papauté. La souveraineté temporelle du pape est désormais limitée au seul territoire du Vatican (44 ha). Par contre, l’État italien faisait de la religion catholique, apostolique et romaine, la seule religion de l'État italien [3] : les mariages catholiques valaient au civil, le divorce était interdit, l'enseignement religieux catholique était obligatoire à l’école, et les prêtres percevaient un salaire de l’État. Le palais du Latran fait partie intégrante de l'État de la Cité du Vatican et jouit de privilèges extraterritoriaux.

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[1] Pierre-Yves Le Pogam. « De la « Cité de dieu » au « palais du pape » ». L’École française de Rome. 2005.

[2] Depuis décembre 2021, le palais est ouvert à la visite, guidée par les Sœurs missionnaires de la Révélation divine. L'accès au palais du Latran comprend également la visite des quatre pièces de l'appartement privé du pape. Du lundi au samedi, sauf mercredi, de 10h00 à 12h00. Sur réservation : Info palazzolateranense.

[3] L'accord de la Villa Madama, en 1984, révise les accords du Latran en mettant fin au statut particulier de la religion catholique qui n'est désormais plus religion d'État en Italie. 0,8% des impôts sur les revenus est reversé aux communautés religieuses reconnues sur la base du choix de chaque contribuable.

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