Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
24 juillet 2022

Esquilino et Monti sud - Sur le chemin des processions (12/14). Le jardin et la Villa Wolkonsky.

Une petite maison de campagne pour une poétesse russe de langue française

 

Rome Esquilino Villa Wolkonsky aqueduc

Dans les années 1830 / 1860, la villa Wolkonsky était la propriété de la princesse russe Zinaïda Alexandrovna Volkonskaïa, poétesse de langue française [1] et épouse d'un aide de camp du tsar Alexandre Ier. Son salon était fréquenté par de nombreux artistes de renom dont Stendhal ou Walter Scott. Nicolas Gogol y a écrit une grande partie des « Âmes mortes ». 

Le domaine, alors beaucoup plus vaste, a été acheté en 1830 à des membres de la famille Massimo. Cette zone était composée de très grandes propriétés rurales appartenant à la noblesse romaine. Ces grandes familles y possédaient une villa, ou un casino, où elles venaient passer les chaudes heures d’été hors de la touffeur du centre-ville. Zinaïda Volkonskaïa a chargé l’architecte Giovanni Azzuri de concevoir une petite maison pour se retirer, en été, de ses appartements romains. Il faut dire qu’ils étaient situés dans le palais Poli sur lequel est adossée la fontaine de Trevi, laquelle était aussi assez fréquentée à l’époque mais par les couches populaires de Rome qui venaient y puiser de l’eau. 

Azzuri a construit, au milieu des arches de l’aqueduc, « una piccola cassetta, davanti alla quale allestì un bellissimo giardino decorato da un milione di rose »[2]

Zinaïda Volkonskaïa a créé un grand jardin romantique, agrémenté par les trente-six arches de l’aqueduc de Néron, et décoré d’antiquités romaines, avec des perspectives et des surprises à la mode dans les jardins de l’époque. Elle y invitait les artistes du monde musical, littéraire et artistique d'Europe dans les années 1840. C’est dans son jardin que fut érigée, en 1837, la première stèle à la mémoire de Pouchkine mort en duel le 29 janvier 1837. La princesse mourut en 1862 et le domaine passa, par l'intermédiaire de son fils Alexandre, à la fille adoptive de celui-ci, Nadeïde, laquelle avait épousé Vladimiro Campanari, d'une famille noble russo-italienne [3]. Ses successeurs semblent avoir profité de la spéculation immobilière effrénée qui a suivi la nomination de Rome comme capitale du nouveau royaume en 1870, pour vendre une partie de la propriété et, avec le produit de la vente, se construire sur le terrain restant, en 1890, une grande, fastueuse mais assez fade villa [4].

La villa Wolkonsky, après avoir été la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne, est devenue en 1947, le lieu de résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne.

De 1958 à 1960, le grand projet de l’ambassade britannique a été de restaurer l’aqueduc romain qui traverse une partie du parc, avec l’appui de la Direction des monuments historiques du Royaume-Uni. Il s’agissait de respecter l’idée qui semblait avoir inspiré le jardin de Zinaïda Volkonskaïa : l’aqueduc et les antiquités romaines du jardin étaient des éléments-clefs dans la composition d’un jardin romantique et non pas strictement des espaces muséaux de conservation. 

Le jardin a été totalement rénové en 2011 dans cet esprit [5].

Toutefois les fragments d’antiquités que Zinaïda Volkonskaïa avait placés dans le jardin s’étaient détériorés avec le temps. Une collection de plus de 350 objets de marbre romains antiques, des statues de marbre et des reliefs funéraires, ainsi que des frises sculptées représentant des courses de chars et le sacrifice rituel de taureaux, autrefois recouverts de boue et de mousse, ont été nettoyés, restaurés et placés dans un petit musée constitué de deux serres du XIXe siècle, et qui sont situées près de la porte d'entrée de la villa [6].


[1] Alessandra Tosi. « Zinaïda Aleksandrovna Volkonskaïa ». In Murielle Lucie-Clément. « Écrivains franco-russe ». 2008.

[2] « Une petite maisonnette, devant laquelle il a installé un beau jardin décoré d’un million de roses ». Olga Averina. « Roma in ogni stagione ».2017.

[3] Room for Diplomacy. « Villa Wolkonsky ». Catalogue of British embassy and consulate buildings. 1800 – 2010.

[4] John Shepherd. « The Villa Wolkonsky – What’s in a Name? ». In « Rivista 2014-2015 ».

[5] La villa est partiellement accessible au public, avec des visites guidées organisées à de nombreuses périodes de l'année. Pour informations et réservations voir « Associazione culturale EOS » ou « Tuscola ».

[6] The Telegraph. « Ancient Roman statues emerge from British ambassador's garden in Rome ». 10/12/2014.

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Monti et Esquilino Sud

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 988 537