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Notes d'Itinérances
10 septembre 2022

Chroniques tunisiennes 1975 / 2023 (51/69). Du tourisme à Djerba.

Un territoire aux fonctions réparties
 

 

 

 

« Djerba, l’oasis étalée sur les eaux comme un riche tapis flottant » [1].

 

Djerba est une île de forme quasi rectangulaire, de 25 km sur 20, au relief sans accident remarquable, le point le plus haut de l’île culminant bravement à 53 m. Elle est séparée du continent par une lagune et lui est reliée par un bac à l’Ouest et une longue chaussée au Sud. Par l’attrait de son climat, l’importance de ses plages, l’île a connu un fort développement touristique à partir des années 60. Les principales villes sont Houmt-Souk au Nord, la capitale historique avec son port et le fort qui le protégeait, et Ajim, au Sud-Ouest, un gros bourg agricole. 

 

Les hôtels se sont quasi exclusivement implantés sur une longue côte sablonneuse au Nord-est et à l’Est, l’aéroport étant installé à l’Ouest d’Houmt-Souk. Djerba c’est, en 2010, près d’un million et demi de touristes qui y séjournent, 10 millions de nuitées (7 nuits en moyenne par personne). Ils sont hébergés dans 134 hôtels, dont 18 centres de balnéothérapie, offrant près de 50 000 lits. Outre le plaisir de la plage, les touristes peuvent s’adonner aux sports nautiques, à la plongés sous-marine, aux sports équestres, au golf et, accessoirement, à la connaissance de l’île et des régions limitrophes. L’île génère le quart des recettes touristiques de la Tunisie. Elle accueille des Français (4 sur 10), des Allemands, des Belges et des Italiens, ces quatre nationalités représentant les ¾ des touristes. Les équipements touristiques annexes, banques, location d’automobiles, scooters ou vélos, magasins de souvenirs, restaurants, cafés, se sont développés à Houmt Souk et autour de la bourgade qui est située au centre des hébergements touristiques, Midoun. De Midoun rayonnent des voies de circulation au long desquelles s’installent timidement quelques équipements de service. A l’Ouest, les activités agricoles, de pêche ou artisanales sont restées élevées, autour de la ville d’Ajim. 

 

Dans cet ensemble un seul lieu est oublié, le centre de l’île, dont les activités restent agricoles, mais de moins en moins agricoles dans la mesure où la main d’œuvre est sollicitée dans les hôtels, avec des revenus certainement supérieurs à ceux qu’offre l’agriculture traditionnelle. Le centre de l’île est occupé par des plantations d’oliviers, on en compterait 500 000. Avec les palmiers dattiers, plutôt situés en périphérie, ils représentent les 2/3 de la production agricole de Djerba. Le centre est donc progressivement marginalisé et sert surtout de lieu de passage rapide pour ceux des touristes qui s’extraient de la plage pour aller visiter les villes du continent. 

 

Cette concentration touristique favorise évidemment les tentations de gagner facilement de l’argent auprès d’étrangers naïfs et supposés fortunés. Une méthode usée, mais efficace, consiste à se faire passer auprès de vous pour un membre du personnel de l’hôtel dans lequel vous êtes vous-même hébergé et à offrir ses services au client sympathique que vous êtes. « Je suis un serveur de votre hôtel. C’est mon jour de congé. Vous ne me reconnaissez pas ? ». La première fois, vous ne dîtes rien car vous êtes poli. Vous commencez toutefois à vous interroger quand la personne vous propose ses services pour acheter un tapis, des bijoux, ou vous indiquer où l’on mange le meilleur couscous de la ville, sans parler de ceux qui vous proposent des filles... Vous essayez de vous débarrasser de l’importun avec tact puisque vous êtes susceptible de revoir cette personne dans votre hôtel. Au second, vous répondez immédiatement « Non » dès la fin de son petit laïus. Au suivant, vous dîtes abruptement « Vous êtes le troisième ce matin », ce qui douche généralement l’arnaqueur qui se trouve dévoilé.

 

La concentration touristique réalisée à Djerba visait la réalisation de profits privés rapides plus qu’un développement durable au service des populations locales et de l’emploi. L’avenir du tourisme dans l’île passe certainement par une diversification de l’offre en revalorisant les investissements effectués, en étendant la gamme des types d’hébergement, de restauration et de services, en créant de nouvelles activités par la mise en valeur d’un patrimoine culturel particulièrement riche dans l’île et aux alentours de l’île. 

 

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