Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
24 septembre 2022

Castro Pretorio / Piazza della Repubblica (4/15). La piazza dei Cinquecento (la place des Cinq-cents).

Le mur Servien – Le « pôle modal » !

 

 

En 1551, sur la carte de Rome de Leonardo Buffalini, la zone s'appelait « altissimus Romae locus », en raison de la présence d'une statue assise de Rome que le cardinal Felice Peretti (le futur pape Sixte V) avait fait placer sur l'ancien remblai défensif de la muraille servienne. Lors des travaux de construction de l’embarcadère (1861-62), puis de la gare néoclassique, le remblai défensif a été progressivement nivelé et les restes de la muraille servienne, l’enceinte de la ville à l'époque républicaine, sont apparus puis mis en valeur avec la nouvelle esplanade des années 1930/50.

 

Les vestiges de la muraille servienne sont situés à gauche de la façade de la gare de Termini (photo). Ce tronçon de mur mesurant 94 mètres de long est composé de blocs quadrangulaires de tuf, sur une épaisseur de 4 mètres et une hauteur originale de 7 à 10 mètres. Assez bien conservé, c’est le vestige le plus important de la muraille parmi tous ceux que l’on peut rencontrer parfois dans Rome (via Carlo Alberto, via San Vito, largo Magnanapoli, via Salandra…).

 

Selon la tradition romaine, la muraille Servienne aurait été commencée au VIe siècle av. J-C pendant le règne du roi Tarquin l'Ancien, son successeur Servius Tullius continuant son édification et lui donnant son nom. De fait, la muraille a plus vraisemblablement été érigée après le sac de Rome par les Gaulois en 390 av. J-C. Elle était généralement constituée de blocs de tuf volcanique sur une hauteur de 7 mètres environ. Côté intérieur, la muraille supportait un remblai adossé au mur défensif, mais côté extérieur elle était doublée, sur certaines sections, d’un large fossé de 36 mètres de large et de 10 mètres de profondeur. En 211 av. J-C, quand Hannibal s'approcha de Rome au cours de la seconde guerre punique, il n’osa pas tenter un assaut faute de machines de siège susceptibles d’aider ses troupes à franchir la muraille Servienne. Par la suite, aux premiers temps de l’Empire, le mur Servien était devenu inutile compte-tenu de l’expansion de l’Empire et une partie de la fortification aurait été transformée en promenade dans le jardin de Mécène, ami d'Auguste [1]

 

La place fut agrandie avec la création de la nouvelle gare de Termini en 1930/50, sa façade reculant de deux blocs d’immeubles modifiant profondément les circulations. Un voyageur de la fin du XIXe siècle, comme le décrit Émile Zola, rejoignait le centre de Rome par la piazza della Repubblica puis la via Nazionale, alors qu’aujourd’hui il aura tendance à rejoindre Rome par la via Cavour. Cette extension de la place a permis d’y creuser la première station de métro en 1947. En surface, une partie de la place a été aménagée en jardin et une autre pour y installer une gare routière accueillant de nombreux terminus de lignes d’autobus. 

 

L’aménagement de ce très vaste espace (4 ha) laisse aujourd’hui à désirer ! D’une part la place se présente plutôt comme un lieu de rupture entre les différents quartiers et monuments qu’elle jouxte (muraille servienne, palazzo Massimo, thermes de Dioclétien, piazza della Repubblica…) et donne plus envie de la fuir que de s’y rendre. D’autre part, les circulations, à pied, en vélo et en bus, n’y sont pas des plus fluides alors que des centaines de milliers de personnes le fréquente chaque jour. C’est pourquoi la municipalité a lancé, en 2020, un concours pour réaménager cet espace public. Tous les thèmes d’actualité y ont été évoqués [2] : intégration de la gare dans le contexte urbain, réaménagement de l’espace public, pôle de mobilité intégré efficace, liaisons cyclables et piétons plus sûres, rationalisation des lignes de transport public, optimisation de l’espace, pôle d’échange intermodal, durabilité environnementale, espaces verts… Reste à passer à la réalisation !

 

Au feu rouge de la via Cavour, un homme, d’une cinquantaine d’années, fait la manche en jouant avec un ballon de foot. Petit, chauve, trapu, vêtu d’une veste en cuir, il jongle avec la tête puis, brutalement, il arrête le ballon sur son épaule, ou dans le cou, et le maintien ainsi en équilibre. Après avoir récupéré le ballon, il passe ensuite entre les automobiles pour demander une pièce. Je l’observe depuis une dizaine de minutes quand, tout à coup, après avoir consulté sa montre, il s’arrête net, met le ballon dans un sac qu’il sort de sa poche et s’en va. Il vient de sonner midi !

 


[1] Clément Chillet. « Limites de la ville et symboles du pouvoir à Rome. Les ambiguïtés des jardins de Mécène ». In « Histoire urbaine ». n°2. 2011.

[2] Massimiliano Tonelli. « Nuovo volto per Piazza dei Cinquecento di fronte alla stazione di Roma Termini ». In Artribune. 19/06/2021.

 

Liste des promenades dans Rome et  liste de la promenade Castro Pretorio / Piazza de la Repubblica

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 523