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Notes d'Itinérances
23 novembre 2022

Romaines ! (8/25). La Fornarina (1500 ? /1522 ?).

Rione Trevi / Galleria Nazionali d'Arte Antica Palais Barberini

 

 

La villa « La Farnesina », dans le Trastevere, est en forme de U. Côté jardin elle comporte une loggia, la galerie de Psyché, dont le plafond a été peint par Raphaël en 1518 / 1519. La voûte est couverte de tapisseries peintes en trompe-l’œil qui représentent le triomphe de Psyché dans l’Olympe, l’assemblée des Dieux et le mariage de Psyché et de Cupidon. Le tout orné de décors floraux qui prolongent dans la loggia les espèces florales du jardin. Il se raconte que, si Raphaël a dessiné la fresque, ce sont ses élèves qui l'ont peinte, Raffaellino del Colle, Giovan Francesco Penni, Giulio Romano et Giovanni da Udine… ce qui n’est pas rien quand même ! 

 

C’est que le maître est tombé amoureux d’une jeune fille du voisinage, Margarita Luti, dite la belle « Fornarina » (« la boulangère »), avec laquelle il préfère aller se promener au long du Tibre, ce qui ne fait pas avancer le travail ! Le pape Léon X Médicis (1513 / 1521) aurait alors suggéré de faire enlever la jeune fille pour permettre à l’artiste de se consacrer à son œuvre. Mais le résultat est pire encore, Raphaël déprime et ne peut plus peindre du tout ! Il faut se résoudre à lui rendre sa Margarita pour que le travail se poursuive !

 

Raffaello Sanzio da Urbino (1483 / 1520), dit Raphaël, est un peintre et architecte italien de la Haute Renaissance. Il est considéré comme l'un des plus grands artistes de la Renaissance avec Michel-Ange et Léonard de Vinci. A la mort de Raphaël, en 1520, on trouve dans son atelier un tableau, qu’il aurait peint vers 1519, qu’il gardait pour lui-même et avait muni de deux volets de bois pour le dissimuler aux regards. 

 

Le portrait représente une femme à la poitrine nue, le ventre est recouvert d’un tissu transparent et les jambes d’un tissu rouge. Le bras gauche porte un brassard avec une inscription en lettres dorées sur fond bleu « Raphaël Urbinas ». Les cheveux sont enserrés dans un turban à rayures vertes et bleues. Le tableau serait devenu la propriété de l’apprenti du peintre, Giulio Romano, qui l’aurait vendu après une petite restauration. Au XVIe siècle, l’œuvre aboutit à Santa Fiore, dans la collection de Caterina Sforza Nobili, puis elle intègre la collection des Boncompagni avant de rejoindre la Galerie Nationale d’Art antique exposée au Palais Barberini [1]. Depuis la fin du XVIIIe siècle, le tableau est désormais connu sous le titre de « La Fornarina », un surnom qui, dans le langage populaire, aurait signifié « courtisane ». 

 

En réalité, on sait peu de choses sur La Fornarina !

 

« Fornarina. Elle était une belle femme ; inutile d'en savoir plus long » [2].

 

Et on n’en sait effectivement pas plus long : elle est la fille de Francesco Luti, originaire de Sienne, et se prénomme Margarita. Les traits de son visage se retrouvent dans plusieurs œuvres du peintre. Quatre mois après la mort de Raphaël, elle se retire au couvent de Santa Apollonia où elle meurt en 1522 !

 

Au n°48 de la via del Governo vecchio (rione Parione), le palais Sassi-Fornari a été construit au XVe siècle. La propriété passe aux Fornari, le bâtiment est restauré au XIXe siècle et, dans le hall d'entrée, une plaque indique " RAPHAELI SANCTIO QUAE CLARUIT DILECTA HIC FERTUR INCOLUISSE » (« Ici vivait celle qui est devenue célèbre parce qu'elle était aimée de Raffaello Sanzio »). Mais Margarita habitait plus vraisemblablement le Trastevere ! Une petite résidence, au n°20 de la via di Santa Dorotea, à l'angle de via di Porta Settimiana, est également identifiée comme son ancienne maison. Selon la tradition, la fille d'un boulanger aurait travaillé dans la boutique du rez-de-chaussée où une colonne romaine, laissée visible dans la façade, montre les traces d'un portique antique.

 

Le tableau, devenu une référence dans l’histoire de la peinture, a donné lieu à de multiples déclinaisons artistiques, romans, poèmes, peintures, opéras et films [3]

 


[1] Galerie Borghèse. « La Fornarina - Raphaël ». Site internet.

[2] Gustave Flaubert. « Dictionnaire des idées reçues ». Conception 1847 ; parution 1913.

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