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Notes d'Itinérances
5 décembre 2022

Romaines ! (14/25). Paolina Borghese (1780 / 1825).

Rione Sallustiano / Via Piave

 

 

La villa Paolina a été construite en 1750 pour le cardinal Silvio Valenti Gonzaga, secrétaire d’État du pape Benoît XIV Lambertini (1740 / 1758) [1], vraisemblablement parce qu’elle est située non loin du palais papal du Quirinal et que le quartier est alors essentiellement composé de jardins et de vergers. Le cardinal transforme en jardins des vergers et fait élever, au centre, un pavillon dont la décoration et l’ameublement deviennent vite célèbres : la collection de papiers chinois, la table mécanique de la salle à manger et les plantes exotiques du jardin constituent autant de curiosités dans la Rome du XVIIIe siècle.

 

La villa est aujourd’hui connue sous le nom de « Paolina » pour les Italiens et de « Bonaparte » pour les Français, suite à son acquisition, en 1815, par Pauline Bonaparte, sœur de napoléon.

 

Pauline Bonaparte (née Paolina de Buonaparte) est la seconde fille de Charles-Marie Buonaparte et de Maria Letizia Ramolino, née en 1780 dans la maison familiale d’Ajaccio. En 1793, elle fuit avec sa famille sur le continent quand la Corse tombe aux mains des Indépendantistes corses et des Anglais, alors que les Bonaparte soutiennent la Révolution. En 1797, Napoléon lui fait épouser Charles Victoire Emmanuel Leclerc, l'un des généraux de la jeune République de son entourage. Elle accompagne son époux à Saint-Domingue où il est chargé de lutter contre la rébellion haïtienne menée par Toussaint Louverture. En Haïti, Leclerc meurt de la fièvre jaune en 1802. En 1803, Napoléon et son frère Joseph arrange un second mariage de Pauline avec le prince romain Camille Borghese, ce qui lui vaut le titre de Princesse Romaine.

 

Le prince Camillo Borghese (1775 / 1832) commande, en 1804, une statue de sa femme au sculpteur Antonio Canova (1757 / 1822) pour célébrer sa beauté. Celui-ci l’immortalise en Vénus victorieuse, la pomme de Pâris à la main. Sur la statue du marbre le plus blanc, Pauline est demi-allongée sur un divan, s'appuyant sur l'un de ses coudes et est simplement vêtue d'un drap recouvrant ses jambes. On raconte que Pauline aurait posée nue pour le sculpteur, ce qui fit alors scandale ! Terminée en 1808, après avoir été exposée au Palais Borghese à Rome, la statue fut transportée dans la résidence turinoise de Camillo Borghese, le palais Chiablese, et ne revint qu’ensuite au Palais Borghese. En 1938, elle est installée dans le cadre de la prestigieuse collection de la Villa Borghese où on peut aujourd’hui l’admirer.

 

Après la chute de l’Empire, une partie de la famille Bonaparte, Letizia (« Madame mère »), le cardinal Fesch (oncle de Napoléon) et certains des frères de Napoléon, s’installent à Rome sous la protection du pape Pie VII Chiaramonti (1800 / 1823), pas rancunier pour deux sous vis-à-vis des Bonaparte malgré la mise en œuvre en France du Concordat, l’annexion des États-Pontificaux par l’Empire, son enlèvement à Rome et sa captivité à Fontainebleau ! Pauline, après avoir suivi l’empereur déchu à l’Île d’Elbe de 1814 à 1815, rejoint Rome en 1815, où elle acquiert la villa du cardinal Silvio Valenti Gonzaga et où elle vivra par intermittence jusqu’à sa mort. 

 

Elle entreprend d’importants travaux dans la villa inscrivant ainsi le style Empire dans l’architecture romaine du XVIIIe siècle. Pauline souhaitait appeler sa nouvelle propriété « Villa Bonaparte », mais sa mère, Letizia, le lui aurait déconseillé car elle pensait que la villa était trop modeste pour la famille de l’empereur Napoléon ! Dès lors, la villa sera dénommée « Villa Paolina », nom qu’elle conserve pour les Italiens !

 

Pauline meurt à Florence, en 1825, des suites d'un cancer du foie. Elle fut d'abord inhumée dans la basilique Santa Croce de Florence, puis dans la chapelle Borghesiana de la basilique Santa Maria Maggiore. À la mort de Pauline, décédée sans enfants, la villa passe à ses neveux et leurs descendants jusqu’en 1906 date à laquelle elle est vendue au gouvernement prussien qui y installe sa légation près le Saint-Siège en 1908. Entre 1920 et 1944, la villa accueille l’ambassade d’Allemagne. En 1945, les biens du Reich sont confisqués par les Alliés et la France fait l’acquisition de la villa pour y installer sa représentation « près le Saint-Siège » en 1950.

 


[1] Voir le site de l’ambassade de France près le Saint-Siège.

 

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