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Notes d'Itinérances
21 mars 2023

Rome, étrange et curieuse (12/45). Rione Ponte V (2) - Les murs qui racontent - Via delle Maschera d’Oro, 8 et 9.

Les façades décorées de la Rome renaissance

 

 

En 1526 / 1527, le propriétaire du palais au n°8 de la via delle Maschera d’Oro, Giovanni Antonio Milesi, avait fait peindre la façade en « grisaille », avec des scènes mythologiques, par Polidoro da Caravaggio (1499 / 1543) et Maturino da Firenze (1490 / 1527). Ces deux amis s’étaient fait une réputation à Rome en décorant une quarantaine de façades de palais (palais Ricci, Casino del Buffalo…). Dans ses « Vite », Vasari a célébré Polidoro comme le plus grand décorateur de façades de son temps, notant qu« il n'y a pas d'appartement, de palais, de jardin ou de villa à Rome qui ne contienne une œuvre de Polidoro » [1]. La restauration de la façade, en 2006, a pu être faite à partir des estampes et dessins préparatoires à la décoration de la façade qui avaient été conservés. Au-dessus du portail (photo) se trouve une bande où est reproduite l'histoire de Niobé [2], en grisaille monochrome. Au premier étage, entre les fenêtres, il y a des peintures de divers personnages historiques, dont Caton d’Utique [3], tandis qu'au-dessus il y a une autre frise avec des vases, des trophées, des scènes de la mythologie, de l'histoire grecque et romaine, comme le rapt des Sabine et les Lois de Numa Pompilius [4]. D'autres personnages étaient dessinés plus haut, ainsi que dans la cour.

 

Le palais voisin au n°9, du XVe siècle, a été acquis par la famille Lancellotti. Sa façade est décorée non pas de fresques mais de sgraffites monochromes, réalisées par Jacopo Ripanda entre la fin du XVe siècle et 1506. La technique du sgraffite consiste à recouvrir les façades d’un enduit noir puis d’une seconde couche d'enduit à la chaux sur la précédente encore humide. Le tracé en creux, à l'aide de fers pointus, permet d’enlever la couche supérieure et de faire apparaître l’enduit sombre. La décoration de la façade comporte des frises aux différents étages, avec des représentations d'érotes [5] et des éléments végétaux au premier étage, des figures féminines avec des corbeilles de fruits et des cornes d'abondance au deuxième, des figures maritimes fantastiques au troisième et des dragons au quatrième ; entre les fenêtres sont représentés des épisodes de la vie à Rome. 

 

Au n°22 de la Via dei Banchi Vecchi (rione Ponte), la façade de la maison dite « casa dei Pupazi » (Maison des marionnettes) est un exemple rare de façade ornée de stucs. Le premier étage est décoré de trophées, de boucliers et d’armures, surmontés de masques grotesques et de têtes de lion. Le bas du second étage comprend des armoiries de souverains pontifes (Jules II della Rovere, Paul III Farnèse et Urbain III Crivelli ?). Le deuxième étage est orné de putti et de décorations florales et, sur les corniches des frontons des fenêtres, de paires de satyres. Au troisième étage, deux bas-reliefs représentent deux épisodes du pontificat de Paul III Farnèse (1534 / 1549) : Charles Quint baisant le pied du pape, et Paul III réconciliant Charles Quint avec François Ier à Nice.

 

Piazza Sant’Eustachio (rione San Eustachio), la façade du palazzetto Tizio de Spoleto, du XVIe siècle, est couverte de fresques de Taddeo Zuccari (1529 / 1566) illustrant la vie de saint Eustache. Autrefois le bâtiment était complètement décoré de fresques, une seule façade a été sauvée. Sur la placette située à l’arrière du palais Massimo alle Colonne (piazza dei Massimi - Rione Parione), la façade arrière est décorée de fresques en grisailles, peintes en 1523 par des élèves de Daniele da Volterra. Piazza de Ricci (rione Regola), le Palazzo Ricci, du XVe siècle, est orné de fresques, réalisées par Polidoro da Caravaggio (1495 / 1543), un élève de Raphaël, avant le sac de Rome en 1527. Les dessins encore visibles de la façade ont récemment été restaurés et représentent des épisodes de l'histoire de la Rome antique. Au n°4 du Vicolo del Campanile (rione Borgo), Giulio Romano aurait décoré la façade en sgraffites vers 1520 : fausses silhouettes sculptées, scènes de la mythologie, l’emblème des Médicis, lions ailés et des vases avec des fruits.

 


[1] Stéphane Renard. « Polidoro da Caravaggio ». Site internet. Les « Vite », un ouvrage du peintre et architecte Giorgio Vasari, paru en 1550, première histoire de l’art analysée à travers la biographie des plus illustres artistes.

[2] Niobé, fille de Tantale, avait eu six filles et six garçons. Elle se vanta de sa fécondité auprès de Léto, qui n'avait que deux enfants, Apollon et Artémis. Pour la punir de son orgueil, Apollon tua ses fils et Artémis ses filles.

[3] Caton d’Utique a préféré se donner la mort dans la ville d’Utique (Tunisie), en 46 av. J-C, plutôt que d’accepter l’accession au pouvoir de César et d’assister à la fin de la République romaine.

[4] Numa Pompilius, second des sept rois mythiques de Rome. Selon la tradition, c'est lui qui aurait donné à Rome son calendrier, ses sacerdoces, ses cultes et ses rites.

[5] Dans la mythologie grecque, les Érotes (Amours ou Cupidons) sont les compagnons de la déesse Aphrodite.

 

Liste des promenades dans Rome  et liste des promenades dans Rome étrange et curieuse

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