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Notes d'Itinérances
23 janvier 2015

Entre Toscane du Sud et Ombrie (15/22). Guet-apens au lac Trasimène.

Une victoire d'Hannibal - Des capacités formidables d'assassiner ses semblables

 

 

Pour se rendre à Cortone, on longe le lac Trasimène, un des plus grands lacs d’Italie. Il fut le témoin d’une sanglante bataille de la seconde guerre punique, en 217 av JC.

 

Hannibal, après avoir franchi les Alpes avec armes, bagages et éléphants, se dirige vers le Sud de l’Italie pour attaquer Rome. Le consul Flaminius prend alors la décision de le poursuivre, mais Hannibal s’en aperçoit et décide de tendre une embuscade sur les bords du lac.

 

Il faut dire que, sur la rive Nord, la plaine bordant le lac est étroite entre Borghetto et Passignano et est surplombée de collines. A l'entrée de la vallée, Hannibal place la cavalerie carthaginoise pour empêcher toute retraite à l'ennemi, sur les hauteurs sont disposés le contingent gaulois et l'infanterie légère carthaginoise, enfin, à l'Est, au débouché du défilé, les contingents alliés (Ibères et Numides).

 

Ce matin-là, le brouillard est épais et dissimule parfaitement le haut des collines où se sont cachés les Carthaginois.

 

Les Romains s’engagent dans le défilé, avec leurs chariots de ravitaillement. Attaqués sur le flan, incapables de se mettre en ordre de bataille, les troupes ne pensent plus qu’à fuir. Après seulement trois heures de combat c’est le désastre du côté romain : 15 000 soldats périrent massacrés ou noyés dans le lac et autant sont prisonniers. 6 000 soldats situés à la tête de la colonne réussissent à percer et à s’échapper du piège mais, rattrapés par les cavaliers numides dans la nuit, ils seront pour la plupart capturés.

 

« Ainsi le ruisseau s’appelle encore le Sanguineto, le Campo Romano est l’enceinte fortifiée que Flaminius quitta imprudemment pour occuper le terrain choisi par Annibal, à Ossaia, enfin, est l’ossuaire où l’on recueille encore les restes des fugitifs immolés par les Carthaginois. Vingt et un siècles disparaissent tout à coup sur ce sol engraissé du sang de dix mille Romains et l’on éprouve une sorte de cauchemar historique sur le lieu de cette scène qui devait faire passer le sceptre de Rome dans les mains de Carthage si Annibal avait su profiter de sa victoire » [1].

 

En effet si, avec la victoire du lac Trasimène, la route de Rome est ouverte aux Carthaginois, Hannibal n’en profite pas n’ayant pas les machines de siège nécessaires pour un siège de la ville.

 

La cruauté et la bestialité humaines sont impressionnantes. En trois heures seulement, massacrer 15 000 hommes relève de l’abattage organisé. Il fallut une nuit entière, 800 bombardiers et 2 500 tonnes de bombes pour assassiner de 25 à 35 000 personnes à Dresde, le 13 février 1945. Il est vrai, qu’en sus, la ville fut réduite en cendres. On reste horrifié par les capacités de l’homme à détruire et faire souffrir ses semblables et pourtant, dans un cas comme dans l’autre, on fit mieux !

 

Hannibal devait infliger une plus lourde défaite encore aux armées romaines, l’année suivante, à Cannes, en Apulie, avec 50 000 morts et 10 000 prisonniers. Le bombardement d’Hiroshima, le 6 août 1945, fit plus de 100 000 morts en quelques minutes.

 

« Y’a pas à dire, pour un progrès, c’est un progrès » [2].

 


[1] Norvins, Charles Nodier, Alexandre Dumas. « Italie pittoresque, tableau historique et descriptif de l'Italie, du Piémont, de la Sardaigne, de la Sicile, de Malte et de la Corse ». 1836.

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