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Notes d'Itinérances
18 mai 2014

Cuba, oriente (14/34). De Baracoa à Holguín par Moa et Mayari.

Le nickel, richesse cubaine - Une catastrophe écologique

 

 

Par Moa et Mayari, la route permet de rejoindre Holguín. Pas trop vite entre Baracoa et Moa tant elle est en mauvais état. Heureusement, la circulation est des plus fluides et permet de slalomer de gauche et de droite entre les trous.

 

« De Alto Cedro voy para Marcané
Llego a Cueto voy para Mayarí » [1]

 

Avant Moa, la route traverse les mines à ciel ouvert de nickel et de cobalt. Dire que le paysage est dévasté, c’est donner une appréciation faible de la réalité visible. Plus grave, des boues de traitement se répandent dans les bas fonds alors que les usines crachent abondamment des fumées douteuses.

 

Cette appréciation intuitive est corroborée par des études d’impact, réalisées par télédétection. Celles-ci montreraient que 576 hectares de terres ont été utilisés pour les activités minières de Moa Nickel SA depuis 1985, mais il ne semble pas que la société ait effectué des reboisements sur les parties de la mine qu’elle n’exploite plus. La pollution par des déchets extrêmement agressifs toucherait la rivière « Las Cabañas » sur près d’une dizaine de kilomètres et le panache de pollution de celle-ci affecterait une surface de 1 139 hectares des eaux littorales (2003). Quelques 275 hectares de végétation côtière auraient été détruits suite aux dépôts de résidus miniers effectués en bordure de la ligne côtière et au moins 8 kilomètres de côtes ont été gravement touchés par la pollution (2003) [2]. Les mines de Moa sont une ancienne propriété d’une compagnie américaine « Freeport », nationalisée par la suite par le gouvernement cubain. On ne va pas la plaindre, il semble qu’elle se soit largement payée avant sa nationalisation !

 

« Mais dans notre pays la terre n'était pas la seule chose dans les mains des monopoles américains. Les principales mines ont également été dans les mains des monopoles. Par exemple, Cuba produit de grandes des quantités de nickel, et tout le nickel a été contrôlé par des intérêts américains. Sous la dictature de Batista, une société américaine appelée Moa Bay avait obtenu une telle concession juteuse que dans à peine cinq ans - croyez-moi, en à peine cinq ans - il était demandé pour amortir un investissement de 120 millions de dollars. Un million de 120 $ d'investissement amorti en cinq ans !. Ainsi, le gouvernement révolutionnaire a adopté une loi sur les mines qui ont obligé ces monopoles de payer un impôt de 25 pour cent sur les exportations de minéraux » [3].

 

Les ressources en nickel de Cuba seraient parmi les plus importantes du monde, représentant environ 37 pour cent des réserves prouvées. Après avoir été exploitées avec des technologies soviétiques, une Joint-venture a été créée en 1964, la Moa Joint-Venture, une association entre Sherritt, une société canadienne, et Général Nickel Company, une société cubaine. Le nickel latéritique et le minerai de cobalt sont transformés sur place en sulfures mixtes contenant du nickel et du cobalt. Ces sulfures mixtes sont expédiés vers la côte Est du Canada, où ils sont ensuite transportés par train de Sherritt à Fort Saskatchewan où est effectué le raffinage du nickel et du cobalt. Actuellement, la Moa Joint-Venture produit environ 37 000 tonnes de métaux par an, 33 599 tonnes de nickel et 3 721 de cobalt (2009).

 

Afin d’assurer des rentrées de devises pour l’Etat, il semblerait que le gouvernement cubain ait accordé des facilités d’exploitation en matière de normes environnementales pour le fonctionnement de Moa Nickel SA…

 


[1] Francisco Repilado. « Du Haut Cedro, je vais à Marcané, j'arrive à Cueto, je vais à Mayarí ». In « Chan chan ».

[2] Eudel Cepero. « The dirty side of moa nickel - a critical view from space ». 

[3] Discours de Fidel Castro à l'ONU. 26/09/1960.

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