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Notes d'Itinérances
11 août 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (29/37). L’histoire tragique de Sitâ et heureuse de Pamina.

Râmâyana et Flûte enchantée - Correspondances avec l'opéra de Mozart et Schikaneder

 

 

La bataille entre les armées de Râma et de Râvana est terrible. Les demi-dieux s’affrontent en une série de joutes successives en utilisant tout un arsenal d’armes magiques. Le duel entre Râma et Râvana, montés sur leurs chars, dure une semaine entière, jour et nuit. Finalement, c’est la flèche envoyée par Brahmâ lui-même qui aura raison de Râvana.

 

Sitâ est libérée, mais Râma se détourne d’elle, il la répudie parce qu’elle a séjourné dans la maison d’un autre ! Elle demande alors à être soumise à l’épreuve du feu : marcher sur un lit de braises ardentes. Sitâ sort triomphante de l’épreuve et Râma reconnaît son erreur. Ils retournent ensemble à Ayodhyâ où Râma monte sur le trône acclamé par le peuple.

 

Ils auraient pu vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants si Râma, écoutant les murmures du peuple, n’avait répudié une seconde fois son épouse alors que celle-ci attendait un enfant. La belle Sîta se réfugie alors dans un ermitage, au fond de la forêt, où elle fût recueillie par un vieil ermite du nom de Vâlmîki, et mit au monde les jumeaux Kusa et Lava.

 

Pendant les douze années qui suivirent, Sîta et ses fils vécurent avec Vâlmiki. L'ermite apprit aux jumeaux un poème, baptisé « Râmâyana », racontant l'épopée de Râma. Lors d'une fête à Ayodyâ, Kusa et Lava déclamèrent le poème devant Râma qui les reconnut comme ses fils. Rappelant alors Sîta auprès de lui, celle-ci décida de donner au monde une preuve de sa fidélité. Si elle avait été fidèle, la terre devrait l'engloutir… Dans un grand bruit, le sol s'ouvrit et engloutit la belle Sîta. Râma régna sur Ayody pendant un millier d'années, jusqu’au jour où il comprit qu'il était temps pour lui de rejoindre Vishnu qui l'avait créé comme son septième avatar.

 

Il est curieux de constater des similitudes non négligeables entre le poème du Râmâyana et le livret d’Emmanuel Schikaneder pour « La flûte enchantée » (1791).

 

Dans un cas comme dans l’autre, les deux jeunes amants sont séparés brutalement du fait de l’enlèvement de la jeune femme qui est gardée prisonnière par des démons, les Râksasa d’une part, les esclaves de Monostatos d’autre part. Les maîtres de ces hordes de démons sont à chaque fois follement épris de l’héroïne, Râvana de Sitâ, Monostatos de Pamina. Un envoyé du jeune prince arrive à pénétrer dans le lieu où sont séquestrées les jeunes femmes, Papageno l’oiseleur au nom du prince Tamino, Hanuman le roi des singes au nom du prince Râma. Chacun s’efforce de consoler la prisonnière et l’assure qu’elle sera bientôt délivrée…

 

Par-delà les péripéties de l’histoire, dans les deux cas, il s’agit de récits initiatiques au cours desquels un jeune homme doit subir une série d’épreuves qui lui permettent d’apprendre les règles sociales et morales et d’entrer dans le monde des adultes.

 

Bien sûr, dans les deux récits, c’est le bien qui finit par l’emporter sur les puissances de la nuit. Mais la princesse Pamina de la Flûte enchantée connaît une fin plus agréable – elle se marie avec son prince - que celle de l’infortunée Sitâ répudiée deux fois par Râma et élevant seule ses enfants dans un ermitage de forêt. Sans compter qu’elle est finalement engloutie par la terre pour preuve de sa fidélité !

 

Pour élaborer la trame de son histoire, Schikaneder se serait inspiré de plusieurs contes de fées de l’écrivain Christoph Martin Wieland (1733 / 1813), l’un des principaux représentants des Lumières en Allemagne, surnommé le « Voltaire de l’Allemagne ». Il aurait transformé le personnage de Sarastro de méchant sorcier en sage au noble caractère [1].

 


[1] Gustave Kobbe. « Tout l’opéra ». 1991.

 

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