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Notes d'Itinérances
18 novembre 2019

Campo Marzio - Entre Corso et Tibre (11/20). Ce que révèlent les dessous de Sant'Ambrogio e Carlo al Corso.

Sant'Ambrogio e Carlo al Corso - Une crypte d'église transformée en boite de nuit ! - La pratique religieuse en Italie

 

 

 « En avançant dans le Cours, on trouve à droite la grande église de Saint-Charles qui n’est remarquable que par sa masse et sa coupole à double calotte » [1].

 

De l’Ara Pacis on atteint l’église Sant'Ambrogio e Carlo al Corso par une ruelle qui longe l’édifice au Sud. Sant'Ambrogio e Carlo al Corso est l'église nationale des Lombards. Commencée en 1612, la façade est lourde et sans grâce, l’intérieur très chargé. La nouveauté du projet était le choix d’un grand déambulatoire derrière l'autel, délibérément inspiré par l'architecture de la cathédrale de Milan. 

 

Seul élément remarquable, le dôme (1668) construit sur les plans de Pierre de Cortone. C’est une coupole élégante, ovoïde, dont le très haut tambour, agrémenté de hautes fenêtres rectangulaires encadrées de colonnes de travertin, repose sur une console circulaire de travertin décorée d’oculi ovales.

 

Au Sud de l’église s’ouvre une ruelle : le vicolo del Grottino. Au n°3B vous trouverez la porte d’une nouvelle boite de nuit, le GP2 pour « Centro Giovanile Giovani-Paolo II » !

 

La crypte de l’église est devenue en 2010 un lieu de rencontre, suite à l’initiative du père Maurizio Mirilli, chef de la pastorale des jeunes dans l'Église catholique de Rome, dédié aux jeunes romains comme aux jeunes étrangers. « Au cœur d'une ville déjà riche en lieux de divertissement offres et culturel, manquait un espace où les jeunes chrétiens pourraient exprimer leur créativité et leurs talents ». Le Cercle GP2 est un espace multimédia où peuvent avoir lieu des expositions d'arts, de peintures, de photographies, des séances de cinéma, mais où l’on peut aussi écouter de la musique. C’est un café ouvert tous les jours de 19h00 à minuit où l’on peut boire une bière, un verre de vin et danser.

 

Que l’église catholique utilise ses locaux pour s’ouvrir au monde d’aujourd’hui et notamment aux jeunes m’apparait être une initiative sympathique, bien qu’à mon avis assez désespérée. Seulement 15% des jeunes italiens de 18 et 29 ans se déclarent catholiques pratiquants alors que 30 % des Italiens tous âges confondus affirment assister à la messe tous les dimanches (60% dans les années 50), 20 % disent y aller une à trois fois par mois et 30 % déclarent s'y rendre à Noël, à Pâques et aux grandes fêtes (en France les gens qui affirment aller à la messe tous les dimanches représentent moins de 5 % de la population). Le public du GP2 est certainement plus jeune et plus gai que celui qui hante les travées de l’étage au-dessus.

 

Malgré un effritement de la pratique religieuse, l’église catholique italienne présente encore de beaux restes grâce notamment au concordat signé entre l’État italien et le Vatican [2]. Certes l’accord de 1984 a supprimé le salaire versé par l’État à tous les prêtres catholiques mais, en contrepartie, chaque contribuable italien doit payer 0,8% de ses impôts sur le revenu pour une communauté religieuse de son choix. Il n’est pas possible d’y échapper, même en se déclarant athée ; si le contribuable ne choisit pas de bénéficiaire, son montant est divisé en proportion de ceux qui l’ont fait. Plus de 50% de la population n’a pas fait de choix et, in fine, 98% des 0,8% prélevés est destiné à l’église catholique.

 

Mais il n’y a pas que des questions d’argent qui donnent à l’église italienne de beaux restes. La séparation de l’Église et de l’État, marquée dans la constitution de 1948 (« article 7 : L'État et l'Église catholique sont, chacun dans son propre ordre, indépendants et souverains »), s’exprime assez différemment en Italie en comparaison de la vision française. Avec une contribution spécifique pour les communautés religieuses perçue par l’État comme on l’a vu, mais aussi par une délégation de certains services publics comme ceux de l’État civil par exemple. Le mariage peut n’être célébré qu’à l’église, auquel cas c’est le prêtre qui enregistre l’acte et transmet l’original au service concerné de la municipalité !

 


[1] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[2] Daniele Menozzi. « Les métamorphoses du religieux dans l'Italie républicaine ». In « Vingtième Siècle. Revue d'histoire ». 2008.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Campo Marzio entre Corso et Tibre

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