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Notes d'Itinérances
31 mai 2020

Celio - Entre parcs et églises romanes (2/11). Il Colosseo - Le Colisée.

L’amphithéâtre Flavien – Des légions romaines indésirables

 

 

Son vrai nom est amphithéâtre Flavien [1] ! Construit en huit années, de 72 à 80, sous l’impulsion de Vespasien, il porte le nom de la dynastie qui en assuré la construction, les Flavien. Il se serait vu attrribué le nom de « Colosseo » (Colosse) parce que l’empereur Hadrien avait fait transporter à ses côtés, tirés par vingt quatre éléphants, la statue de Néron précédemment située dans l’atrium de la Domus aurea (la Maison dorée). C’était une statue colossale, en bronze, de 35 mètres de haut [2], soit les deux tiers de la hauteur du Colisée (50 m) ou celle d’un immeuble de douze étages ! La statue avait été remodelée en Hélios, dieu du soleil, suite à la damnatio memoriæ prononcée par le Sénat contre Néron, et elle aurait survécu jusque vers l’an mille. Bien évidemment Néron n’a jamais assisté à des martyrs de Chrétiens dans le Colisée puisque l’amphithéâtre a été construit après son suicide (en 68), et sur les ruines mêmes du jardin du palais qu’il s’était fait construire. La décision de construire un monument d’usage public, un amphithéâtre, en lieu et place du palais impérail de Néron était évidemment un geste symbolique de « restitution au peuple » d’un espace qui avait été annexé par Néron pour son usage personnel.

 

Les arcs du premier et du deuxième étage abritaient chacun une statue haute de cinq mètres. Le Colisée pouvait être couvert d’un velarium, une vaste toile de lin tendue au-dessus des gradins pour protéger les spectateurs du soleil et dont la mise en place était assurée par les marins de la flotte romaine cantonnés à proximité au « Castra Peregrinorum ». Les différentes classes sociales étaient soigneusement séparées et chacun des 60 000 spectateurs gagnait sa place sans jamais croiser les autres catégories de public révélant la stricte séparation sociale qui existait dans la Rome antique.

 

Le Colisée a été utilisé pour des combats d'animaux sauvages, des combats de gladiateurs, mais aussi des exécutions de condamnés à mort, des reconstitutions de batailles célèbres et des drames basés sur la mythologie romaine.Les fêtes d’inauguration de l’amphithéâtre durèrent cent jours pendant lesquels on aurait tué pas moins de 5 000 animaux dans des chasses ou des combats : des oiseaux, des grues, quatre éléphants, des lions, des léopards, un tigre, des lièvres, des cochons, des taureaux, des ours, un sanglier, un rhinocéros, un buffle et un bison d’Europe… Dans cette liste étrange, il ne manque que les gladiateurs et les ratons-laveurs ! 

 

Le Colisée est resté en service pendant près de 500 ans, les derniers jeux se prolongeant jusqu'au VIe siècle. Avec l’interdiction des duels de gladiateurs en 435, puis celle des combats de fauves en 523, mais aussi parce que la population de Rome s’était effondrée [3], il devenait de plus en plus difficile d’y organiser des manifestations drainant suffisamment de public ! Au moyen-âge, le Colisée devint un lieu d’habitation, un village avec son église, son marché, son cimetière, mais aussi une forteresse. Avec la fin des guerres entre grandes familles romaines, il servit de carrière de pierres pour la construction de palais, d’églises et de basiliques. Il fallut faire référence aux martyrs chrétiens soi-disant tombés dans son arène pour arrêter le pillage. En 1749, Benoît XIV Lambertini (1740 / 1758) a estimé que le Colisée était un lieu sacré car les premiers chrétiens y auraient été martyrisés, ce qui n’a jamais été prouvé. Il interdit l'utilisation du Colisée comme carrière et consacra l'édifice à la Passion du Christ en plantant une croix au milieu de l’arène. 

 

Hitler lors de sa visite à Rome, en 1938, jugea « qu’il faudrait le reconstruire et l’utiliser, mais qu’aujourd’hui, hélas, il fallait tenir compte des finances publiques » [4] ! Une remarque aussi absurde qu’étrange de la part d’un dictateur qui ruinera l’Allemagne et l’Europe.

 


[1] Pour éviter la file d'attente prendre préalablement son billet en ligne ou aux billetteries de l’entrée du forum ou de l’entrée du Palatin.

[2] La statue de la Liberté, à Now-York, mesure 46m hors socle.

[3] Au début du VIe siècle, la population de Rome n’aurait été que de 200 000 habitants, quand elle en comptait six à sept fois plus sous Auguste.

[4] Ranuccio Bianchi Bandinelli. « Quelques jours avec Hitler et Mussolini ». 1995.

Enrico Caria. « Ranuccio Bianchi Bandinelli, l'uomo che non cambiò la Storia ». 2016.

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