Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
14 septembre 2021

Algérie au coeur (29/42). Mohammadia, ex-Perrégaux.

La ville des oranges – Des quartiers de « petits blancs »

 

 

Mohammadia, l’ancienne Perrégaux de la colonisation, autrefois située dans une plaine broussailleuse, couverte de tamariniers, plutôt insalubre, est aujourd’hui entourée de vastes orangeraies irriguées. La clémentine y aurait été introduite par un arboriculteur perrégaulois qui la cultiva d’abord dans les années 30 à Misserghin, la région où elle a été créée par le père Clément par hybridation entre un oranger et un mandarinier. 

 

Enfant, au début des années 50, mon épouse a habité à Perrégaux. Le déplacement à Perrégaux est donc également une recherche des souvenirs de son enfance. 

 

Notre premier objectif est de retrouver la gare de chemin de fer où travaillait son père. Mais, problème, il existe deux gares distinctes à Mohammadia, celle de la ligne Alger / Oran et celle qui relie le port d’Arzew à Colomb-Béchar. Le gouvernement impérial avait jugé, en 1863, que l’Algérie constituait le prolongement naturel de la ligne Paris / Marseille, en conséquence la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) avait reçu la concession de la ligne Alger / Oran qui fut ouverte en 1871. D’autres compagnies de chemins de fer obtinrent ensuite des concessions, notamment la compagnie Franco-Algérienne pour la ligne Arzew / Colomb-Béchar, à voie étroite, ouverte en 1879 [1]. Deux compagnies différentes, deux écartements différents, c’est ce qui explique les deux gares !

 

Nous en sommes quittes pour aller aux deux endroits et prendre une photo de chacune. Les deux gares, tout comme celle d’El Affroun, sont d’ailleurs typiques de l’architecture ferroviaire française de la fin du XIXe siècle : un corps central de deux étages et deux ailes d’un étage dans le prolongement, de chaque côté. Les toits sont à deux pentes, couverts de tuiles mécaniques. 

 

Second objectif, l’école maternelle Victor Hugo. C’est un bâtiment d’architecture 1930, aux vastes ouvertures, et dans lequel dominent les lignes horizontales. Une entrée majestueuse protégée par un auvent horizontal massif et surmontée d’un beffroi rectangulaire qui introduit un mouvement vertical. Bien sûr, en façade du beffroi, est plaquée l’inévitable horloge chargée de rappeler l’heure aux populations locales. Bien que ce soient les vacances et, en plus, l’heure sacro-sainte de la sieste, nous osons sonner et expliquons au concierge notre demande de visite. Le concierge et ses enfants se font un plaisir de nous faire visiter un établissement désormais un peu ancien mais très bien entretenu. Dans la cour d’école, un grand jardin comprend des balançoires, des jeux et un préau aux colonnes peintes en rouge jusqu’à un mètre du sol. 

 

Troisième objectif : la maison « Pissambon » où mon épouse habitait enfant. C’est un petit immeuble de deux étages à usage locatif pour des familles modestes, vraisemblablement construit aux alentours de 1900, et dont on peut faire l’hypothèse qu’il devait porter le nom de son propriétaire. Il était composé de petits appartements, une cuisine, une salle de séjour et une chambre, sans cabinets de toilettes et avec des WC collectifs sur le palier à chaque étage. Selon la chronique familiale, la hantise des locataires c’était les cafards que ma future belle-mère s’efforçait de chasser à coup de nettoyages à l’eau de javel. 

 

Cette visite me confirme deux éléments. Le premier c’est que Français et Algériens vivaient séparément, chacun dans ses quartiers, même si dans le travail, aux chemins de fer, les deux populations pouvaient se côtoyer. Le second, c’est que si les quartiers européens étaient plus récents et avec des éléments de conforts dont ne bénéficiait pas la population algérienne (électricité, eau courante et tout-à-l’égout), il n’en existait pas moins des « petits blancs » dont les conditions de vie étaient similaires à celles des ouvriers de la métropole. Il me fallut en effet assez longtemps pour comprendre, comme beaucoup de Français de la métropole, que les Français d’Algérie n’étaient pas tous des colons qui « faisaient suer le burnous » !

 


[1] Une nouvelle ligne ferroviaire Oran / Béchar, à voie normale, a été ouverte en 2010 (2017).

 

Liste des articles sur Algérie au coeur

Télécharger le document intégral

Commentaires
A
Ma grand-mère a du enseigner à votre épouse au CP!<br /> <br /> mon père et ses frères habitaient l'école
Répondre
P
Bonjour à tous Je prépare un voyage direction Mohammedia au mois de mars je voulais savoir ce qu'il y a à visiter là-bas et s'il y a des hôtels pour y séjourner 4 à 5 jours merci de vos réponses
Répondre
Visiteurs
Depuis la création 989 616