Trastevere et Lungaretta (18/19). La Piazza di San Cosimato.

Naumachie, couvent, hospice puis hôpital

Jusqu'à la fin du XIXe siècle la place était située aux limites de la ville et elle ouvrait sur la campagne avec vignes et potagers. À partir des années 1880, le quartier de San Cosimato va être loti et la place, tout en conservant sa forme triangulaire caractéristique et ses grandes dimensions, verra se construire des bâtiments élevés de cinq à six étages. La place reste très fréquentée, d’un côté elle est bordée d’un marché, ouvert le matin, et de l’autre d’un jardin décoré de platanes. Elle est entourée de trattorias, de bars et de petits commerces. C’est un village dans la ville.

Sous l’antiquité, le site était occupé par le vaste bassin d’une arène afin d’y reconstituer des batailles navales (naumachie) ; il aurait été abandonné à la fin du Ier siècle. L'église de San Cosimato a été construite entre 936 et 949 comme monastère bénédictin dédié aux saints Côme et Damien, monastère qui possédait de grandes propriétés foncières dans le Trastevere. En 1069, une nouvelle église était construite sur les ordres du pape Alexandre II (1061 / 1073). Le monastère tomba en décrépitude au XIIIe siècle ainsi que les autres couvents bénédictins de la ville et le complexe fut repris par les Clarisses en 1234. Le pape Sixte IV Della Rovere (1471 / 1484), qui avait une sœur dans la communauté, fit reconstruire l'église et le monastère en 1475. Une restauration a été faite en 1871. Après 1891, les bâtiments ont été nationalisés et le couvent fut transformé en hospice. Celui-ci a été refondé un hôpital en 1970 sous le nom de Nuovo Regina Margherita. Nouvelle réorientation et nouvelle appellation en 2008, comme Hospice Santa Francesca Romana in Trastevere et service de soins palliatifs pour les malades en phase terminale (photo).

La façade en briques de l'église est très simple. L'intérieur, avec une seule nef rectangulaire, a un beau plafond en bois et conserve quelques œuvres d'art dont, à gauche du maître-autel, un fragment de fresques originales d’une Vierge à l'Enfant entre S. Francesco et S. Chiara, une œuvre du XVe siècle d'Antonio del Massaro, dit « Il Pastura », élève de Pinturicchio. L'église possède un petit clocher roman. Aujourd'hui, le seul signe de la présence de l'ancien monastère sur la place San Cosimato est le gracieux porche d'entrée du XIIe siècle soutenu par deux colonnes, une cannelée et une lisse, avec un chapiteau composite et une élévation postérieure, mais toujours médiévale, qui permettait autrefois l'accès au complexe monastique, alors qu'aujourd'hui on y accède depuis le portail adjacent situé au numéro 76 de la Via Roma Libera. En entrant dans l'hôpital, il serait possible de visiter les deux cloîtres du monastère. Le premier, construit vers 1240, est l'un des plus grands de la Rome médiévale, avec 40 mètres de côté. Autrefois, le cloître avait deux étages, mais les galeries du second étage ont été murées lors d’aménagement à la Renaissance afin de créer plus de logements pour les religieuses. Le côté nord a été transformé en une petite galerie lapidaire avec des fragments d'inscriptions, des sarcophages, des chapiteaux, des bases de colonnes et des épigraphes. Le second cloître, plus petit et plus haut que le premier, a été construit vers 1475.

En 2012, un groupe d’étudiants décide d’occuper « L’America », un légendaire cinéma des années 1950 du Trastevere, piazza San Cosimato, avec ses austères briques rouges, ses néons, son auvent et ses 700 fauteuils à l'ancienne. Ils veulent le sauver d’une démolition liée à une opération immobilière. Soutenus par des artistes renommés, le tribunal administratif juge que « L’America » est « un bien d’intérêt culturel pour l’État » et qu’il ne saurait être question de le démolir. Les travaux de restauration se poursuivent pour l’inauguration d’une nouvelle salle fin septembre 2021 [1], le Cinéma Troisi, qui comprendra une salle d'étude avec 40 postes de travail, un cinéma de trois cent places pouvant accueillir tout type d'événement, un foyer-bar et un local pour l'association Piccolo America, dont l'objectif est d'être un opérateur culturel de la ville et d'observatoire pour la protection des espaces culturels. Entre-temps, une cinquantaine de personnes, décident de faire des projections cinématographiques publiques sur la piazza San Cosimato. Avec l’appui financier du ministère de la culture, de la région du Latium et d’organismes privés, un festival d’été en plein air y naît en 2014.

Au n°14a de la Via San Cosimato, le glacier Otaleg a la réputation d’être l’un des meilleurs de Rome qui n’en manque pourtant pas.

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[1] Nina Malleret. « Un nouveau cinéma à Trastevere pour septembre prochain ». Lepetitjournal.com. 17/06/2021.

Cinema Troisi, Via Girolamo Induno, 1 - Trastevere.

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