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Notes d'Itinérances
19 novembre 2023

Le baroque au nord du Portugal (6/7). Le baroque tardif.

De fabuleuses richesses brésiliennes

  

 

Après la guerre de restauration de l’Indépendance contre les Habsbourg d’Espagne (1640 / 1668), puis la crise de succession entre Afonso VI (1643 / 1683) et son frère Pedro II (1648 / 1706), le Portugal participe au développement du baroque international. I a commencé progressivement, en changeant le modèle maniériste, en essayant d’animer et moderniser les nouveaux bâtiments, en utilisant le plan centrée et une certaine décoration. 

 

A la fin du XVIIe siècle, des gemmes et des diamants furent trouvés dans le Minas Gerais au Brésil. L'exploitation minière était sévèrement contrôlée par la couronne portugaise qui imposait de lourdes taxes sur tout ce qui était extrait (un cinquième de tout l'or revenait à la couronne). Ces fabuleuses recettes vont assurer la prospérité au Portugal, en faire le pays le plus riche d'Europe au cours du XVIIIe siècle, et entraîner un vaste programme de construction d’églises et de châteaux. 

 

Le roi João (Jean) V qui régna entre 1706 et 1750 voulu rivaliser tant avec Louis XIV qu’avec la Rome papale en voulant édifier un second Vatican sur les rives du Tage [1] et en s'engageant dans un grand nombre de projets architecturaux dispendieux. Sous le règne de Jean V, le baroque a connu un temps de splendeur et de richesse complètement nouveau au Portugal. La sculpture sur bois dorée a pris des caractéristiques nationales en raison de la signification et de la richesse des décorations. La peinture, la sculpture, les arts décoratifs et le carrelage ont également connu un grand développement (palais-monastère de Mafra de 1740, bibliothèque royale de Coimbra de 1728, deux œuvres de Johann Friedrich Ludwig [2], chapelle de Luigi Vanvitelli et Nicola Salvi à l’église São Roque de Lisbonne en 1747). 

 

Vers 1725, se développe dans le nord du Portugal une école d’architecture indépendante de celle de la cour créant de nombreux bâtiments baroques. Avec une plus grande densité de population et de meilleures ressources économiques et relations commerciales internationales, le nord, en particulier les régions de Porto et Braga, a connu un renouveau architectural qui se concrétise dans ses nombreuses églises, couvents et palais construits par l’aristocratie. La ville de Porto, classée patrimoine de l’humanité par l’UNESCO [3], est la ville où travailla l'architecte italien, originaire de Sienne, Niccoló Nasoni. Il dessinera l’église et la tour des Clérigos, la loggia de la cathédrale de Porto, l’église de la Misericórdia 1740), le palais de São João Novo (1747), le palais de Freixo (1742), le palais épiscopal. Son chef d’œuvre est l'église, la maison de la Confrérie et le campanile de São Pedro dos Clérigos, d’une architecture très allongée, terminée à l’ouest par un double escalier à volées croisées et, à l’est, par un très haut clocher, la Torre dos Clérigos (tour des Clercs, 76m, 1754 / 1763) et comprenant une église de forme ovoïde oblongue couverte d’un dôme. 

 

Un second centre d’architecture baroque qui s’est développé au nord du Portugal est situé à Braga, avec un style baroque différent, plus riche et plus exubérant, voire Rococo, rappelant celui de l’Autriche ou de la Bavière. Le sanctuaire de Bom Jesus do Monte (1784 / 1811), près de Braga, construit par l'architecte Carlos Luis Ferreira Amarante, est l'exemple type d'un site de pèlerinage aménagé en parcours baroque avec un escalier monumental de 116 mètres. L’escalier est un chemin de croix en 14 stations, avec de petites chapelles et des bassins. L’église elle-même souligne déjà, par son architecture sobre et régulière la transition, vers le néoclassicisme.

 

Ces monuments baroques ont également influencé l’architecture et la décoration intérieure de la fin du XIXe et du début du XXe. les traces en sont encore d’autant plus visibles que la léthargie dans laquelle a été placé le Portugal sous le règne de Salazar semble avoir limité la spéculation foncière en centre-ville et son cortège de destructions sous prétexte de modernisation. C’est ainsi qu’à Porto, on peut admirer la librairie « Lelo y Irmão » aux rayonnages de bois sculpté, étrange mélange de style baroque et de style « nouille », ou le « Majestic Café » ou encore les azulejos de la gare de São Bento mêlant scènes pastorales, ferroviaires et épisodes de la prise de Ceuta de 1415.

 


[1] Sous la direction de Rolf Toman. « L’art baroque ». 2005.

[2] António Filipe Pimentel. « Triomphe du baroque – Les grandes entreprises du roi D. João V » . Sd.

[3] UNESCO. « Liste du patrimoine mondial de l’Humanité – Porto ». 1995.

 

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