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Notes d'Itinérances
30 décembre 2013

URSS 1988 (13/28). Ne pas confondre « perestroïka » et « glasnost » !

De graves problèmes économiques et sociaux - Une exigence de restructuration - Mais aussi de transparence

 

 

La nécessité d’un changement profond du fonctionnement du système socialiste apparaît indispensable. Ce que nous voyons correspond assez bien à ce que laissent supposer les données statistiques et les analyses économiques. L’U.R.S.S a certes connu, à partir des années 50, des rythmes de développement économique extrêmement rapides, un accroissement de la production industrielle de 10% par an et elle a dépassé les Etats-Unis pour la production de pétrole, de gaz, d’acier, d’engrais, de ciment, de tissu, de tracteurs mais, elle est encore loin derrière pour la production d’énergie électrique, de charbon, les fibres synthétiques, les automobiles, les frigidaires, les téléviseurs, la viande.

 

D’autres données sont très inquiétantes : le taux de mortalité infantile reste très élevé, 3 fois plus qu’en France, le PNB par habitant représente 40% de celui de la France, la population rurale est encore estimée à plus de 30% de la population totale. Certains éléments sont encore plus inquiétants pour l’avenir : le taux de renouvellement des investissements n’est que de 2% par an, la part du travail manuel dans la production matérielle est encore de 60% et 13 à 20% des postes de travail sont en surnombre abaissant d’autant une productivité du travail qui apparait déjà faible.

 

Les Soviétiques ne semblent donc pas avoir d’autre issue que la Perestroïka pour faire face à la baisse tendancielle du taux de croissance, baisse encore accélérée depuis la fin des années 70. Il faut développer l’autonomie, l’autofinancement, l’autogestion. La perestroïka n’est pas une politique en soi, mais une exigence pour la survie économique et sociale du système socialiste.

 

La bataille pour la Perestroïka s’accompagne d’une seconde bataille, celle de la « Glasnost », la transparence. La glasnost se concrétise par des tentatives de « parler franc », de chasser la langue de bois, l’autosatisfaction systématique, les bilans triomphalistes. Mais il va y avoir du travail pour chasser les phrases ronflantes et creuses du type :

 

« La politique du parti communiste de l’U.R.S.S vise à favoriser le rapprochement de la classe ouvrière avec la paysannerie kolkhozienne et les intellectuels, à amener l’effacement progressif des différences essentielles entre la ville et la campagne, entre le travail intellectuel et le travail physique. Il s’agit de l’un des principaux secteurs de l’édification de la société communiste sans classes »[1].

 

C’est tellement plus commode de réciter les affirmations péremptoires de son missel communiste !

 

Autre signe récent d’une certaine transparence, le roman d’Anatoli Rybakov, « Les enfants de l’Arbat », sur la répression stalinienne, vient d’être édité. Mais les habitudes de faire des déclarations triomphalistes et de garder le secret restent fortes : la catastrophe de Tchernobyl du 26 avril 1987 en est un remarquable et malheureux exemple. En janvier 88, de retour d’un voyage en Ukraine, sur la foi des renseignements donnés sur place, le directeur de l’agence internationale de l’énergie déclarait à Vienne que le chiffre officiel des victimes de Tchernobyl s’établissait à vingt huit et qu’il n’y avait plus de personnes hospitalisées !

 

A notre petit niveau de touriste, les choses changent néanmoins. Si le voyage est organisé, les visites prévues et soigneusement programmées, nous pouvons nous échapper pour faire les promenades de notre choix en prévenant le guide bien sûr, par politesse, pour éviter qu’elle ne nous attende. Nous réussissons même à changer le programme ! Changer la visite du musée Lénine de Leningrad en visite de la forteresse « Pierre et Paul » serait apparu, il y a peu, comme un crime de lèse-majesté. Je vous dis que l’Union Soviétique change ! La preuve... Bon, il est vrai, que cela ne porte pas vraiment à conséquence et que cela ne sera certainement pas suffisant pour assurer le développement du système socialiste !

 


[1] Igor Adabachev. « La vie demain - tragédie ou harmonie ? ». 1973.

 

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