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Notes d'Itinérances
12 janvier 2014

URSS 1988 (26/28). Faut-il avoir peur du grand-méchant-loup soviétique ?

Un loup qui paraît bien bonasse

 

 

Au cours de leurs promenades, nos amis ont fait la connaissance d’un couple de moscovites avec lesquels ils ont échangé quelques paroles en français. Lorsqu’ils se sont quittés, ceux-ci les ont invités à passer une soirée avec eux pour discuter et ils nous ont donné rendez-vous devant notre hôtel.

 

Aussi, ce soir, les attendons-nous avec impatience, curieux de partager une soirée avec des soviétiques, d’apprendre à connaître, de vive voix, leurs conditions de travail, de logement et de vie, mais aussi leurs opinions sur les changements en cours.

 

Mais l’heure passe. Rien, personne.

 

Ont-ils bien compris quel était le lieu et l’heure de rendez-vous ? Ou est-ce encore jugé trop dangereux de rencontrer des Occidentaux en privé ? Mystère.

 

La peur du grand-méchant-loup que représenteraient les services de sécurité, l’armée, la police ou la douane, bref tout ce qui porte un uniforme soviétique, touche également les touristes Occidentaux en voyage en URSS. On nous a tellement rebattu les oreilles sur l’absence de liberté, les contrôles, la répression et le goulag que nous ne savons plus démêler le vrai du faux, et faisons de la surenchère.

 

Aussi le passage de la frontière, au retour, nous pose-t-il collectivement deux problèmes : celui des roubles acquis au marché noir et celui des achats de souvenirs effectués sous le manteau, notamment les boites de caviar.

 

Concernant notre déclaration de sortie de devises, malgré nos achats illégaux de roubles, nous avons tous effectués quelques opérations officielles de change. Comme, à l’arrivée, nous n’avions pas déclaré toutes nos devises en francs, ce qui nous reste en devises correspond grosso modo à ce que nous devrions avoir « en théorie ».

 

Pour les boites de caviar achetées au marché noir, nous n’avons pas évidemment de factures à présenter. Chacun a longuement étudié l’endroit où il pourrait les dissimuler. Dans la valise ? La solution est risquée si elle est ouverte et fouillée. Dans le bagage à main ? Oui, mais il est passé aux rayons et les boîtes sont alors très facilement détectées. Finalement, pour ma part, j’imagine de les placer dans le bagage à main, d’une manière telle qu’elles seront vues de profil par le détecteur de métaux et non par-dessus ! Cette ruse de sioux devrait en empêcher l’identification par le douanier.

 

Mais toutes ces ruses, plus puériles les unes que les autres, ne servent évidemment strictement à rien ! Le douanier ne fouille pas les bagages, il n’opère aucun contrôle des feuilles de sortie de devises, ne les compare pas aux chiffres des entrées de devises et se contente de ramasser les formulaires avant de les ranger. Quant au policier qui est chargé du contrôle des bagages à main, il regarde défiler les boites de caviar sur l’écran de son détecteur de métaux d’un œil parfaitement atone. Il ne s’amuse même pas de notre naïveté à vouloir dissimuler de manière si candide quelques produits achetés illégalement.

 

Bref, nous n’aurons eu affaire qu’une fois avec le grand-méchant-loup soviétique. A Leningrad, un brave policier chargé de la circulation qui était outré que nous traversions la chaussée en dehors des clous. A son air nous avions compris qu’il considérait que ce n’était pas bien du tout et qu’il avait manifestement envie de tirer les oreilles à ces « horrribles garrnements vilains », à défaut de leur donner le knout.

 

Finalement, l’Union soviétique n’est plus ce qu’elle était !

 

Ce sont les douaniers français qui, à l’arrivée, à Dôle, nous contrôlent avec le plus de sévérité. Ah, quand même ! Il faut bien que nous ayons l’impression de revenir d’un pays révolutionnaire, dangereux et subversif. Ce ne doit pas être tous les jours qu’ils ont affaire à l’arrivée d’un vol international, et de Moscou en plus ! Mais quand même, que croient-ils que nous ramenons dans nos bagages, des manuels de guérilla ? Des cocktails Molotov et des kalachnikovs ? Ils peuvent être déçus : seulement des matriochkas, des boites peintes, des corsages brodés, quelques balalaïkas, de la vodka et des boites de caviar !

 

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