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Notes d'Itinérances
2 janvier 2014

URSS 1988 (16/28). Le Kremlin, centre du monde socialiste.

La capitale du « grand frère » - Le mémorial au soldat inconnu de la « Grande guerre nationale » 

 

 

« Sous ses yeux, baignée par les rayons lunaires, s’arrondissait une enceinte fortifiée, dans laquelle s’élevait deux cathédrales, trois palais et un arsenal. Autour de cette enceinte se dessinaient trois villes, Kitaï-Gorod, Beloï-Gorod, Zemlianoï-Gorod, immenses quartiers européens, tartares ou chinois, que dominaient les tours, les clochers, les minarets, les coupoles des trois cents églises, aux dômes verts, surmontés de croix d’argent.

 Une petite rivière, au cours sinueux, réverbérait çà et là les rayons de la lune. Tout cet ensemble formait une curieuse mosaïque de maisons diversement colorées qui s’enchâssait dans un vaste cadre de dix lieues.

Cette rivière, c’était la Moskowa, cette ville, c’était Moscou, cette enceinte fortifiée, c’était le Kremlin... »[1].

 

Moscou est la capitale du « grand frère » des pays socialistes, à la fois d’un point de vue politique en fixant la ligne générale, d’un point de vue militaire du fait de la présence des troupes soviétiques sur leurs territoires et leur adhésion au Pacte de Varsovie, d’un point de vue économique enfin avec l’intégration de leur système productif au sein du marché commun des pays socialistes, le COMECON. L’URSS reste une référence pour les autres partis communistes ou les mouvements de libération nationale dans la mesure où il s’agit du premier Etat socialiste, que ses résultats économiques, sociaux et culturels restent des exemples dans la lutte contre le système capitaliste. Enfin, avec la perestroïka, l’URSS s’efforce de démontrer qu’elle peut réformer les aspects les plus négatifs de sa politique tant intérieure qu’extérieure, qu’elle peut développer le socialisme vers plus d’autogestion et de liberté.

 

Nous revenons donc au Kremlin, en troupeau de touristes et de jour ! La Cité Interdite est maintenant largement ouverte et chacun vient s’y promener, notamment des bandes de très jeunes soldats en goguette, crânes rasés dissimulés en partie par la chapka, et engoncés dans un magnifique manteau long. Ils se photographient, en groupes, devant le « Tsar des canons », un énorme canon de 1586, plus terrifiant par sa taille et son calibre - près d’un mètre ! - que réellement dangereux, car il n’était pas construit pour envoyer des boulets mais de la mitraille de pierre. De plus, il n’a jamais servi ! Ici, les pioupious sont encore obligés de porter l’uniforme en ville alors que leurs bandes rigolardes ont disparu de nos cités. Mais que sont nos bidasses devenus ?

 

Devant le mur Nord du Kremlin, non loin de la tour de l’arsenal (tour « Srednaïa Arsenalnaïa »), les Soviétiques ont érigé un mémorial très simple au soldat inconnu de la « Grande guerre nationale », terme utilisé ici pour désigner la « Seconde guerre mondiale » !

 

Le mémorial est composé d’une pierre tombale de porphyre rouge au centre de laquelle brûle une flamme au milieu d’une étoile à cinq branches. La dépouille enterrée ici est celle d’un soldat anonyme, mort au 41e kilomètre de la route de Leningrad, point le plus proche de l’avancée vers Moscou des armées nazies. L’ensemble serait très simple et dépouillé si les idéologues n’avaient décidé de rallonger la sauce à la mode héroïque, on parle de « Flamme éternelle », « d’exploit immortel », d’urnes contenant de la terre des « Villes-Héros ».

 

Nous sommes surpris de constater que les jeunes mariés, accompagnés de leurs invités, viennent y déposer un bouquet de fleurs. Les mariées portent une grande robe blanche avec voile et les mariés en costume et nœud papillon tiennent chacun un petit bouquet de fleurs, des œillets, blancs, roses ou rouges. Ils se recueillent un moment devant le mémorial et déposent leurs bouquets sur les dalles de marbre rose qui composent le socle du monument. Les bouquets sont bien alignés, les uns derrière les autres. A peine un couple de jeunes mariés est-il parti, qu’arrive une nouvelle noce qui vient, à son tour, rendre hommage au soldat inconnu.

 

L’attention est touchante, et plus attendrissante que notre salmigondis héroïco-nationaliste de nos cérémonies empesées de dépôt de gerbes aux monuments aux morts.

 


[1] Jules Verne. « Michel Strogoff ». 1876.

 

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